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Haiti – Insécurité : saurait-on désormais qui détient la télécommande criminogène des gangs?

today2025-08-07

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Les trois ténors de Montana, après avoir consenti, en dehors de l’Accord du 3 avril, à se partager la présidence du CPT, portent une responsabilité égale dans l’enlisement de la crise, dont l’issue demeure incertaine. Le 7 février 2026, date-butoir, appartient au peuple, systématiquement tenu à l’écart de vos conciliabules.

Ce jeudi, Haïti s’apprête à vivre non pas une transition politique, mais une représentation dramaturgique aux allures de cérémonie cathartique où l’illusion rivalise avec le cynisme. Ce ne sera ni un tournant historique, ni un basculement épistémologique du pouvoir, mais l’activation solennelle d’un mécanisme déjà rouillé, dont les rouages idéologiques se nourrissent de bilans fictifs, de prophéties technocratiques et de narratifs lénifiants. La liturgie républicaine sera célébrée à coups de chiffres ronflants et de slogans incantatoires, comme si la rhétorique suffisait à éradiquer l’agonie d’un peuple devenu, à force d’être dupé, un spectateur hébété de son propre naufrage.

Les oracles de la nouvelle transition promettront, dans une cadence quasi liturgique, la fin imminente de l’insécurité. Ils fixeront l’échéance à septembre – un mois arbitraire, comme l’est souvent le calendrier politique haïtien, indexé non sur la logique institutionnelle, mais sur les impératifs occultes des parrains de l’impunité. Cette promesse, soudaine et suspecte, trahit un aveu implicite : on saurait désormais qui détient la télécommande criminogène des gangs, qui active ou désactive le chaos à dessein. Une géopolitique du crime, domestique et transnationale, se dessine : il y aurait les gangs-figurants, ceux que l’on exhibe, les trophées sanglants de l’opération sécuritaire ; puis, en arrière-scène, les gangs à cravate, ceux qui ont financé, armé, légitimé — et qui, à leur convenance, pourraient maintenant exiger le cessez-le-feu.

Mais où étaient donc ces nouveaux thaumaturges de la pacification durant les quatre dernières années d’hécatombe ? Quelle est cette thaumaturgie expéditive qui permettrait, en trois mois, d’éteindre ce qui a consumé Haïti depuis si longtemps ? La nation se souvient : plus de 1500 personnes massacrées, un chiffre authentifié par les Nations Unies, un nombre qui ne dit pas seulement la violence, mais l’insoutenable régularité d’une hémorragie humaine.

Et voilà qu’on invoque Laurent Saint-Cyr — figure énigmatique d’un dispositif de gouvernance introuvable — comme possible instrument d’un revirement prodigieux. Mais doit-on croire au miracle ? Ou s’agit-il plutôt d’une opération de mise en scène, où les vrais décideurs, tapis dans l’épaisseur opaque des connivences d’État, claqueront discrètement le doigt, signifiant que le carnage a rempli sa fonction stratégique : affaiblir les masses, disqualifier toute alternative populaire, et rendre désirable toute forme d’ordre, fût-il dictatorial ou gran manjè.

Ce jeudi, il ne s’agira donc pas de refondation, ni même de réparation, mais de recyclage de l’inacceptable, d’une forme de mimétisme démocratique sans substance ni vision. L’État, s’il subsiste encore en Haïti, n’est que la version institutionnelle d’une imposture généralisée : seul le système de corruption est doté d’une stabilité pérenne, d’une ingénierie robuste, d’une efficacité éprouvée. Tout le reste — justice, éducation, emplois, santé, sécurité — relève de la fiction administrative ou du folklore républicain.

Ce qui s’annonce n’est pas une sortie de crise. C’est l’approfondissement d’un mensonge à plusieurs étages, dont le sommet est occupé par ceux-là mêmes qui ont patronné la descente aux enfers. Mais l’histoire a sa mémoire : les commanditaires devront être nommés, jugés, condamnés, non seulement pour leurs crimes directs, mais pour avoir transformé une nation entière en champ d’expérimentation d’une politique du chaos contrôlé.

Une transition peut-elle naître de la compromission ? Une présidence peut-elle émerger de l’inavouable ? À quelles conditions l’impunité peut-elle être inversée en justice ? Autant de questions que l’histoire haïtienne pose avec une acuité que le théâtre politique de ce jeudi ne parviendra guère à éluder

cba

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