Haïti face à l’opportunité diplomatique du XXIᵉ siècle dans les Amériques

Après la Deuxième Guerre mondiale, le monde s’est retrouvé divisé en deux blocs idéologiques : le communisme et le capitalisme. Cette période, connue sous le nom de guerre froide, fut marquée par une rivalité intense — quoique indirecte — entre les États-Unis et l’Union soviétique. Plusieurs pays ont su tirer avantage de cette polarisation pour consolider leur souveraineté politique et économique, en jouant habilement sur les contradictions géopolitiques de l’époque.

En Haïti, François Duvalier utilisa cette dynamique pour prolonger son règne et renforcer sa dictature. Pour les États-Unis, lorsque leurs intérêts stratégiques sont en jeu, la nature du régime importe peu : seule la préservation de leur sphère d’influence compte. Tandis que d’autres pays de la région ont profité de la guerre froide pour avancer leurs intérêts nationaux, Haïti, prisonnier des ambitions personnelles, de l’égoïsme politique et de l’absence de vision collective, n’a pas su saisir cette opportunité.

Un monde multipolaire : un nouveau tournant historique

Quelques décennies plus tard, le monde a basculé dans une configuration multipolaire.

La Russie, la Chine, l’Inde, l’Iran, l’émergence du BRICS et d’autres acteurs internationaux ont profondément modifié l’ordre mondial. Face à cette recomposition, les États-Unis — puissance en repositionnement — tentent de conserver leur statut de leader global.

Chacun des grands pôles cherche désormais à élargir sa zone d’influence :

• La Chine étend son pouvoir en Asie, en Afrique, et tente même de pénétrer les Amériques grâce à ses investissements massifs.

• La Russie ambitionne de reconstituer son aire de puissance.

• Les États-Unis, quant à eux, cherchent à bloquer l’expansion chinoise et russe dans l’hémisphère occidental, souvent sous le prétexte de la lutte contre le narcotrafic.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre les tensions entre Donald Trump et Nicolás Maduro, ainsi que la volonté américaine de réaffirmer son influence dans la Caraïbe.

Haïti dans un moment géopolitique crucial… mais absent

Aujourd’hui encore, les États-Unis redéfinissent leur politique étrangère envers les Amériques et la Caraïbe. Haïti aurait dû profiter de ce moment unique pour obtenir des avantages stratégiques, économiques et sécuritaires en jouant intelligemment sur les rivalités entre grandes puissances.

Pourtant, une fois de plus, le pays a raté cette occasion et se retrouve perdant sur la scène internationale.

• Sur le plan sécuritaire : les États-Unis n’ont entrepris aucune action décisive contre l’insécurité en Haïti, se limitant à un discours communicationnel sans résultats concrets.

• Sur le plan économique : aucune coopération structurante, aucun investissement significatif.

• Sur le plan sportif : même après la qualification historique d’Haïti à la Coupe du monde, Washington a refusé d’accorder des visas aux supporteurs haïtiens, illustrant un manque total de considération diplomatique.

Haïti, dirigée par des responsables politiques incapables de négocier fermement au nom de la nation, continue d’accumuler des défaites sur le plan géopolitique.

Conclusion : une nation qui subit au lieu d’agir

Dans un monde en pleine recomposition, où les grandes puissances se disputent les zones d’influence, Haïti aurait pu tirer profit de la rivalité États-Unis–Chine–Russie pour se repositionner.

Au lieu de cela, en raison d’un leadership fragile, divisé et dépourvu de vision stratégique, le pays demeure absent là où il devrait être proactif.

Haïti ne manque pas d’opportunités : elle manque de dirigeants capables de les saisir.

Alceus Dilson, Communicologue, Juriste.

Alceusdominique @gmail.com

The post Haïti face à l’opportunité diplomatique du XXIᵉ siècle dans les Amériques first appeared on Rezo Nòdwès.