(BONNE?) FÊTE DES MÈRES 2025
Henri Piquion
25 mai 2025
Encore une Fête des Mères loin du pays, loin de la rue 2 où plusieurs générations de nos mères sont enterrées et attendent la nouvelle que le pays pour lequel elles ont marroné de e1510 à 1791, pour lequel elles se sont battues de 1791 à 1803 pour le faire advenir; le pays qui les a fait rêver de 1803 à 1806 et de 1806 à 1820; le pays qui leur a volé l’avenir et l’espoir de 1806 à 1820 et de 1820 à 1915; le pays dont les élites se sont mises à genoux entre 1915 et 1946 devant des étrangers racistes animés de haine et d’ambitions de grandeur et dont ils ont accepté les deniers de la trahison en 1937; le pays souriant, jeune, dynamique, prospère et respecté de 1946 à 1956; le pays macoutisé, livré de 1957 à 1986 à une dictature fascisante inédite à cette date; le pays qui a rêvé redevenir un pays après 1986 mais dont certains bâtards au verbe tonitruant cachaient sous des discours populistes entre 1986 et 1991 la déchéance future qui nous fait regretter les moments les plus douloureux de notre histoire passée; le pays lebrunisé, affamé, chimérisé, trahi par ses dirigeants, gangstérisé, gangrené, en arriération continue, en attente et même en quête d’occupation depuis 1991; ….
Aujourd’hui plusieurs générations de nos mères attendent à la rue 2 et dans d’autres lieux de sépulture la nouvelle que leur pays est redevenu souverain, indépendant et digne de leurs efforts de citoyennes et de leurs sacrifices de mères, mais d’abord que la partie du non-pays actuel dont elles sont originaires a repris le chemin de grandeur, d’éducation, d’indépendance et de prospérité dont le reste du pays l’avait privé en 1820 à la mort du Roi Christophe qui n’aurait jamais accepté d’appauvrir le pays en se courbant le 17 avril 1825 devant les exigences de Charles X roi de France dont il n’était pas un fils bâtard.
Pour le repos éternel de nos mères qui attendent depuis 1806, mais aussi pour avoir les moyens de venir en aide au reste du pays comme ça a été le cas de 1791 à 1803 quand le nord de St-Domingue a porté (presque) seul le poids de la guerre de l’indépendance; comme ça a été le cas quand de 1915 à 1934 le nord du pays a porté (presque) seul le poids -tortures, assassinats, vexations- de l’occupation; comme ça a été le cas quand en octobre 1937 le nord a été presque seul à subir la haine raciale des Dominicains; comme ça a été le cas chaque fois que le pays avait besoins de la solidarité de ses enfants comme lors des cyclones périodiques et jusqu’en 2010 quand le Cap et tout le département du Nord ont accueilli fraternellement et soigné es réfugiés du tremblement de terre. Le Nord (le Grand Nord) a besoin d’être délesté du poids d’Haïti pour se développer et aider le reste du pays à se libérer de ses misères chroniques dont il est inutile d’établir la liste.
Nous voulons dire Bonne Fête des Mères à nos mères d’aujourd’hui, à celles qui les ont précédées dans l’éternité et aux mamans de demain. Assurons-nous avant de le faire que le pays d’où nous parlons, qui doit être le cadre physique et social de notre amour pour elles, existe autrement que dans notre imagination et nos souvenirs, mais dans nos projets, c’est-à-dire dans nos combats quotidiens quelque forme qu’ils prennent.
J’ai déjà proposé des textes de réflexions sur la nécessité historique (histoire faite, histoire à faire) de faire, pour aller dans le sens de l’histoire, de l’actuelle République d’Haïti une fédération de deux entités étatiques associés par des intérêts communs, liées par une histoire commune car soumises en même temps aux projets impérialistes des pays colonisateurs qui se font appeler ‘communauté internationale’ et des arrivistes caricomiens, soumises aussi à l’ambition haineuse, raciste, revancharde, rétrograde et irréaliste de coloniser Haïti sous le prétexte d’unifier l’île. Le Nord (le Grand Nord) doit se délester du poids d’Haïti pour se donner les moyens d’aider le Grand Sud de demain à se dépouiller lui aussi de ses misères chroniques. Ensemble les deux composantes de la République Fédérale d’Haïti avanceront chacune vers chacune vers sa pleine autonomie et le pays vers sa souveraineté totale. Il ne s’agit pas de partitionner le pays, mais de nous libérer de l’illusion que la nation haïtienne est une réalité et de nous regrouper dans des ensembles qui ont déjà séparément bien fonctionné. Alors qu’on parle du Royaume du Nord de Christophe comme d’un état progressiste, comme d’une société d’avenir, on se réfère à la République d’Haïti de Pétion-Boyer comme du pays qui a permis à des colonies d’Amérique latine d’accéder au statut de pays indépendants.
Il est temps de passer de la réflexion individuelle à l’organisation collective. J’invite donc tous les Haïtiens, du Grand Nord comme du Grand Sud, qui vivent à l’intérieur comme dans la diaspora, à se concerter pour mettre sur pied des organisations prêtes à tout et même au-delà de tout avec comme objectif de ne jamais s’arrêter de génération en génération jusqu’à la libération complète du pays des gangs et de leurs patrons.
Alors nous pourrons chaque année à la Fête des Mères et chaque jour de l’année dire des Mères à nos mères vivantes et décédées, les assurer de notre amour pour elles et promettre aux futures mamans qu’elles pourront désormais célébrer dans la dignité.
BONNE FÊTE MAMANS!!!
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