Grève des enseignants, avant-projet constitutionnel, recrutement de mercenaires.., la CUTRASEPH blâme le pouvoir

_La Centrale unitaire des travailleurs du secteur public et privé d’Haiti (CUTRASEPH) appelle à la mobilisation générale contre les responsables du Ministère de l’éducation nationale et la formation professionnelle (MENFP) qui s’apprêtent à organiser des examens d’État en dépit de la grève prolongée des enseignants entamée depuis le début du mois de janvier 2025.

Plus de cinq mois après la grève observée par des enseignants du secteur public, aucune suite n’a été accordée par le gouvernement de transition pour satisfaire les grévistes, dénonce Josué Mérilien, dirigeant de l’Union nationale des normaliens d’Haiti (UNNOH), membre de la CUTRASEPH. Contre toute attente, le Ministère de l’Éducation nationale annonce l’organisation des examens officiels, sans un niveau d’apprentissage adéquat pour les élèves concernés par les épreuves. Les responsables du MENFP misent sur des séances de rattrapage réalisées avec une fréquence hebdomadaire sans penser à envisager l’apprentissage des élèves et juguler la crise du système éducatif fragilisé par une grève continue, critique le syndicaliste. 

Considérée comme pilier de la société, l’éducation nationale, à travers la politique conduite par l’administration du ministre Augustin Antoine, perd ses repères. Le dysfonctionnement des écoles publiques hypothèquent l’avenir des prochaines générations, prévient Mérilien. En termes de recommandations, les syndicalistes regroupés au sein de la CUTRASEPH, encouragent la levée de la grève par une entente formulée, l’organisation des cours intensifs pour une mise à niveau des candidats avec les programmes scolaires et l’organisation des épreuves officielles au mois d’août prochain

À propos de l’avant-projet de la Constitution soumis à l’Exécutif de transition par le Comité de pilotage de la conférence nationale, la position de la CUTRASEPH est sans ambiguïté. Les syndicalistes rappellent l’interdiction de changer la loi-mère sans un processus de dialogue et de compromis engagé avec tous les secteurs vitaux du pays. 

Sur la dégradation du climat sécuritaire, la CUTRASEPH réitère son appel à des mesures visant à interdire le renforcement des gangs en armes et munitions. En lien au rapport de l’ONUDC, Josué Mérilien dénonce les autorités des États-Unis d’Amérique, responsables de la détérioration de la situation en Haiti tout en condamnant les américains qui violent la résolution des Nations-Unies interdisant l’envoi d’armes dans d’autres pays. Tout en questionnant les conséquences que le recrutement des mercenaires étrangers pour combattre les groupes criminels en Haiti peuvent entraîner, le syndicaliste appelle à un plan total et inclusif. Dans ce cas, il plaide en faveur d’une lutte contre les gangs à col, les commanditaires de l’insécurité.

Charles Hérold Civil, membre de la CUTRASEPH, qui intervenait lors de la conférence donnée à Delmas, invite l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), à diligenter une enquête au sein de l’Institut national de formation professionnelle (INFP). Plusieurs cas de gabegies administratives, d’abus d’autorité du directeur général de l’INFP, de suspension de contrat à l’intention des formateurs, de dérives sont dénoncés. Plus de  50 millions de gourdes sont justifiées hors des circuits formels, dénonce Charles Hérold Civil qui presse l’ULCC à initier des investigations poussées sur la gestion de l’INFP par l’actuelle administration. Il invite le public à participer dans le courant de la semaine à un sit-in prévu devant la Villa d’accueil.

Hervé Noël

vevenoel@gmail.com

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