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Encore un autre cycle perdu : six mois d’errance politique sous Laurent Saint-Cyr, en réserve de la République

today2025-08-06

Encore un autre cycle perdu : six mois d’errance politique sous Laurent Saint-Cyr, en réserve de la République
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Du 7 août 2025 au 7 février 2026, le pays s’apprête donc à vivre un autre semestre de surplace. Six mois perdus — et ce, sans même avoir commencé…

L’Edito du Rezo

À force de recycler les mêmes figures défaillantes, Haïti semble être entrée dans un régime politique circulaire — un éternel recommencement de l’incompétence, où chaque transition annonce la prolongation du désastre. L’arrivée annoncée de Laurent Saint-Cyr à la coordination du Conseil présidentiel de transition (CPT) incarne cette tragédie administrative à huis clos, jouée depuis des décennies avec un répertoire figé et des acteurs qui, à défaut de talent, excellent dans l’art de disparaître quand le peuple réclame des comptes.

Saint-Cyr, silhouette pâle du théâtre politique haïtien, incarne l’archétype du fonctionnaire de l’ombre : discret jusqu’à l’effacement, mutique par stratégie ou par désintérêt, il a traversé les instances transitoires comme un fantôme bureaucratique. Aucun discours marquant, aucun projet structurant, aucune empreinte visible sur le destin national. Lorsqu’il fut catapulté au sein du Haut Conseil de Transition — en qualité de « la nouvelle vraie réserve de la République » pour promulguer la Constitution PHTK-CPT/Fils Aimé— son rôle fut si tiède, si dépourvu d’impulsion, qu’il symbolise à lui seul cette tendance haïtienne à promouvoir les absents au rang de recours ultime.

Du 7 août 2025 au 7 février 2026, le pays s’apprête donc à vivre un autre semestre de surplace. Six mois sans politique publique, six mois de réunions à l’étranger, six mois de rapports sans effets, six mois de blablas, d’exils déguisés en missions diplomatiques. Pendant que la République agonise à Port-au-Prince, Saint-Cyr a préféré les amphithéâtres universitaires de l’Occident aux chantiers brûlants de la nation. Cette gouvernance en télétravail, ce Conseil présidentiel sous visa étudiant, révèle une structure captée par des logiques d’évitement : une transition touristique, itinérante, pilotée depuis Paris ou Washington, loin des cris du Bicentenaire et des balles de Carrefour-Feuilles.

L’affaire Smith Augustin en République Dominicaine aura été l’apothéose de ce théâtre d’ombres. Un conseiller présidentiel retenu plusieurs heures à la frontière, signé des documents dont personne ne veut assumer la légitimité, et un CPT muet, sans capacité de réaction ni de clarification. C’est la diplomatie de l’absurde, l’engagement de l’État par des personnalités sans mandats ni repères, dans un brouillard institutionnel où plus rien n’a de forme ni de fond. La République, ici, se résume à une série d’actes sans acteur véritable, une gouvernance sans gouvernants.

Mais ce spectacle sinistre ne saurait être complet sans sa trame sanglante : l’insécurité, cette hydre à mille têtes, savamment nourrie par le système qu’elle est censée menacer. Les gangs, répartis en deux catégories bien connues — les « gangs à cravate » et les « gangs à sandales » — s’échangent les leviers du chaos comme on échange des portefeuilles ministériels. Il est de plus en plus clair que certains cercles du secteur privé savent quand relâcher ou resserrer la vis de la terreur, selon leurs intérêts financiers ou politiques. Dans ce régime de symbiose morbide entre violence armée et calcul économique, l’État n’est plus un arbitre : il est devenu courtier de son propre effondrement.

Dès lors, le CPT, sous la direction molle et évanescente de Laurent Saint-Cyr, ne peut être perçu autrement que comme le prolongement raffiné de l’échec : un conseil décoratif, utile seulement pour donner une forme administrative à la vacance du pouvoir. Six mois de plus viennent s’ajouter au grand calendrier de l’impasse, six mois de gouvernance de velours pour un peuple en lambeaux. Six mois perdus — et ce, sans même avoir commencé.

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