En Haïti, le Conseil présidentiel de transition a été investi ce mardi (23 avril 2024), au cours de deux cérémonies : la première au palais national, en tout petit comité et au son des tirs ; puis la seconde, officielle et devant la presse, à la Villa d’accueil – destinée habituellement aux Premiers ministres.
Marie-André Bélange était sur place pour RFI. Un important dispositif de sécurité avait été mis en place pour accueillir les invités, dont des membres du gouvernement sortant et des diplomates. L’urgence, c’est de rétablir la sécurité dans le pays. Pour ce faire, la communauté internationale, notamment le Bureau des Nations unies sur place, se tiendra aux côtés de ce Conseil présidentiel de transition, a déclaré sa représentante, Maria Isabel Salvador.
Régine Abraham, membre observatrice de la nouvelle instance, a pris la parole.
C’est elle qui avait été désignée par le Conseil pour présenter les cinq grands chantiers auxquels va s’atteler le Conseil : « le rétablissement de la sécurité publique, l’organisation de la conférence nationale et de la réforme institutionnelle, la réalisation d’élections générales démocratiques crédibles et participatives, la restauration de la justice, de l’État de droit et des droits fondamentaux des citoyens et citoyennes, le rehaussement institutionnel et économique ».
Pour parler de cette entrée en fonction et des nombreux défis qui attendent le Conseil présidentiel de transition, le Journal d’Haïti et des Amériques recevait le politologue haïtien Jacques Nesi, membre du Laboratoire caribéen de Sciences sociales.
Le politologue évoque cette surprise qu’a été la première cérémonie au palais national comme d’une manœuvre bien orchestrée par le Conseil présidentiel : même les journalistes ont été pris de court. Car depuis quelques temps, explique-t-il, les gangs sont passés à une autre étape de leur occupation de la capitale : après avoir, semble-t-il, estimé avoir gagné du terrain en empêchant le retour en Haïti du Premier ministre qui a démissionné, Ariel Henry, ils construisent toute une stratégie autour de leur ambition (plus ou moins affirmée) d’occuper le palais national – mais la police nationale, malgré son manque de moyens, les en empêche.
Le Conseil présidentiel de transition devait choisir son président dans la foulée, juste après l’installation. Ce n’a pas été le cas. Selon Jacques Nesi, on peut y voir un signe de la difficulté pour ses membres de s’entendre : « c’est un attelage assez difficile, complexe, fragile », composé « des différents protagonistes qui n’ont jamais pu s’entendre précédemment » ; ce sont aussi des acteurs qui « convoient le pouvoir aux prochaines élections ». Pour Jacques Nesi, ce sont « eux aussi qui sont responsables de la catastrophe aujourd’hui », entre « le secteur privé qui a des relations très incestueuses avec les gangs » et « quelques membres de ce Conseil présidentiel qui ont eux aussi eu des relations incestueuses avec les gangs ».
Le Nouvelliste vandalisé
Signe supplémentaire de la violence qui règne à Port-au-Prince, des bandits ont attaqué et pillé les locaux du célèbre journal Le Nouvelliste, vandalisant les équipements, emportant le mobilier et les matières premières nécessaires à l’impression du journal. Le Nouvelliste évoque un horrible méfait, aux conséquences graves. En attendant de se remettre de cette attaque, le quotidien continuera d’informer sur son site internet.
Le Journal de la 1ère
Plusieurs milliers de paires de lunettes, collectées en Martinique, ont pris jeudi (25 avril 2024) la direction de l’île de Sainte-Lucie…
La campagne électorale américaine en musique
Comme chaque vendredi, plongée en musique au cœur des États-Unis dans la campagne électorale avec les auteurs du livre Rock’n Road Trip.
Pour ce quatrième épisode, Julien Grossot évoque l’Arizona, un des États incontournables des « road trips » sur la côte Ouest. On y trouve en effet le Grand Canyon, un des symboles de l’Ouest américain devenu la vitrine et l’attraction touristique de l’Arizona, auquel il donne son surnom : le « Grand Canyon State ». L’État est traversé par la plus mythique des routes, la Route 66, qui, en se rapprochant de la Californie, trouve ses portions les plus fameuses et des villes-étapes légendaires – dont la ville Winslow, rendue célèbre par la chanson Take It Easy des Eagles, ou encore Flagstaff et Kingman, des jalons vers l’Eldorado californien cité dès 1946 dans la chanson de Bobby Troup Route 66.
Phoenix est la grande métropole de l’Arizona : sur les 7 millions d’habitants que compte l’Arizona, les deux tiers habitent dans l’agglomération de Phoenix, qui a poussé comme un champignon au XXème siècle, en plein désert, grâce à la démocratisation de la… climatisation. L’Arizona et Phoenix attirent les retraités du Midwest, qui viennent y chercher du soleil, et les entreprises de pointe, qui elles-mêmes séduisent les jeunes diplômés. L’industrie et les services drainent aussi de la main-d’œuvre peu qualifiée, hispanique notamment – la frontière avec le Mexique n’est pas loin.
Tous les ingrédients sont donc réunis pour un scrutin à suspens à la fin de l’année. La nouvelle gouverneure est démocrate – elle a été élue fin 2022, après 14 ans de mandature républicaine. La question est maintenant de savoir si le président (et candidat) Joe Biden pourra profiter de cette dynamique.
Bande-son :
– Wilco : Hotel Arizona
– The Rolling Stones : Route 66
– Glen Campbell : By the Time I Get to Phoenix.