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Edito de Haiti-Observateur – État de siège sécuritaire en Haïti : Les dirigeants disent le contraire de la vérité

today2024-08-17 2

Edito de Haiti-Observateur – État de siège sécuritaire en Haïti : Les dirigeants disent le contraire de la vérité
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L’éditorial critique sévèrement l’inefficacité et le manque de transparence du gouvernement intérimaire haïtien, dirigé par le Premier ministre Garry Conille et le Conseil présidentiel de transition (CPT), dans la gestion de la sécurité nationale. Malgré les déclarations officielles sur des avancées sécuritaires et la reprise de territoires des mains des gangs, la réalité sur le terrain reste inchangée, avec des zones clés encore sous contrôle des criminels. L’éditorial souligne l’incohérence entre les discours des autorités et la situation réelle, déplorant la désinformation et la manipulation de l’opinion publique. La situation sécuritaire du pays reste désespérément précaire, exposant les failles du gouvernement actuel et l’échec de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MMAS).

Après, bientôt, respectivement trois mois et deux mois au pouvoir, les deux branches de l’Exécutif n’ont pas réalisé grand-chose, en termes d’acquis, par rapport à la sécurité. Le Premier ministre intérimaire et le Conseil présidentiel de transition de facto s’enferment dans une conspiration pour mentir au peuple haïtien. Ils semblent agir en substituts pour leurs patrons étrangers, ayant mis en train cette politique, pour donner le change collectivement à la nation, qui a besoin de se rassurer en ce qui concerne les gangs armés, qui n’ont pas arrêté d’imposer leur loi dans ce pays, malgré le déploiement de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, ayant été déployée depuis prochainement deux mois.

Lors d’une visite non annoncée à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, ci-devant Hôpital général, pour prouver à la presse internationale, représentée par « Cable News Network » (CNN), que le plus grand centre hospitalier d’Haïti était effectivement arraché aux mains des criminels, le lundi 29 juillet 2024, les choses n’ont pas tourné comme M. Conille les avait planifiées. Lui, qui se trouvait en plein dans une interview avec les journalistes de CNN, suite à des coups de feu successifs et continus, avait décidé de couper court à cet entretien et de se retirer « en catastrophe ».

Cet événement extrêmement dangereux, qui aurait pu mal tourner, avait immédiatement déclenché une controverse, puisque des témoins présents, qui déclaraient avoir constaté le déroulement des coups d’armes venus d’un quartier voisin et des policiers mixtes d’Haïti et du Kenya s’abritant à des endroits divers et ripostant en même temps, disaient que la version des faits était bien différente de celle offerte par les sources officielles. Aussi prennent-ils à témoin le reportage des représentants de CNN, soutenant que le Premier ministre intérimaire haïtien, Garry Conille, a été évacué rapidement des lieux.

Dans une note de presse conjointe émise au sujet de l’incident, le commandant de la Mission multinationale kenyane, le général Godfrey Otunge, et le directeur général de la Police nationale d’Haïti ont précisé que les criminels n’avaient pas attaqué le convoi du Premier ministre à la sortie de l’HUEH. Le document relevait qu’un soldat de la MMAS a été touché par balles, essuyant des blessures à l’épaule, lors d’un affrontement avec des bandits. Ces derniers avaient dirigé leur attaque sur les policiers haïtiens et kenyans, qui ont riposté vigoureusement. Ils ont été engagés au moment où ils pillaient un camion rempli de sacs de riz, après avoir tué le chauffeur. La note a ajouté que la victime devait être transportée immédiatement à un centre hospitalier.

Bien que la note de presse n’ait pas établi la chronologie des événements, il faut retenir que l’incident impliquant le Premier ministre Conille a précédé celui dans lequel le policier kenyan montre clairement que les malfrats ne choisissent ni leurs cibles ni l’heure à laquelle les frapper.

En matière de sécurité, notamment ce qui a rapport avec l’urgence décrétée par Garry Conille, le problème reste entier. Les forces de l’ordre peinent encore à afficher leurs moyens. Les affirmations faites par le chef du gouvernement, cherchant à impressionner la communauté internationale, mais s’évertuant surtout, par la même occasion, à apaiser la peur des victimes potentielles, et à susciter la sérénité dans les foyers, ne font pas bonne recette dans le pays. Et l’incident du 29 juillet, aux abords de l’Hôpital général, expose l’équipe au pouvoir, disant le contraire de la réalité sécuritaire au peuple haïtien.

Désormais, par rapport à la question relative à l’urgence sécuritaire, le Premier ministre Conille et le coordonnateur du CPT Edgard Leblanc Fils ont le même comportement. Ni l’un ni l’autre ne disent la vérité aux citoyens. Après le chef du gouvernement, dans l’incident du 29 juillet, à l’HUEH, c’est au tour de M. Leblanc Fils de dire son mot. À la conférence de presse de la CARICOM, où il était du nombre des assistants à la 47e conférence annuelle de ce groupe des pays de la Caraïbe, qui s’est tenue à Grenade, la semaine dernière, il n’a pas eu froid aux yeux pour faire la déclaration sur l’actuelle situation sécuritaire du pays. Dans son intervention, à cette occasion, il a annoncé, à cette assemblée, que le pays commence à redevenir « normal ».

Dans un tel cas, les deux chefs de l’Exécutif s’entendent à merveille pour cacher la vérité au pays. En effet, le Premier ministre a donné le signal de cette tendance en annonçant la « sécurité d’urgence » dans quatorze communes des départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Pourtant, les gangs n’ont pas cessé leurs activités criminelles là où ils avaient l’habitude de faire régner la terreur. Depuis que M. Conille a fait cette annonce, pas un seul pouce de terrain des « territoires perdus » n’a été récupéré.

Considérons l’exemple de Gressier, dont le sous-commissariat, capturé à plusieurs reprises par les bandits, qui l’ont finalement démoli partiellement, avant de l’incendier. Quoique proclamé libéré par la Police nationale, il n’a pas retrouvé sa garnison. Voilà le modèle de libération constatée dans tous les espaces dits libérés par la Police nationale. Quand on parle de l’institution policière disant avoir chassé les malfrats avec de lourdes pertes, en hommes et munitions, ces derniers y reviennent en force, sur la scène, parfois moins d’une semaine plus tard. La politique de libération des installations étatiques et policières par la PNH ne dispose pas d’une composante de « protection » des territoires reconquis.

Le tout dernier exemple à signaler est celui de Ganthier, situé sur la route stratégique de Malpasse, conduisant vers la frontière haïtiano-dominicaine. Retournés sur les lieux de leurs premières attaques, les hommes de 400 Mawozo ont dit avoir incendié un véhicule blindé de la Police. Répliquant à cette affirmation, une communication de la PNH a déclaré que l’engin en question était parqué dans la cour de la douane, suite à une panne. Ce qui traduit l’irresponsabilité de cette institution, pour avoir abandonné un véhicule aussi coûteux, qui n’a pas été remorqué immédiatement pour être placé en lieu sûr.

Il est à constater que, dans le cadre de la politique consistant à donner le change au peuple haïtien, la pure vérité n’a pas été dite concernant ce véhicule spécial. En tout cas, il s’évidente que mentir au public se pratique à tous les niveaux du gouvernement. On ne peut s’empêcher de constater à quel point s’applique la politique de répression débile de la PNH à l’égard des gangs armés, en la personne de 400 Mawozo.

Dans un premier temps, ces derniers ont attaqué Ganthier, brûlant partiellement la douane et démolissant une partie du commissariat, en plus de tuer quatre personnes. Sous la riposte de renforts combinés des Forces armées d’Haïti (FAd’H) et de membres de brigades spécialisés, ils se sont enfuis avec leurs armes et munitions, sans essuyer de dommages. Ils devaient retourner, dans un second temps, deux ou trois jours plus tard, démolissant, cette fois, totalement le commissariat. Et dans un troisième temps, le dimanche 4 août, ils sont retournés à la charge, dévalisant et brûlant la douane du même lieu et incendiant ce blindé.

En clair, la politique de répression débile de la PNH, contre les criminels sans foi ni loi, consistant à libérer, quand c’est possible, des installations policières et étatiques, pour les abandonner ensuite, n’a point changé, même avec la présence de la MMAS. C’est bien ce qui a favorisé l’abandon de plus de 30 sous-commissariats et d’antennes de la PNH, dans le département de l’Ouest seulement, sans compter une autre demi-douzaine environ dans l’Artibonite.

Edgard Leblanc Fils le fait systématiquement dans ses déclarations relatives à la sécurité. C’est pourquoi, lors de sa participation à la réunion annuelle de la CARICOM, en Grenade, deux semaines plus tôt, il avait confirmé que « la plus importante institution hospitalière du pays » était reprise aux gangs armés. Il a déclaré spécifiquement : « La situation sécuritaire s’améliore dans le pays grâce à l’action de la police, de l’armée et du soutien des forces kényanes. Grâce à leur aide, l’État a repris le contrôle du plus grand centre hospitalier du pays ainsi que de ses environs. Les efforts doivent se poursuivre, et la vie commence à reprendre dans les rues de la capitale et dans le reste du pays. Au nord et au sud, environ 80 000 élèves de neuvième année fondamentale ont passé leurs examens officiels avec succès la semaine dernière. »

Trêve d

‘arguments à ce sujet, puisque l’incident dont le Premier ministre a fait l’expérience, le lundi 29 juillet, à l’HUEH, prouve le contraire. En ce sens, le gouvernement intérimaire CPT-Garry Conille ne possède aucun argument supportant les balivernes qu’il sert au public haïtien et au monde entier, concernant les avancées réalisées dans le domaine de la sécurité. Tout compte fait, la situation sécuritaire du pays reste inchangée, par rapport à ce qu’elle était avant le déploiement de la MMAS.

Les autorités haïtiennes avaient effectué la reprise physique des installations de l’Hôpital général, mais sans avoir sécurisé l’aire dans laquelle se trouve cette institution. De telle sorte qu’il reste une proie facile pour les bandits pouvant lancer une attaque à tout instant. Puisque plus d’un mois depuis qu’a été annoncée sa « libération » de l’emprise des criminels, les travaux de réparations nécessaires avant sa réouverture n’ont pu être entamés. Une autorité de l’HUEH a précisé que sa remise en fonction débuterait, au plus tôt, en février prochain.

Les autres institutions étatiques, à la capitale haïtienne, désertées par leurs personnels en raison de la violence des gangs, n’ont pas eu un meilleur sort. C’est le cas, par exemple, de la primature, du ministère de la Défense, au Bicentenaire. Ou bien des Ministères, tel que celui des Finances et des Affaires économiques, quasiment abandonnés, à la cloche de bois, par leurs titulaires, leurs bureaux ayant élu domicile dans des hôtels de Port-au-Prince.

Décrire une atmosphère sécuritaire en Haïti, qui est l’envers de ce qu’elle représente vraiment, surtout quand elle résulte des décisions de celui qui la proclame, est dangereuse et relève, tout au moins, de l’irresponsabilité. Qu’Edgard Leblanc Fils, Garry Conille ou tout autre membre de cette administration intérimaire ne gaspille pas leur salive en voulant faire croire le contraire en ce qui concerne la sécurité dans le pays.

En tout cas, les postes de péage érigés par les gangs sont encore en place sur les autoroutes nationales, sur la Route nationale numéro 2, au sud de la capitale et sur la Route nationale numéro 1, desservant le Grand Nord, soit les Départements de l’Artibonite, du Nord et du Nord-Ouest. Tandis que, la Route nationale No.3, en direction du Plateau Central, menant aussi à la frontière avec la République dominicaine, en passant par Malpasse, longtemps contrôlée par le gang « 400 Mawozo », vient d’être fraîchement verrouillée à double tour, après que la traversée d’un pont reliant Croix-des-Bouquets à Ganthier eut été bloquée par ces mêmes criminels.

Quoi qu’on dise et fasse à ce sujet, il faut se rappeler que les Américains, partie prenante des politiques qui ont favorisé l’émergence des gangs ayant causé cette situation, n’en sont pas dupes. L’ambassade des États-Unis, à Port-au-Prince, émet périodiquement des alertes de sécurité et de conseils à ses citoyens, dont la dernière mise à jour remonte au 27 juillet 2023. Dans ces mises en garde, les ressortissants américains sont avisés d’éviter de voyager en Haïti, ou d’ajourner leur déplacement vers ce pays, en raison de l’insécurité qui y sévit. Notamment kidnappings contre rançon, braquages, assassinats, vols et viols.

Voilà la réalité, sur l’insécurité, que la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (MMAS), qui a été lancée pour aider la PNH à éradiquer les gangs. Le problème reste dans le fait que toute la vérité n’a pas été dite en ce qui concerne le mystère entourant cette mission. Il est temps que le peuple haïtien soit mis au parfum par rapport à celle-ci.

Entre-temps, la vérité est révélée indirectement, dans le cadre d’une récente interview accordée par le Premier ministre à la « British Broadcasting Corporation », telle que rapportée par la journaliste Jacqueline Charles, dans le quotidien The Miami Herald du 9 août. Vu la crise sécuritaire, « Haïti ne pourra pas mettre en place un nouveau gouvernement, en février 2026 », comme prévu dans l’accord du mois d’avril. Il est opportun d’évoquer le proverbe créole : « Twou manti pa fon ! » (« L’antre du mensonge n’est pas si profond »). La gent au pouvoir doit savoir qu’elle gagnera à dire la vérité au peuple haïtien.

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Écrit par: Viewcom04

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