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Douce Macoss et Petit-Goâve, un destin intimement lié

today2024-09-07

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Le Fil historique

L’histoire de la Douce Macoss / Dous Makòs reste intimement liée au destin de la ville de Petit-Goâve au XX ème siècle, une commune du département de l’Ouest. En effet, Petit-Goâve a été, autrefois, « dans les années 1890-1900, le principal marché caféier du pays[¹]», un centre portuaire important d’exportation de café, au niveau national, selon les propos de Paul Moral, dans son essai « Le Paysan Haïtien[¹] ». Petit-Goâve était très fréquenté à cette époque par de nombreux négociants et commerçants étrangers en quête du café haïtien, ce que Boss Laveaux Desnoyers a laissé entendre dans une entrevue accordée au journaliste Rotchly S. Desgranges dans le cadre de son émission Réalités Quotidiennes vécues en Haïti [²], réalisée sur la production de la Douce Macoss.

De ce fait, les étrangers venus acquérir les denrées locales, notamment le café, très demandé à l’époque, en raison de son arôme, et certains résidents, particulièrement des français, ont voulu après le repas savourer un dessert typiquement local, différent de ce qu’ils avait connu chez eux. Ainsi, est venue l’idée de produire une confiserie profondément ancrée et enracinée dans le terroir haïtien.

Ce désir fut matérialisé par le concours de Madame Marcos et de Madame Fernand Labarre. Madame Marcos et son mari, tous deux, d’origine étrangère, ont demeuré à Petit-Goâve. Le mari M. Marcos était d’origine hispanique et la femme, une latino-américaine. Au début de la Seconde Guerre mondiale (1939)[²] , le couple a laissé Haïti et, immigré vers Cuba et l’Europe. Ainsi Mme Labarre, travaillant précédemment pour le compte de Mme Marcos, allait reprendre le processus et continuer à produire la douce, née quelques années plus tôt, sous la même patronyme. 

La Douce Macoss est née au début des années 1930 [³], à Petit-Goâve, chez Madame Marcos. Ce bonbon, fait de lait, de sucre et d’autres ingrédients, est vendu , à  ses débuts, sous le nom de : «la douce de Madame  Marcos». Par un léger raccourci, le nom final « Douce Macos» est alors resté jusqu’à nos jours.

Douce Macoss/ Dous Makòs

Une fiche et une recherche effectuée sur la «Dous Makòs[⁴]», par les chercheurs  Richener Noël et Kenrick Demesvar ( 2010), publiée sous le site imiph.org et reprise sur le domaine d’internet du Ministère de la Culture et de la Communication ( MCC), définit la confiserie ( Dous Makos) comme : “ une spécialité culinaire sucrée de Petit-Goâve consommée par la population haïtienne ”. Plus loin, ils expliquent que la douce Makos “ fait partie des traditions populaires, … développée au-delà de la pratique familiale pour devenir un produit du terroir [⁴]”.

Dans “ Bredjenn (2023) [⁵]“, une nouvelle littéraire, publiée dans les colonnes du journal Le National, la Douce Macos est présentée tel « un produit original et originaire de Petit-Goâve. La Douce Macos est une confiserie succulente faite de lait, de sucre, à laquelle on ajoute des arômes et d’autres produits qui lui donnent son goût délicieux et ses couleurs magiques : rose, crème, brun. [⁵]»

Si certaines personnes font remonter la commercialisation de la Douce Macoss à 1937, un nombre de points de vue présentés dans des articles, fiche, recherches, et documentaires la situent généralement en 1939. Elle est commercialisée par Madame Fernand Labarre, née Norélia Jérôme. Le produit est alors vendu à travers toute la commune, notamment aux employés et travailleurs du port et des Usines centrales, dont ceux de l’usine de l’officier Corbin. Le premier atelier de fabrication de la Douce Macos fut établi à cette époque dans la maison de Fernand Labarre, Petite-Guinée, Ti Ginen ( en créole), un quartier de Petit-Goâve, actuellement Avenue Simmond’s.

La recette 

La recette est constituée de lait de vache, mélangé au sucre raffiné, qu’on laisse bouillir pendant environ une heure ( 60 minutes), auxquels on ajoute les ingrédients suivants: chocolat, “la poudre de cochenille diluée dans l’alcool ordinaire”[⁴], le tout, sur un foyer de feu artisanal. Toutefois la recette originale demeure jalousement gardée par les héritiers et proches de la famille Labarre.

Petit-Goâve et sa douce : Un patrimoine à préserver 

La Douce Makòs constitue la marque fabrique de Petit-Goâve, à l’instar de la Cassave de manioc du Cap-Haïtien, du Comparèt de Jérémie, de Gelée des Cayes, entre autres. En 2008, lors des festivités carnavalesques régionales, le Carnaval de Petit-Goâve a hérité du nom et du renom de la douce Makòs : «Carnaval Dous Makòs ». Cela a permis de mettre l’accent sur l’identité culinaire originale de Petit-Goâve[³], [⁴].

Les trois couleurs emblématiques de la Douce Makòs – crème -rose-brun- sont réparties ainsi: deux pour la crème, une pour le brun et deux pour la rose. De nos jours, la Douce Macos de Petit-Goâve est très connu au niveau national. « Ayiti se yon Dous Makòs » proclama l’artiste Michaël Benjamin[⁶] ( Mikaben) dans sa chanson “ Ayiti se [⁶]”. La sucrerie petit-goâvienne jouit par ailleurs d’une reconnaissance notable dans la communauté haïtienne de la diaspora, à travers le monde.

Aujourd’hui, beaucoup d’ateliers et de familles et d’autres communes du pays ont tenté de reproduire l’expérience, en s’occupant  de la production et de la commercialisation de la Douce Makos. Le chiffre donné dans la fiche technique recense une soixantaine, selon le bulletin  du Ministère de la Culture, “ Culture au quotidien ” et “#Mardi Gastronomie ”. 

En dépit de la somme de tentative de production à l’échelle régionale et du pays. Un article du MCC ( Ministère de la Culture et de la Communication) reconnaît que la Douce Macos de Petit-Goâve demeure la marque authentique. Richener Noël, dans sa fiche sur le produit, soutient que la Douce Macos, originaire de la Cité Soulouquoise constitue l’ archétype, dont la qualité n’est plus à se faire.

Douce Macos de Petit-Goâve fait partie du patrimoine culinaire de cette commune et partant du pays. La transmission des savoirs et des savoir-faire depuis la création de celle-ci, vers 1930, la continuité maintenue, à  partir de 1937 ( par Madame Labarre, après le départ de Madame Marcos ), la transmission inter-générationnelle des us et coutumes contribuent à inscrire la Douce Macos dans la durée. Rappelons-le, la Douce Makòs fêtera les cent ans de sa création en 2030.

Une association de producteurs de Douce Macos ( APDM ) a été mise sur pied en 2008, par Joseph Labarre ( Tonton Blan), petit-fils de Madame Labarre. Ce regroupement vise la mise en œuvre d’un « appui à la production et à la commercialisation de la douce Macos », dans le but de préserver la qualité d’origine. Par ailleurs, une coopérative a été créée afin de renforcer l’objectif initial ( Coopérative des Producteurs de Douce Macos).

James Stanley Jean-Simon 

E-mail : jeansimonjames@gmail.com

Notes: 

[¹] Moral, Paul, Le paysan haïtien : étude sur la vie rurale en Haïti. ( 1961).

[²] RPTV ( Roupy Production TV ) ( ORIGINALE DOUCE MACOS DE PETIT-GOAVE : DE LA CONCEPTION AU PRODUIT FINAL ), entrevue réalisée à Petit-Goâve par le présentateur Rotchly Desgranges avec Boss Laveaux Desnoyers, diffusée le 1er novembre 2017,

consulté le 4 septembre 2024

[³] Ministère de la Culture et de Communication (MCC), Bulletin #CultureAuQuotidien, #MardiGastronomie, résumé de l’article publiée sous le site : www.ipimh.org, 29 juin 2021, consulté le 1er septembre 2024

[⁴] Noël, Richener; Demesvar Kenrick, La production de la Douce Macoss à Petit-Goâve, 21/ 03/2010, Source IPIMH, www.ipimh.org, consulté  le 2 septembre 2024

[⁵] Jean-Simon, James Stanley, Bredjenn, récit publié dans le journal Le National, publié le 17 novembre 2023

https://lenational.org/post_article.php?cul=1396

[⁶] Michaël  Benjamin, Mikaben, Ayiti se, 2012

https://genius.com/Mika-ben-ayiti-se-lyrics

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Écrit par: Viewcom04

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