Dans un article paru dans le journal américain spécialisé des les finances, le Wall Street Journal, le Président Directeur Général de la filiale de Digicel en Haïti, Maarteen Boute , déclare qu’il a réussi à maintenir 85 % de ses tours de téléphonie cellulaire en état de fonctionnement et ses services mobiles en ligne en parcourant soigneusement les territoires des gangs et en affrontant les seigneurs de guerre.
Selon Kejal Vias, l’auteur de cet article paru ce 20 juin 2024 sous le titre « Haiti’s Largest Investor Navigates Gangs to Keep Phones Working »(Le plus grand investisseur d’Haïti navigue dans les gangs pour faire fonctionner les téléphones), la Digicel s’accroche, dans l’espoir qu’une force de police kenyane soutenue par les Etats-Unis soit déployée pour rétablir l’ordre.
En Haïti, les gangs ont détruit des écoles, des pharmacies et des usines. Mais ils ont largement épargné un réseau d’infrastructures : le réseau de télécommunications du pays, note le journaliste de WSJ.
Il s’avère que les gangsters ont aussi besoin de téléphones portables fonctionnels, fait remarquer le WSJ.
Cependant, il existe d’autres raisons pouvant expliquer pourquoi l’infrastructure de la Digicel, le plus grand opérateur d’Haïti et le plus grand investisseur étranger, est épargnée par les gangs armés criminels qui ensanglantent le pays et brisent tout sur leur passage depuis plus de 3 ans :
1. **Utilité stratégique** : Les gangs peuvent reconnaître l’importance des infrastructures télécom pour leurs propres opérations, comme la communication interne, la coordination des activités et même la gestion de leur image publique. En préservant les infrastructures de la Digicel, ils maintiennent des outils essentiels pour leur fonctionnement.
2. **Risque de représailles** : S’attaquer aux infrastructures télécom peut obliger la Police Nationale d’Haïti et des tuteurs étrangers à réagir de façon très sévère , ce qui pourrait mettre en péril leurs opérations criminelles et leur contrôle sur le territoire. Éviter de perturber ces infrastructures pourrait donc être une stratégie pour éviter une confrontation directe et réelle avec les forces de sécurité
3. **Source de revenus indirects** : Plutôt que de détruire les infrastructures télécom, les gangs peuvent les utiliser comme source de revenus indirects en les extorquant ou en exigeant des paiements de protection des de la Digicel et des autres opérateurs, ce qui peut être plus lucratif et moins risqué que leur destruction.
4. **Image publique et soutien communautaire** : Préserver les infrastructures télécom de la Digicel peut aider à maintenir une certaine légitimité ou un soutien tacite au sein de la communauté locale. Les gangs peuvent chercher à éviter d’aliéner complètement la population en perturbant des services essentiels comme la communication.
5. **Facilitation des activités illégales** : Les gangs peuvent également bénéficier directement des infrastructures télécom de Digicel pour leurs activités illégales, comme le trafic de drogue ou le commerce illicite, en utilisant les communications pour coordonner leurs transactions ou éviter la détection par les autorités.
En combinant ces facteurs, il devient compréhensible pourquoi les gangs criminels peuvent opter pour la préservation des infrastructures télécoms malgré leur violence sur la population et leurs autres activités criminelles.
Nous invitons nos lecteurs à prendre connaissance de cet intéressant texte du WSJ illustré avec la photo du chef de gang Barbecue tenant dans une main armé de grand calibre et dans l’autre un smartphone.
Pour lire l’intégralité du texte de l’article du WSJ: https://www.wsj.com/world/americas/haitis-largest-investor-navigates-gangs-to-keep-phones-working-f6efac1c
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