Quais de Bordeaux (2ème port du commerce de la traite des Noirs français) | Mémoires et Partages : Rassemblement pour dénoncer la dette coloniale imposée à Haïti en 1825
Un rassemblement a eu lieu sur les quais de Bordeaux, dimanche 27 avril 2025, devant la statue de Toussaint Louverture, pour commémorer la dette imposée à Haïti par la France il y a deux siècles. Cette cérémonie, qui s’inscrivait dans l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1848, a aussi mis en lumière la question de la dette exorbitante contractée par Haïti en 1825, sous le règne de Charles X, une question longtemps ignorée.
Organisé par les associations Mémoires et Partages et Ayiti Boukan Difé, l’événement a réuni des élus locaux, des membres de la communauté haïtienne, des artistes et des historiens, dont la romancière Gerda Cadostin. Cette manifestation a permis de rappeler l’impact considérable de cette dette sur Haïti, qui a été contrainte de verser à la France 150 millions de francs-or pour indemniser les colons français, après la déclaration d’indépendance du pays en 1804. Cette somme a lourdement pesé sur l’économie haïtienne, précipitant la nation dans une situation de sous-développement durable.
Les intervenants ont souligné l’injustice d’une telle « extorsion » qui continue d’affecter Haïti aujourd’hui. Karfa Diallo, président de Mémoires et Partages, a mis en avant le caractère « colonial » de cette dette et rappelé qu’elle avait été imposée sous la contrainte, par la violence et l’exploitation, et non négociée librement.
Un aspect majeur de cette cérémonie a été l’évocation du rôle historique de Bordeaux dans le commerce des esclaves. En tant que deuxième port négrier français, Bordeaux a joué un rôle central dans le trafic transatlantique. De nombreux colons haïtiens étaient originaires de cette région, ce qui a été souligné par Françoise Frémy, adjointe au maire de Bordeaux. Elle a rappelé que « 40 % des colons haïtiens étaient originaires de l’Aquitaine », insistant sur la responsabilité particulière de la ville dans ce fardeau historique.
Le 17 avril, Emmanuel Macron a reconnu l’injustice de cette dette et annoncé la création d’une commission pour examiner cette question. Ce geste a été salué par plusieurs élus, notamment ceux de Nantes, Bordeaux et La Rochelle, qui ont signé une tribune commune appelant l’État à engager des réparations économiques et sociales. Toutefois, Karfa Diallo a exprimé des réserves sur la portée de cette initiative, soulignant qu’il ne s’agissait que de gestes symboliques et qu’une véritable réparation passait par des actions concrètes.
Le rassemblement à Bordeaux a ainsi servi non seulement à dénoncer cette injustice historique, mais aussi à réaffirmer l’appel à une réconciliation authentique entre la France et Haïti, fondée sur une réparation morale et économique. Ce plaidoyer s’inscrit dans une réflexion plus large sur les réparations pour les injustices coloniales dans leur ensemble.
Ce rassemblement a été bien plus qu’un simple hommage à l’abolition de l’esclavage : il a constitué un appel à une prise de conscience collective et à un changement profond dans la manière dont la France aborde son passé colonial et ses répercussions actuelles sur Haïti et d’autres anciennes colonies.
source: Bordeaux : une cérémonie pour dénoncer la dette contractée il y a deux cents ans par Haïti au profit de la France
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