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Dessalines aux portes de l’âme haïtienne

today2024-09-22 1

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Chronique : Dessalines aux portes de l’Âme Haïtienne

Sur les rives tourmentées de notre terre, Dessalines revient. Non plus sous l’ombre de la mort, mais dans la lumière de sa naissance, le 20 septembre. Il se dresse là, devant nous, mes frères, mes sœurs. Les siècles ont passé, les cicatrices d’hier sont devenues les plaies d’aujourd’hui. Pourtant, il est là, vibrant de la force de cette même liberté qu’il a chèrement gagnée. Aujourd’hui, il ne parle pas d’armes, mais d’âme. De cette terre qu’il a libérée et qui, aujourd’hui, semble errer, égarée.

Dans un souffle d’écho, sa voix résonne. Et elle ne s’adresse pas qu’à nos ancêtres. Non. C’est à vous, mes frères et sœurs, Haïtiens d’ici et d’ailleurs, qu’il parle.

Dessalines : « Mes frères, mes sœurs, où êtes-vous ? Non pas sur ces champs de bataille que nous avons quittés, non pas sous le fouet qui nous a marqués. Mais où est votre esprit ? Où est votre foi en vous-mêmes, en cette terre que vous appelez toujours mère et dans le Bon Dieu que vous appelez toujours Grand’mère ? »

Il marche, invisible mais omniprésent, dans les rues de Port-au-Prince, dans les montagnes de Grande-Rivière du Nord et de Marchand-Dessalines, dans les quartiers souvent oubliés des Gonaïves, là où tout a commencé. Ses pas ne laissent presque pas d’empreintes, mais sa voix perce les cœurs avec force.

Dessalines : « Je suis né pour vous, non pour vous voir courbés. Vous m’honorerez chaque 17 octobre, le jour de ma mort, mais pourquoi ne pas célébrer le jour où je suis né ? Pourquoi ne pas honorer ce que j’ai voulu pour vous : une vie libre, une vie digne pour chacun d’entre vous ? »

Un silence s’installe. Il sait que ce peuple porte encore la fatigue de la lutte. Il connaît trop bien la misère, la faim, l’injustice, l’insécurité, les violences fratricides, le kidnapping. Pourtant, il attend une réponse.

Et c’est la voix d’une femme, une belle négresse de la paysannerie, qui brise le silence.

La Négresse Madan Sara : « Papa Dessalines, nous t’avons entendu. Nous avons chanté ton nom, mais regarde où nous sommes. Ce pays pour lequel tu t’es battu souffre. Les gens meurent de faim, leurs droits sont bafoués, la terre est ravagée, les promesses de liberté, d’égalité et de fraternité semblent des rêves lointains. »

Il hoche la tête, non en signe de résignation, mais de compréhension.

Dessalines : « Croyez-vous que j’ai ignoré la souffrance ? Que notre lutte était sans larmes, sans douleur ? Mes frères et sœurs, il n’y a pas de victoire sans lutte continue. Je dis bien continue. La liberté, je vous l’ai donnée. Mais c’est à vous de la maintenir, de la nourrir et de la garder vivante. Le joug que j’ai brisé, c’est celui de l’esclavage et du racisme. Mais aujourd’hui, vous êtes enchaînés par d’autres forces. »

Les chaînes invisibles de la corruption, de l’injustice, de la division. Celles qui ne se voient pas, mais qui pèsent lourd sur les épaules du peuple.

Un jeune homme, bien éduqué mais sans emploi, prend alors la parole au nom de toute une jeunesse.

Porte-Parole de la Jeunesse Haïtienne : « Que devons-nous faire, Dessalines ? Nous avons essayé de reconstruire, mais il semble que tout s’effondre. Qui sommes-nous dans ce chaos ? »

Dessalines : « Vous êtes mes héritiers, mes enfants. Je vous ai laissé une terre libre, mais la liberté ne se suffit pas. Elle exige de la vigilance, du courage, et une volonté inébranlable de justice. Vous devez reconstruire, non seulement les murs de vos villes, mais l’âme même de votre nation. »

Le jeune homme baisse la tête, le poids de ces paroles résonnant dans son cœur. Mais Dessalines, inflexible, continue.

Dessalines : « La solution n’est pas dans la fuite, ni dans l’abandon. Elle réside dans votre unité. Divisés, vous serez toujours faibles. Mais ensemble, vous pourrez affronter ces nouvelles chaînes. Le pouvoir corrompt, la corruption détruit, mais la foi et l’action éclairées par la justice et l’amour de la patrie peuvent tout redresser. »

Un murmure se fait entendre dans la foule. Les gens, de tous âges et de toutes conditions, commencent à comprendre. La tâche qui les attend est immense, mais les mots de Dessalines réveillent en eux cette flamme qu’ils pensaient éteinte.

Un ancien combattant de la révolution : « Dessalines, nous avons vu la liberté naître de tes mains, mais nous avons oublié comment la préserver. Comment pouvons-nous retrouver cette force ? »

Dessalines : « En retournant à vos racines, à cette solidarité qui nous a permis de renverser l’oppression. La force de ce peuple réside dans son unité. Vous devez vous réapproprier l’histoire, la vivre au présent, pour la transformer en avenir. Ce pays est à vous, mais seulement si vous le revendiquez ensemble. »

Le silence qui s’ensuit n’est pas celui du désespoir, mais de la réflexion. Un silence porteur d’espoir, car les Haïtiens commencent à comprendre que leur destin est encore entre leurs mains.

Dessalines disparaît dans l’aube naissante, mais ses paroles demeurent. Un appel à la résilience, à la foi, et surtout, à l’action collective et citoyenne.

En l’occasion du 20 septembre, Jour de Dessalines.

©️ P. Jean Bertin SAINT LOUIS, SJ (alias Bidji/Bertiny).

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Écrit par: Viewcom04

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