L’assassinat de deux religieuses à Mirebalais : révélateur d’un Etat haïtien en faillite
Mercredi 2 avril 2025, des milliers d’Haïtiens sont descendus dans les rues de Port-au-Prince pour protester contre l’explosion de la violence orchestrée par les gangs armés, tout en exigeant la démission des autorités transitoires et du chef de la Police nationale.
Munis de machettes, d’armes à feu, de branches d’arbres ainsi que de drapeaux rouge et noir rappelant l’ère Duvalier, les manifestants ont bravé les gaz lacrymogènes et les tirs à balles réelles des forces de l’ordre, selon plusieurs journalistes présents sur place. Les protestataires, très remontés, ont bloqué des routes et incendié des pneus en convergeant vers les bureaux du Conseil présidentiel de transition et du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, allant jusqu’à détruire à coups de marteaux un panneau d’affichage sur leur passage.
Cette démonstration de colère populaire intervient dans un contexte critique : deux jours plus tôt, des gangs ont violemment attaqué Mirebalais, ville située dans le Plateau Central, libérant plus de 500 prisonniers après avoir incendié un poste de police et plusieurs bâtiments publics. Durant ce raid meurtrier, deux religieuses catholiques, sœur Evanette Onezaire et sœur Jeanne Voltaire, réfugiées avec une jeune fille, ont été froidement exécutées. Ces assassinats, immédiatement notifiés au Vatican, ont suscité une émotion profonde et ravivé les critiques envers les autorités incapables d’endiguer cette escalade de violence.
Face à ces évènements dramatiques, près de 6 000 personnes ont fui la région, selon l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies. La menace est telle que Zanmi Lasante, organisation dirigeant l’hôpital universitaire de Mirebalais, a lancé un appel d’urgence à l’aide internationale, craignant une catastrophe humanitaire imminente.
Cette mobilisation citoyenne, parmi les plus importantes depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, intervient alors que l’accord politique de mars 2024, censé apporter stabilité et sécurité au pays sous la tutelle d’un Conseil présidentiel transitoire, se trouve enlisé dans des accusations de corruption et une impuissance notoire face aux gangs qui contrôlent désormais environ 90 % de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.
Par ailleurs, dans un développement inquiétant, un hélicoptère loué par le gouvernement taïwanais pour transporter policiers et militaires internationaux aurait été mis hors d’usage suite aux tirs des gangs, illustrant une fois encore l’ampleur du défi sécuritaire en Haïti. La crise sécuritaire, loin de se limiter à la capitale, menace désormais de s’étendre à l’ensemble du territoire haïtien, selon Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations unies António Guterres.
source: Miami Herald
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