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Député Hugues Célestin: Quand la dignité prend des vacances !

today2025-03-31 1

Député Hugues Célestin: Quand la dignité prend des vacances !
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La grande majorité des lettrés du pays, particulièrement ceux du Nord, admire Anténor Firmin. Pourtant, rares sont ceux qui ont pris le temps de lire son classique L’Effort dans le mal. L’incroyable capacité d’adaptation des élites dirigeantes haïtiennes illustre à elle seule la tragédie nationale : une tragédie marquée par l’amertume, la déception, le désespoir, l’abandon et le reniement.

Ah ! Que le destin sait être ironique. Hier encore, la main sur le cœur et la voix vibrante d’indignation, Fritz Alphonse Jean jurait de ne jamais plier l’échine devant la tutelle étrangère. Aujourd’hui, le voilà en Jamaïque, auréolé de son titre de Président du Conseil de Protection des Truands (CPT), peut-être en train de siroter…
[5:55 PM, 3/30/2025] Député Hugues Celestin:  » Quand la dignité prend des vacances »

La grande majorité des lettrés du pays, particulièrement ceux du Nord, admire Anténor Firmin. Pourtant, rares sont ceux qui ont pris le temps de lire son classique L’Effort dans le mal. L’incroyable capacité d’adaptation des élites dirigeantes haïtiennes illustre à elle seule la tragédie nationale : une tragédie marquée par l’amertume, la déception, le désespoir, l’abandon et le reniement.

Ah ! Que le destin sait être ironique. Hier encore, la main sur le cœur et la voix vibrante d’indignation, Fritz Alphonse Jean jurait de ne jamais plier l’échine devant la tutelle étrangère. Aujourd’hui, le voilà en Jamaïque, auréolé de son titre de Président du Conseil de Protection des Truands (CPT), peut-être en train de siroter un cocktail diplomatique, savourant un grand cru des réserves de Bordeaux en famille, sous le regard approbateur du Secrétaire d’État américain Marco Rubio et des dirigeants de la CARICOM. Mais attention, il n’a pas fait le voyage seul ! En digne chef d’expédition, il a embarqué son équipe de choc : son épouse et l’un de ses enfants. Après tout, pourquoi se priver du confort familial lorsqu’on se prépare à recevoir les ordres du maître ?

Rappelons qu’il fut autrefois un écrivain virulent, dénonçant sans relâche les maux économiques qui gangrènent le pays. Il enchaînait les conférences à l’échelle nationale et internationale, paradant dans les rangs de la contestation progressiste et se posant en héraut des luttes contre la mauvaise gouvernance et la dilapidation des fonds publics, notamment ceux du scandale PetroCaribe. Mieux encore, il avait même fondé dans le Nord d’Haïti un Observatoire national des politiques publiques, censé veiller sur la gestion de l’État.

Omniprésent sur les médias traditionnels, les réseaux sociaux et dans les cercles militants, il fustigeait avec véhémence la privatisation de l’espace public par les anciens présidents et la transformation de leurs missions officielles en affaires familiales. Mais l’accession au pouvoir semble avoir des vertus amnésiantes bien commodes ! Reste à voir si sa bienheureuse famille ne s’apprête pas, elle aussi, à puiser dans les deniers publics, dans la plus pure tradition de ses prédécesseurs.

Dénonciation pour soumission

Habile manœuvrier, le président d’un quinquennat réduit à cinq mois maîtrise l’art des discours faciles, ajustant son verbe à chaque étape de sa carrière pour séduire son public idéal. La preuve ? Avant même que l’ambassade américaine ne valide son intégration à la bande des neuf sous l’égide de la CARICOM, il ressassait à l’envi, tel un perroquet affamé cherchant à capter l’attention de son gardien : Transition de rupture ! Une rupture, disait-il, inspirée des errements de ces fieffés dirigeants haïtiens corrompus, soumis, menteurs. Face à l’insécurité, il claironne : Budget de guerre ! Mais surtout, ne retenez pas votre souffle : ce budget, en réalité, est réservé au vote de la loi des finances de la prochaine législature.

Cerise sur le gâteau ! Que déclarait-il, dans une vidéo devenue virale ? Qu’il fallait résister à toute ingérence, qu’il ne tolérerait jamais qu’un seul centimètre du sol sacré de Dessalines soit livré à des forces étrangères. Le ton était grave, solennel, empreint d’un patriotisme de façade. Et pourtant, aujourd’hui, ce même Fritz A. Jean, l’homme qui s’autoproclamait de la ‘résistance’ et bannissait 22 produits de la République dominicaine, s’est humblement rendu à l’étranger pour recevoir ses instructions. L’histoire retiendra qu’il n’a même pas eu la dignité d’exiger que ses prestigieux interlocuteurs foulent le sol haïtien. Non, trop dégradant sans doute. Mieux valait un terrain neutre, impeccable et bien entretenu, loin des gravats et du chaos qu’il administre, avec son gouvernement, dans une complaisance totale au profit des gangs-milices.

Mais que faisait-il vraiment en Jamaïque ? Mystère et boule de gomme. Même en coulisses, ses rares partisans, qui grappillent quelques miettes de son pouvoir, ne découvriront son petit désordre jamaïcain qu’au moment où il en appliquera les directives. En attendant, fidèle à lui-même, son Excellence des excellents Fritz A. Jean s’est lancé dans un récit aux allures de superproduction hollywoodienne : drogue, crime transnational, trafic d’organes, corruption, trafic d’armes Mais il a oublié de mentionner le référendum, les élections et la route nationale #3, coupée par un mur à hauteur de Mirebalais, à la manière dun ‘pays lock’. Comme si lui et ses prédécesseurs n’étaient que de simples spectateurs dans un théâtre de marionnettes. Toujours prompts à dénoncer, jamais comptables de rien. Ah, mais sur un point, ils assument pleinement leurs responsabilités : la gestion des canaux par lesquels transitent les liasses de dollars.

Larmes sélectives, mémoire trouée : un président et un PM du flou

À peine arrivé, son premier réflexe, en croisant le regard complice de son Premier ministre déjà courbé sous le poids de la soumission, a été d’exprimer sa profonde émotion pour un policier kényan tué par ceux-là mêmes qui exécutent le fameux budget de guerre. Et les milliers de victimes haïtiennes massacrées par les gangs ? Oubliées. Les familles chassées de leurs foyers ? Invisibles. Les soldats de l’armée et les policiers haïtiens tombés sous les balles assassines ? Insignifiants. Ceci se passe quotidiennement. Mais pour ce policier kényan, incarnation du regard paternaliste de l’Internationale, les larmes ont coulé, sans retenue. Haïti inaugure une nouvelle ère diplomatique : celle de la compassion à géométrie variable

Ce grand stratège, ce ‘Président de la chance qui passe’, parle beaucoup, promet tout, mais ne réalise que la satisfaction de ses propres frustrations. Il nous a offert des mécanismes supposés mettre fin à l’économie de la violence : la fameuse transition de rupture, le redressement économique, le budget de guerre pour la sécurité, la conférence nationale, le référendum du 15 mai 2025, puis les élections du 25 novembre 2025. Aujourd’hui, après sa rencontre avec Marco Rubio, où se joue sans doute l’avenir du pays, rien n’a filtré. Seuls les héritiers Jean détiennent le secret, au nom de la République. Gouverner en Haïti, surtout avec de tels politiciens madrés, c’est, manifestement, ériger l’opacité en principe.

L’avènement de Trump annonce, aux États-Unis, une diplomatie axée sur l’économie et le commerce. Marco Rubio s’est rendu en République dominicaine pour négocier l’exploitation des terres rares. Mais dans le cas d’Haïti, l’ancien gouverneur de la Banque centrale, aujourdhui président du Conseil de Protection des Truands (CPT), est contraint de se déplacer pour s’enquérir de son prochain rôle. Par cet acte, s’est-il rendu complice du bradage et du pillage des ressources du pays ?

Mais après tout, qu’importe les contradictions, les reniements et les amnésies volontaires ? L’essentiel, c’est que la mise en scène se poursuive jusqu’à la prochaine pirouette. N’est-ce pas là un pathétique effort pour exceller dans le mal ? À l’instar du droit, la défaite de la justice et de la vérité n’est jamais définitive.

Somme toute, une lueur d’espoir pointe à l’horizon. À la lecture de la Déclaration du Congrès Patriotique pour le Sauvetage d’Haïti, une solution semble en cours de matérialisation pour une sortie de crise difficile, mais honorable. Peuple souffrant et meurtri, le moment est venu d’entrer en scène !

Grand Pré, 28 Mars 2025

Hugue CÉLESTIN

Membre de : Federasyon Mouvman Demokratik Katye Moren « FEMODEK »

                  Efò Solidarite pou Konstriksyon Altènativ Nasyonal Popilè "ESKANP"

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