« 623 » : Joverlein Moïse rend un hommage intime à son père, quatre ans après l’assassinat de Jovenel Moïse.
Quatre ans jour pour jour après l’assassinat de l’ancien président haïtien Jovenel Moïse, son fils, Joverlein Moïse, lève le voile sur un projet artistique aussi intime que bouleversant. Sa chanson intitulée «623», sortie le 7 juillet 2025, est bien plus qu’un morceau musical : c’est une offrande, un dialogue interrompu devenu prière, un cri silencieux devenu mélodie.
Dans une interview exclusive accordée à Juno7, le jeune artiste revient sur la genèse de ce titre chargé d’émotions. Le choix du chiffre 623 n’est pas anodin : il s’agit des trois premiers chiffres du numéro de téléphone de son père, un numéro qu’il n’a jamais changé, même après son accession à la présidence. «C’était son unique ligne, inchangée, fidèle, confie Joverlein. Et c’est ce même 623 que j’ai composé, sans réponse, dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.»
L’écriture de «623» a commencé moins d’un an après ce drame national, dans l’obscurité d’un home studio, entre insomnies et besoin viscéral d’expression. «La chanson est née ainsi, spontanément, mais elle a mis trois ans à prendre forme.» Trois années de travail introspectif, d’exploration musicale et d’émotions à fleur de peau.
Ce processus créatif, Joverlein le qualifie de thérapeutique, douloureux et libérateur à la fois. Aux côtés de son réalisateur Joël Ferron, lui-même en deuil, il a transformé les séances d’enregistrement en espaces de guérison partagée. «On ne peut pas échapper à une réalité qu’on chante.» Et dans cette vérité musicale, chaque silence, chaque note, chaque mot compte.
Bien que la chanson soit ancrée dans son histoire personnelle, Joverlein n’a pas été seul dans cette aventure. Il a su s’entourer de collaborateurs sensibles à la profondeur du projet. Ensemble, ils ont veillé à ce que la mélodie, les arrangements et les paroles racontent la même histoire : celle d’un amour filial inébranlable, d’un deuil silencieux, et d’une mémoire à transmettre.
Mais au-delà de l’intime, «623» porte un message universel. «L’amour n’est pas une faiblesse, il est un courage, dit-il. Dans une société où pleurer est presque subversif, je veux rappeler qu’il est humain et sain de ressentir. »
Loin de toute intention politique, Joverlein insiste : « Ce n’est pas une chanson politique. C’est une prière. Un murmure d’enfant resté au bout du fil. » Il distingue avec clarté le deuil national du deuil personnel, affirmant que « 623 » est le fruit d’un cheminement intérieur, lent et silencieux.
Quant à la suite, l’artiste est catégorique : cette chanson n’est que le début. Il entend explorer dans ses prochaines œuvres des thèmes aussi variés que l’amour, la perte, les injustices systémiques, et les blessures coloniales. « Ce ne sera pas facile, mais ce sera juste. Et, je l’espère, profondément humain. »
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