Les paradoxes d’un ministre oublié : Le cas du Dr Joseph André Gracien Jean
Toujours marqué par un certain théâtre de la démesure, le contexte politique haïtien vient de révéler une figure jusqu’ici largement méconnue du grand public : Dr Joseph André Gracien Jean, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des questions électorales et constitutionnelles. Une entrée en scène tardive et peu spectaculaire, mais qui a piqué la curiosité des esprits avertis. C’est le 6 janvier que M. Gracien-Jean s’est adressé pour la première fois à la nation dans un communiqué officiel numéroté 001, deux mois après sa nomination.
Dans un style plus proche d’une lettre d’allégeance que d’une déclaration politique, M. Gracien-Jean célèbre les « engagements historiques » du Premier ministre Alix Fils-Aimé. Parmi ces « engagements », l’application prétendument scrupuleuse de l’accord historique du 3 avril 2024. Mais hélas, un tel accord relève plus de la fiction politique que de la réalité juridique, n’ayant jamais été publié au Journal Officiel de la République. Cette omission, volontaire ou non, tend à prouver que ce fameux accord n’est rien d’autre qu’un gadget destiné à masquer le vide institutionnel dans lequel le pays sombre.
Le ministre se félicite également de la remise d’un rapport produit par le « comité de pilotage de la conférence nationale ». Mais il oublie une vérité fondamentale : aucune assemblée ad hoc de vendeurs de conscience ne peut rivaliser avec la souveraineté de l’Assemblée constituante de 1987. Cette dernière, dans sa sagesse, a clairement interdit tout référendum constitutionnel. Dès lors, les velléités de révision ou de réforme par référendum s’apparentent à une remise en cause de l’ordre constitutionnel, voire à un mépris flagrant des principes fondateurs de la République.
La carte Dermalog : une ombre dans le paysage électoral
Le mutisme de M. Gracien-Jean sur la délicate question des cartes Dermalog s’apparente à une ombre portée sur le tableau déjà bien trouble du processus électoral haïtien. Introduite bien avant 2020 sous les auspices d’une prétendue modernisation du système d’identification nationale, cette carte est devenue un véritable foyer de polémiques. Sa légalité vacillante, son mode de distribution contesté et les allégations de corruption qui l’entourent constituent autant de pierres d’achoppement pour toute tentative de crédibiliser le processus électoral.
Passer sous silence un tel sujet, dans un discours pourtant dédié aux élections générales prévues pour 2025, relève soit d’un exercice méthodique d’amnésie stratégique, soit d’une négligence grossièrement inexplicable.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Peut-on réellement envisager un processus électoral initié par un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) dont plusieurs membres sont accusés de corruption et refusent obstinément de démissionner ? Ce panorama éclaire une vérité cruelle : le projet électoral se dessine sur un fond de suspicion et d’irresponsabilité institutionnelle.
Dr. Jean, en chantre d’un futur électoral qu’il présente comme prometteur, a-t-il réellement mesuré l’étendue des contradictions qu’il cautionne par son silence ? Ou bien préfère-t-il détourner les yeux d’une scène politique gangrenée où le scandale et l’impunité rivalisent pour la vedette ?
Un pays pris en otage : gangs et promesses vides
Enfin, parler d’élections dans un contexte où les gangs règnent en maîtres sur une grande partie du pays revient à construire des châteaux en Espagne. L’insécurité galopante, qui touche aussi bien les villes que les campagnes, rend illusoire toute consultation populaire. Pourtant, ni les gangs ni la violence systémique ne figurent dans le communiqué ministériel.
Les propos de M. Gracien Jean, pour flous qu’ils soient, reflètent une réalité plus profonde : celle d’une classe dirigeante qui ne respecte plus les fondements mêmes de l’Etat.Il faut apprendre à se respecter pour être respecté et éviter de se faire traiter de « con » par le tuteur de son tuteur.
En s’exprimant enfin, le ministre Joseph André Gracien Jean a certes levé un coin du voile sur ses intentions. Mais ses omissions, ses contradictions et son aveuglement volontaire laissent à penser que cette première sortie officielle sera aussi l’une des dernières à recevoir le moindre signe d’attention de la part du public. En politique comme en littérature, il ne suffit pas de parler, il faut dire quelque chose.
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