En Colombie, le président Gustavo Petro a déclaré l’état d’urgence ce lundi (20 janvier 2025) face à la soudaine flambée de violence entre groupes armés qui a forcé 32.000 personnes à fuir.
5.000 soldats sont mobilisés dans le Nord-Est, où se trouve le fief des guérillas marxistes, pour tenter de rétablir l’autorité de l’État.
En six jours, les affrontements pour le contrôle de territoires, de lucratives plantations de coca et de routes du trafic de drogue ont fait plus de 100 morts dans trois régions de Colombie.
C’est dans la région montagneuse du Catatumbo, frontalière du Venezuela, qu’il y a le plus de victimes. Les familles déplacées, notamment des militants qui avaient signé l’accord de paix de 2016 ont peu de solutions de repli.
« C’est inhumain, la manière dont sont logées ces personnes », témoigne Marli Acosta, est une activiste qui dirige la fondation Mujer Popular Catatumbo. Elle a déjà été menacée et séquestrée par un groupe armé l’année dernière (2024), et elle aide 50 familles qui ont dû être relogées : « Elles vivent à même le sol, et c’est le cas aussi pour les enfants qui n’ont pas de couvertures. Il y a des gens malades, qui ne bénéficient pas d’aide humanitaire. Le gouvernement national et les autorités locales n’aident pas ces personnes. Ils les laissent pratiquement à l’abandon. »
Mathilde Allain : « La plupart des groupes armés en Colombie vivent avec le trafic de drogue »
Mathilde Allain, maîtresse de conférences en Sciences politiques à l’Institut des Hautes études de l’Amérique latine et chercheuse au Centre de recherche et de documentation sur les Amériques était l’invitée de RFI. Elle explique les dynamiques à l’intérieur des groupes armés qui s’affrontent pour contrôler les territoires liés au trafic de drogue : « La guérilla de l’ELN est l’une des plus anciennes depuis la démobilisation des FARC. Dans le Catatumbo, elle a mené une opération contre l’une des dissidences de la guérilla des FARC pour le contrôle des ressources. La plupart des groupes armés en Colombie vivent avec le trafic de drogue. C’est l’une des sources premières de financement de ces groupes armés. Depuis un certain temps, on voyait que les tensions montaient entre ces deux groupes. Les premières victimes de cette attaque sont les civils »
Pour de nombreux Colombiens, les récents affrontements, les pires dans le pays depuis des années, rappellent la guerre civile qui a fait environ 450.000 morts en plus d’un demi-siècle.
« Depuis la signature des accords de paix en 2016 entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC, il y a une fragmentation importante des groupes armés dans le pays », poursuit Mathilde Allain, « Il y a les groupes liés à des structures de guérilla, et d’autres issus d’anciens groupes paramilitaires qui sont des bandes armées criminelles qui se réunissent ponctuellement pour organiser le trafic de drogue. » « La plupart de ces armées non étatiques commettent des massacres, et cherchent à assoir leur pouvoir territorial, l’objectif premier étant de contrôler le trafic de drogue et notamment le trafic de coca qui est très important dans cette région du Catatumbo ».
Dans ce contexte, le président colombien Gustavo Petro a décidé de suspendre les négociations de paix engagées avec l’ELN. Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le président colombien peine à parvenir à de véritables accords de paix avec les guérillas, les gangs et les groupes de narcotrafiquants, ce qui lui vaut d’être taxé par ses détracteurs de mollesse à l’égard des insurgés.
Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump : « Nous sommes dans une guerre de l’information »
Aux États-Unis, le retour de Donald Trump au pouvoir ne s’est pas fait sans sa base MAGA, de son slogan Make America great again, porté par des centaines d’influenceurs, d’animateurs de podcasts qui lui sont entièrement dédiés et qui véhiculent la version mensongère de Donald Trump sur la présidentielle de 2020 perdue. Tous ces messages sont lus, vus, entendus par des dizaines de millions d’abonnés.
Notre envoyé spécial à Washington DC, David Thomson a rencontré l’un des plus influents d’entre eux. L’ancien stratège de Donald Trump et militant d’extrême-droite Steve Bannon.
The War Room, son podcast qui est diffusé en direct chaque jour est l’un des plus suivis par sa base. Il dure 4 heures et prend pour cible les médias traditionnels.
« Nous sommes dans une guerre de l’information », dit Steve Bannon, « Si le War Room est aussi puissant c’est parce qu’on l’ouvre à la base. C’est une émission populaire. C’est un spectacle. C’est une émission populiste et nationaliste. C’est comme si le Front national chez vous avait une grande émission de quatre heures par jour, avec des personnes qui n’ont pas la possibilité de se faire entendre ailleurs. La raison pour laquelle l’émission est si puissante, c’est qu’elle s’adresse aux sans voix, c’est pour ça qu’elle marche aussi bien ». Le podcast a été lancé en 2019, 2 ans après le départ de Steve Bannon de la Maison Blanche. C’est durant la pandémie de Covid qu’il est devenu l’un des hommes les plus influents auprès des partisans de Donald Trump en dénonçant les restrictions sanitaires et les obligations vaccinales.
« On a été les premiers à couvrir la pandémie », s’enorgueillit Steve Bannon, « les premiers sur le mouvement anti-vaccins, les premiers à dénoncer le vol de l’élection de 2020, les premiers aussi à demander l’arrêt de tout financement à l’Ukraine et l’arrêt de l’invasion migratoire de l’Amérique, mais aussi de l’invasion de l’Europe. En France, vous allez avoir une guerre civile dans quelques années ».
L’actualité des Outre Mer avec la 1ère
En Martinique, deuxième journée de procès ce mercredi (22 janvier 2025) pour le leader du « R-Prak » Rodrigue Petitot avec Benoît Ferrand.