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Christ-Roi et Delmas 32 : la solidarité citoyenne et les brigades permettent à ces zones de rester debout face aux assauts répétés des gangs

today2025-07-12

Christ-Roi et Delmas 32 : la solidarité citoyenne et les brigades permettent à ces zones de rester debout face aux assauts répétés des gangs
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Malgré les assauts répétés des groupes armés, la solidarité citoyenne et les brigades locales permettent à ces zones stratégiques de rester debout, au prix de lourds sacrifices.

Depuis plusieurs mois, les quartiers de Christ-Roi et Delmas 32, situés dans la capitale haïtienne, font l’objet d’une pression constante de la part des groupes armés qui cherchent à élargir leur territoire. Véritables zones stratégiques, notamment pour leur proximité avec les axes menant à Lalue, Bourdon et Canapé-Vert, ces quartiers résistent malgré l’intensité des attaques, grâce à la mobilisation citoyenne.

Des habitants, qui ont accepté de témoigner sous couvert d’anonymat à des journalistes de Juno7, décrivent un quotidien rythmé par l’angoisse et la vigilance. Ils affirment que c’est grâce à la solidarité entre voisins et à la mise en place de brigades locales de surveillance que Christ-Roi et Delmas 32 n’ont pas cédé face à l’assaut des gangs. Ces brigadiers, armés de détermination, sillonnent les rues à la recherche de visages inconnus, prêts à défendre les points névralgiques de leurs communautés.

 » Nou pa gen zam tankou yo, men nou gen kouraj. Nou ap defann sa ki pou nou, paske nou pa gen lòt kote pou n ale« , confie un brigadier de Christ-Roi.

Dans ces quartiers, la peur est devenue une compagne quotidienne. Les échanges de tirs sont fréquents : parfois ce sont des affrontements entre les brigadiers et les gangs, parfois ce sont les agents de l’ordre qui mènent des interventions ponctuelles à travers des véhicules blindés. Mais trop souvent, ce sont les gangs eux-mêmes qui sèment la terreur, causant des morts et des blessés parmi les civils.

Malgré les risques, certains habitants refusent de fuir. Certains y voient un acte de résistance face à l’oppression, d’autres n’ont simplement pas les moyens de s’établir ailleurs. Les zones plus sûres, comme Haut-Delmas ou Pétion-Ville, sont devenues inaccessibles pour les familles à revenus modestes. Résultat : des familles restent sur place, parfois au péril de leur vie, tandis que d’autres abandonnent maisons et souvenirs pour fuir l’enfer.

« On n’a pas d’autre choix que de rester ici. On ne dispose d’aucun autre endroit où se réfugier. Les logements situés à Delmas ou Pétion-Ville coûtent trop cher. On ne vaut pas moins que les bandits, alors pourquoi ce serait toujours à nous de fuir ? Et puis, fuir pour aller où ? », s’interroge un jeune.

De loin, à Delmas 30, le constat est alarmant : maisons vides, rues désertées, voitures calcinées. Une véritable hémorragie sociale. Et pourtant, au cœur de cette désolation, des poches de résistance s’organisent et refusent de baisser les bras.

« Si nous abandonnons la lutte contre les gangs, ils auront gagné. Nous devons continuer à les affronter, coûte que coûte, jusqu’à notre dernier souffle. Mais comme nous ne pouvons pas tous tomber, nous finirons par triompher, ne serait-ce que pour offrir aux plus vulnérables un espace où ils pourront vivre dans la dignité », a déclaré un brigadier.

Les gangs, eux, poursuivent leur objectif : essayer de prendre le contrôle de Delmas 32 et Christ-Roi, des axes essentiels pour leur progression vers Canapé-Vert. La bataille pour ces territoires semble dépasser la simple logique de domination : elle répond sûrement à une stratégie d’expansion territoriale qui leur permettrait de connecter plusieurs quartiers déjà conquis.

Pendant ce temps, la population dénonce l’inaction des autorités. Les institutions républicaines, censées garantir la sécurité, semblent incapables ou peu enclines à agir de manière décisive. Les policiers envoyés sur place sont souvent en sous-effectif ou sous-équipés. Des véhicules blindés ont été détruits, des agents ont perdu la vie, et des bâtiments publics comme des écoles, des hôpitaux, des hôtels et des universités ont été incendiés.

« On ne peut plus faire confiance aux autorités. Ce chaos aurait pu être évité si l’État avait pris ses responsabilités dès le début, en rétablissant l’ordre à Martissant, Grand-Ravine ou encore La Saline, lorsque les gangs ont commencé à semer la terreur. Aujourd’hui, des quartiers comme Solino, Nazon, des communes comme Kenscoff, Croix-des-Bouquets ne seraient pas en ruine si les autorités avaient agi à temps. La présence des brigadiers dans les quartiers n’est que le symptôme d’un État défaillant, totalement absent, dirigé par des responsables incompétents« , déclare un père de famille de 48 ans.

Christ-Roi et Delmas 32 incarnent aujourd’hui le courage d’une population laissée à elle-même, qui, en l’absence de protection institutionnelle, choisit de s’unir pour faire front commun contre les bandits. Leur combat symbolise la résilience haïtienne, mais il met aussi cruellement en lumière l’effondrement d’un État démissionnaire face à la montée des groupes armés.

Christ-Roi et Delmas 32 : la solidarité citoyenne et les brigades permettent à ces zones de rester debout face aux assauts répétés des gangs

Photo: Ody Bien-Eugène | Juno7

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Écrit par: Viewcom04

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