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RADIO DROMAGE
« À la solde de qui agissent-ils ? » : la Conférence Épiscopale d’Haïti exige la vérité sur les forces occultes derrière la destruction systématique du pays. Dans cette dynamique de délitement institutionnel, certains membres du Conseil Électoral Provisoire (CEP), par leur insistance à promouvoir un référendum dépourvu de légitimité et de consensus national, s’inscrivent également dans une logique de fragilisation de l’ordre constitutionnel. Leur obstination à violer les principes fondamentaux de la Constitution haïtienne les place parmi les acteurs susceptibles de contribuer à la désintégration progressive de l’État et de la société.
À la faveur de l’entrée dans le temps liturgique du Carême 2025, la Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) a rendu public un message d’une rare gravité, articulant une réflexion spirituelle profonde à une analyse sans concession de la situation politique, sociale et morale du pays. Ce texte, à la fois appel à la conversion intérieure et dénonciation des mécanismes systémiques de destruction qui minent la nation, s’impose comme une parole prophétique dans un contexte de désagrégation accélérée de l’État et de la société haïtienne.
Le Carême, un chemin spirituel inscrit dans une tragédie nationale
La CEH inscrit immédiatement la démarche pénitentielle du Carême dans la trame d’une histoire collective marquée par la souffrance. À l’image du peuple d’Israël traversant le désert, les Haïtiens vivent, selon les évêques, « une souffrance indescriptible marquée par l’horreur des violences, la tyrannie des groupes armés et l’indifférence ou l’impuissance de ceux qui devraient garantir la justice et la paix ». Ce parallèle biblique confère à la crise actuelle une dimension spirituelle et historique, soulignant la permanence de l’oppression dans l’histoire des peuples, mais aussi la promesse d’une libération.
Dans cette optique, le Carême ne se réduit pas à un exercice personnel de purification intérieure ; il devient un chemin collectif de vérité et de responsabilité, une invitation à reconnaître les complicités passives ou actives ayant permis l’émergence d’un État failli, incapable d’assurer ses fonctions régaliennes les plus élémentaires.
Une radiographie sans complaisance de la gouvernance haïtienne
Le message des évêques dresse un état des lieux d’une extrême sévérité. Ils dénoncent la destruction « systématique et organisée » des infrastructures sanitaires et éducatives, signe d’une volonté délibérée de précariser les conditions de vie des citoyens les plus vulnérables. À cette guerre contre les structures s’ajoute une guerre contre la vie elle-même, symbolisée par cet acte d’une violence inouïe évoqué dans le texte : « arracher violemment un bébé des mains de sa mère et le jeter dans les flammes ». Cette image insoutenable, au-delà de sa charge émotionnelle, illustre une forme de barbarie où la dignité humaine est totalement abolie.
L’un des apports majeurs de ce message réside dans les questionnements qu’il formule quant à l’origine et à la protection dont bénéficient ces forces destructrices. Les évêques interrogent directement : « De qui sont-ils donc les mains assassines ? À la solde de qui agissent-ils en mettant en œuvre ce projet de destruction de notre chère patrie ? » Ce questionnement, par sa frontalité, invite à dépasser l’explication simpliste de la délinquance endémique pour interroger les mécanismes de collusion entre segments de l’appareil d’État, groupes criminels et intérêts économiques occultes.
De la responsabilité individuelle à la responsabilité collective
La force du message épiscopal tient également à sa capacité à relier la crise de la gouvernance à une crise morale plus large. Chaque citoyen est invité à un examen de conscience, à interroger sa propre posture face au mal qui ronge la société : « Ai-je laissé l’indifférence ou la peur m’empêcher d’être un artisan de paix ? ». Ce déplacement du regard, du macro (les défaillances de l’État) au micro (les choix individuels), souligne la nécessité d’une refondation éthique collective, seule capable d’engendrer une culture de la responsabilité et de la justice.
La corruption, l’injustice structurelle et la pauvreté endémique sont ainsi pensées comme les matrices profondes d’une violence qui ne se limite pas aux seuls actes des groupes armés. C’est toute la société haïtienne qui se trouve ainsi convoquée à une conversion collective, à une réappropriation de la notion de bien commun, trop souvent sacrifiée sur l’autel d’intérêts particuliers.
L’espérance chrétienne, moteur d’un engagement concret
Face à cette déliquescence généralisée, la CEH ne se contente pas de décrire ou de dénoncer. Elle propose une espérance active, inséparable d’un engagement concret. Loin de tout fatalisme, les évêques rappellent que « l’espérance chrétienne ne consiste pas à attendre passivement que le mal disparaisse. Elle est un appel à construire, dans la foi et la justice, une société où la vie est respectée, où le droit prime sur la force brutale ». Cette articulation entre foi et action traduit une théologie de l’engagement où la prière nourrit l’action et vice versa.
Dans cette perspective, le Carême devient un temps de combat spirituel et d’action solidaire, où chaque communauté chrétienne est appelée à se mobiliser pour prier, mais aussi pour soulager les victimes et accompagner les plus vulnérables. Ce double mouvement, vertical (prière) et horizontal (solidarité), traduit une vision intégrale de la foi chrétienne, inséparable de la promotion de la justice et de la dignité humaine.
Une parole prophétique dans une nuit de détresse
En définitive, ce message de la CEH s’impose comme une parole prophétique, au sens où il nomme la réalité sans fard, dénonce les complicités silencieuses et appelle à une véritable conversion nationale. Il ne se contente pas de rappeler les exigences éthiques de l’Évangile ; il inscrit la foi dans la chair douloureuse de l’histoire haïtienne, affirmant que le chemin pascal passe par la reconnaissance de la vérité et la construction d’une justice authentique.
À rebours d’un discours religieux réductible à la consolation ou à l’évasion spirituelle, la Conférence Épiscopale d’Haïti affirme une conception exigeante de la foi comme moteur d’une transformation sociale et politique. En cela, elle s’inscrit dans la grande tradition de l’Église comme conscience critique face aux dérives du pouvoir et gardienne inlassable de la dignité de chaque être humain.
cba
Message de la Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) pour le Carême 2025 :
MESSAGE DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D’HAÏTI (CEH)
POUR LE CARÊME 2025
AUX PRÊTRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES, AUX FIDÈLES LAÏCS, AUX HOMMES ET FEMMES DE BONNE VOLONTÉ
Pèlerins de l’espérance, marchons vers la lumière de la Pâque du Seigneur.
Avançons ensemble, comme pèlerins de l’espérance, vers cette Pâque qui annonce la victoire de la vie sur la mort.
Que Notre-Dame du Perpétuel Secours, Mère de notre peuple, nous accompagne et intercède pour nous !
Donné à Lilavois, au Siège de la CEH, le 3 mars 2025.
Signataires :
The post Carême 2025 : un cri d’alarme des évêques haïtiens face à la descente aux enfers du pays first appeared on Rezo Nòdwès.
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