Au Brésil, les sanctions contre Jair Bolsonaro se renforcent : l’ancien président, en procès pour tentative de coup d’État, vient d’être assigné à résidence par le tribunal suprême. Son tort est de s’être exprimé sur les réseaux sociaux, ce qui lui était formellement interdit.
«Bolsonaro pourra-t-il rencontrer sa femme ? Parler au téléphone ? Aller chez le médecin ?» Le grand journal O Globo décortique le nouveau quotidien de l’ancien homme fort du Brésil, dont les gestes sont de plus en plus limités. Jair Bolsonaro pourra voir sa femme Michelle, sa fille et belle-fille, rassure O Globo, car elles vivent avec lui. Mais ses autres enfants devront demander une autorisation, qui sera certainement refusée dans le cas de son fils Eduardo, accusé également dans ce procès. Jair Bolsonaro pourra sortir chez le médecin, mais pas utiliser de téléphone, ni s’entretenir avec des responsables étrangers, ce qui est compréhensible étant donné l’énorme pression exercée par Washington dans ce dossier. Les nombreux juristes interrogés par O Globo estiment que cette sanction est logique, car Jair Bolsonaro a ouvertement violé les règles édictées par la justice. Et il pourrait rester assigné à résidence jusqu’à la fin de son procès, voire emprisonné dans un bâtiment militaire s’il ne respecte pas cette nouvelle sanction.
D’autres médias brésiliens sont plus exaspérés.
«Nous vivons sous la dictature d’une Cour suprême, où un juge peut décider ce qu’il veut sans aucune limite, tonne un éditorialiste dans le Folha de Sao Paolo. Loin d’être un adorateur de Bolsonaro, cet économiste assure que «la place d’un putschiste comme lui est bien en prison» mais que le juge Moraes va trop loin. «Il est à la fois victime, enquêteur et juge. Et punit sévèrement ceux qui lui désobéissent», dénonce-t-il. Le zèle du juge était nécessaire pour contrer la dérive autoritaire de Bolsonaro, quand il était au pouvoir, mais il doit maintenant s’arrêter. Sauf que la puissance est devenue une drogue pour le juge : «Le problème des pouvoirs exceptionnels est qu’une fois passée la menace qui justifiait leur utilisation, ils ont tendance à se maintenir», s’inquiète l’éditorialiste brésilien.
En Argentine, veto pour empêcher l’augmentation des retraites
Le président ultralibéral Javier Milei refuse cette réforme pour la 2è fois, et empêche donc la promulgation de la loi qui permettait cette augmentation. Une décision cruelle pour les intéressés. «Le niveau des retraites est très bas, rapporte la syndicaliste argentine Sandra Zapatero . Il est en-dessous du niveau de la pauvreté, et l’augmentation prévue est minime. Les retraités pourraient peut-être s’acheter 3 kilos de pain en plus… c’est rien ! Les retraités vivent leur pire moment de l’histoire. »
Cela n’émeut pas le président argentin, qui a promis de redresser les comptes publics de manière drastique. Avec une efficacité comptable, car ces comptes ont terminé la dernière année fiscale en excédent, pour la 1ère fois depuis 14 ans, grâce à une baisse de 27% des dépenses de l’État. Pour Javier Milei, accepter ces augmentations des retraites ferait donc «couler l’Argentine au fond de la rivière», illustre une éditorialiste du quotidien La Nacion. Pour le président, «ce veto n’est donc pas cruel, mais responsable. Et le président est prêt à en payer le coût politique». Toutefois, cette posture est affaiblie par un autre dossier : la présidence vient d’octroyer d’importants allégements fiscaux aux entreprises de la Terre de feu, au sud du pays. «Pourquoi ce gouvernement libertarien qui dérégule et se désengage vient soudainement en soutien à ces entrepreneurs?», s’interroge cette chroniqueuse.
En Amérique latine, les entrepreneuses peinent à recevoir des financements
Ces femmes d’affaires dirigent de petites et moyennes entreprises d’Amérique latine, créent des emplois, mais manquent de soutien: leurs entreprises ne reçoivent que 1% des aides publiques ou des crédits, révèle El Pais. Mais cela change doucement : le correspondant régional rapporte qu’en Colombie et au Paraguay, des grands groupes cherchent à diversifier leurs fournisseurs, et aident les sociétés dirigées par des femmes, entre autres, car elles sont perçues comme plus résilientes financièrement. Des formations sont aussi offertes à ces entrepreneuses pour qu’elles améliorent leur réseau, et sortent de leur marginalisation traditionnelle. L’égalité est encore loin, mais quand les entreprises voient des avantages économiques à favoriser les femmes, on peut considérer qu’on est sur une bonne voie.
En Haïti, l’aide aux déplacés est insuffisante
1,3 million de personnes sont déplacées par les violences en Haïti, selon l’ONU. L’État distribue des chèques de 100 000 gourdes (720 euros) à ces personnes pour les aider à se reloger, mais cette somme est dérisoire par rapport aux prix des loyers, et du reste, beaucoup ne peuvent pas rentrer à cause de la fermeture des routes nationales par les bandits. Reportage de notre correspondant à Port-au-Prince, Peterson Luxama.
Sur la trace des bouteilles en plastique qui polluent nos côtes
Ce mardi s’ouvre, à Genève, les négociations finales pour aboutir à un accord international pour lutter contre la pollution plastique. Des chercheurs de l’Université de Barcelone, en collaboration avec l’Université catholique du nord du Chili, ont réalisé une enquête inédite sur l’origine des bouteilles en plastique. Ils ont analysé plus de 12 000 kilomètres de côtes dans dix pays d’Amérique latine. Nemo Lecoq-Jammes s’est entretenu avec l’un d’eux. Miquel Canals est directeur du groupe de recherche en géosciences marines de la Faculté des sciences de la Terre de l’Université de Barcelone. Entretien.