États-Unis : un ancien maire haïtien risque jusqu’à 10 ans de prison pour fraude à l’immigration
Condamné pour avoir dissimulé son passé violent, Jean Morose Viliena sera fixé sur son sort en juin prochain
Boston, 28 mars 2025 — L’ancien maire de la commune de Les Irois, dans le sud-ouest d’Haïti, Jean Morose Viliena, a été reconnu coupable vendredi par un jury fédéral de fraude à l’immigration aux États-Unis. L’ex-élu, aujourd’hui résident du Massachusetts, encourt une peine maximale de dix ans d’emprisonnement, trois années de mise à l’épreuve et une amende pouvant atteindre 250 000 dollars.
Selon le ministère américain de la Justice, Viliena a obtenu frauduleusement sa carte de résident permanent (Green Card) en niant, lors de sa demande de visa en 2008, toute implication dans des violences politiques et extrajudiciaires en Haïti. Or, les témoignages entendus au procès ont mis au jour une série d’exactions graves perpétrées sous sa direction alors qu’il était maire de Les Irois, entre 2006 et 2010, et proche du groupe politique armé Korega.
Une double vie entre violence politique et intégration aux États-Unis
Les faits rapportés sont glaçants. En juillet 2007, un témoin qui avait pris la parole dans une audience publique aurait vu son frère exécuté et mutilé par Viliena et ses hommes, en représailles. En avril 2008, l’ancien maire aurait également mené une attaque armée contre une station de radio communautaire qui critiquait sa gestion. Deux personnes furent gravement blessées : l’une perdit une jambe, l’autre fut aveuglée d’un œil après avoir reçu des tirs de fusil.
Pour les autorités américaines, ces actes sont incompatibles avec toute possibilité de résidence légale. « Aujourd’hui, un jury a reconnu que Jean Morose Viliena avait menti pour entrer aux États-Unis après avoir commis des actes de violence indicibles en Haïti », a déclaré Matthew Galeotti, chef de la division criminelle du ministère de la Justice.
Le procès, tenu au Massachusetts, a pu s’appuyer sur le témoignage courageux de victimes venues relater devant le tribunal les agressions subies. « Ce verdict prouve que fuir ses crimes et mentir aux autorités fédérales finit par vous rattraper », a affirmé la procureure Leah B. Foley.
Un signal fort contre les criminels en fuite
Cette affaire, soutenue par le programme fédéral Operation Take Back America, s’inscrit dans une offensive plus large des États-Unis visant à traquer les auteurs de violations des droits humains réfugiés sur leur territoire. « Nous ne permettrons pas que ce pays serve de refuge aux criminels de guerre ou aux auteurs de répressions politiques », a précisé Michael Krol, responsable régional des services de l’immigration et des enquêtes de sécurité intérieure.
Viliena, dont la peine sera prononcée le 20 juin prochain, est le dernier en date d’une série de responsables étrangers jugés pour avoir tenté d’échapper à la justice de leur pays sous couvert de naturalisation ou de statut de réfugié.
Si cette condamnation ne peut réparer les torts causés aux victimes haïtiennes, elle ouvre toutefois la voie à un possible processus de reconnaissance des crimes politiques commis en toute impunité dans les zones reculées d’Haïti. Reste à savoir si cette procédure judiciaire, initiée à des milliers de kilomètres des faits, pourra inspirer une dynamique plus large de lutte contre l’impunité sur le sol haïtien.
source : US Justice Department
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