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RADIO DROMAGE
La chanson Istwa senk jèn gason ki pran lanmè, interprétée par l’artiste haïtien Bélo, s’inscrit dans une tradition d’engagement artistique propre à la chanson haïtienne contemporaine. En apparence, le texte relate le départ en mer de cinq jeunes hommes cherchant une vie meilleure ailleurs. Cependant, au-delà de l’anecdote individuelle, l’œuvre met en lumière un phénomène social massif : l’exode des Haïtiens, contraints par la misère, l’instabilité politique et l’absence de perspectives socio-économiques. Cette étude vise à analyser la portée littéraire et philosophique de la chanson, tout en l’inscrivant dans le contexte haïtien actuel.
I. Dimension littéraire et poétique
Bélo recourt à une structure narrative qui associe récit et refrain. Le texte s’ouvre sur une histoire singulière – celle de cinq jeunes – mais se dilate progressivement vers l’expérience collective du peuple haïtien. Le refrain plaintif (“Ouh-ouh-ouh”) agit comme une litanie universelle, traduisant la douleur ineffable de l’exil.
Le champ lexical de la souffrance (mizè, dezespwa, kè sote, plenyen) oppose la dureté de la vie en Haïti à l’incertitude périlleuse de la mer. Par ailleurs, l’énumération de catégories sociales – paysans, étudiants, professeurs, musiciens – illustre la fuite des forces vives, soulignant le caractère transversal du phénomène migratoire.
La chanson est donc une élégie collective, où l’exil se transforme en destin partagé, dépassant le cas particulier pour devenir allégorie nationale.
II. Dimension philosophique
La chanson soulève des interrogations d’ordre existentiel. La formule “k al chache ki bò lavi fè kwen” traduit une quête de sens : les migrants ne cherchent pas seulement un espace géographique, mais un lieu où la vie serait vivable et digne.
Dans ce choix de partir, s’exprime la tension entre déterminisme social et liberté individuelle. Les protagonistes sont “oblige” de quitter leur pays, contraints par la misère ; pourtant, leur décision de prendre la mer, au risque de la mort, manifeste un refus de la résignation et une affirmation d’espérance.
La mer, quant à elle, fonctionne comme métaphore de l’infini et de l’incertitude. Elle représente à la fois le danger et la possibilité de salut, symbolisant la condition humaine prise entre nécessité et liberté.
III. Portée sociopolitique et actualité haïtienne
L’œuvre de Bélo prend toute sa signification dans le contexte haïtien contemporain. Depuis plusieurs décennies, Haïti connaît une vague migratoire massive, souvent matérialisée par les “boat people” cherchant à rejoindre les côtes américaines ou caribéennes. La chanson en devient un miroir artistique, rendant compte du désespoir des jeunes privés de perspectives.
En énumérant les catégories sociales qui quittent le pays, Bélo dénonce explicitement le phénomène de la fuite des cerveaux, symptôme d’un État défaillant. L’expression “Peyi a kraze” se présente comme un diagnostic sans appel de la situation nationale : l’effondrement institutionnel et socio-économique pousse les citoyens à l’exil, vidant le pays de ses ressources humaines les plus précieuses.
Conclusion
À travers Istwa senk jèn gason ki pran lanmè, Bélo transforme une réalité tragique – la migration clandestine des Haïtiens – en chant poétique et critique sociale. La chanson conjugue récit particulier et portée universelle, lyrisme et dénonciation. Elle s’inscrit ainsi dans la tradition d’une chanson engagée qui, au-delà du divertissement, assume une fonction de témoignage et d’alerte. Par sa force évocatrice, l’œuvre rappelle que l’exil n’est pas un simple déplacement géographique, mais une expérience existentielle et collective révélatrice de la faillite d’un pays.
La chanson soulève des interrogations d’ordre existentiel. La formule “k al chache ki bò lavi fè kwen” traduit une quête de sens : les migrants ne cherchent pas seulement un espace géographique, mais un lieu où la vie serait vivable et digne.
Dans ce choix de partir, s’exprime la tension entre déterminisme social et liberté individuelle. Les protagonistes sont “oblige” de quitter leur pays, contraints par la misère ; pourtant, leur décision de prendre la mer, au risque de la mort, manifeste un refus de la résignation et une affirmation d’espérance.
La mer, quant à elle, fonctionne comme métaphore de l’infini et de l’incertitude. Elle représente à la fois le danger et la possibilité de salut, symbolisant la condition humaine prise entre nécessité et liberté.
II. Portée sociopolitique et actualité haïtienne
L’œuvre de Bélo prend toute sa signification dans le contexte haïtien contemporain. Depuis plusieurs décennies, Haïti connaît une vague migratoire massive, souvent matérialisée par les “boat people” cherchant à rejoindre les côtes américaines ou caribéennes. La chanson en devient un miroir artistique, rendant compte du désespoir des jeunes privés de perspectives.
En énumérant les catégories sociales qui quittent le pays, Bélo dénonce explicitement le phénomène de la fuite des cerveaux, symptôme d’un État défaillant. L’expression “Peyi a kraze” se présente comme un diagnostic sans appel de la situation nationale : l’effondrement institutionnel et socio-économique pousse les citoyens à l’exil, vidant le pays de ses ressources humaines les plus précieuses.
À travers Istwa senk jèn gason ki pran lanmè, Bélo transforme une réalité tragique – la migration clandestine des Haïtiens – en chant poétique et critique sociale. La chanson conjugue récit particulier et portée universelle, lyrisme et dénonciation. Elle s’inscrit ainsi dans la tradition d’une chanson engagée qui, au-delà du divertissement, assume une fonction de témoignage et d’alerte. Par sa force évocatrice, l’œuvre rappelle que l’exil n’est pas un simple déplacement géographique, mais une expérience existentielle et collective révélatrice de la faillite d’un pays.
James SAINT GERMAIN
Sociologue
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