Lupita Nyong’o dénonce la violence récurrente au Kenya : un appel à la mémoire et à la justice
L’actrice primée aux Oscars, Lupita Nyong’o, a récemment pris position contre la répression sanglante des manifestations au Kenya, exprimant son désarroi face à la récurrence de violences politiques dans son pays natal. Lors de son interview avec la BBC, elle a tracé un parallèle inquiétant entre les méthodes employées par l’actuel gouvernement et celles de l’ancien régime dictatorial de Daniel arap Moi, sous lequel sa propre famille a souffert. « C’est glaçant de voir que les tactiques répressives que j’avais cru enterrées dans le passé ressurgissent avec une telle brutalité, » a-t-elle affirmé avec émotion.
La répression des manifestations contre les nouvelles mesures fiscales, marquée par l’usage excessif de la force policière, fait écho à une époque sombre de l’histoire politique du Kenya. Nyong’o, dont le père, Anyang’ Nyong’o, fut emprisonné et torturé pour son activisme sous Moi, incarne la mémoire vivante des violences passées. Son témoignage personnel donne du poids à sa dénonciation, rappelant que le cycle de la répression, autrefois jugé révolu, persiste. En évoquant la disparition tragique de son oncle, probablement assassiné pour son engagement politique, elle réaffirme l’importance de ne pas oublier les leçons de l’histoire : « L’histoire ne devrait pas se répéter ainsi. »
Malgré les déclarations du gouvernement actuel, qui tente de minimiser l’ampleur de la violence en affirmant que « seules les statistiques officielles de la police sont valides », la réaction populaire, notamment celle de la jeunesse, met en lumière un malaise plus profond. Nyong’o a exprimé son soutien indéfectible à cette génération de manifestants, décrivant leur courage comme essentiel pour bâtir un Kenya différent. « Je suis profondément reconnaissante envers ces jeunes qui, au péril de leur vie, défendent un avenir meilleur pour leur pays. »
Dans une démarche de résistance culturelle, Nyong’o utilise aussi son art pour donner la parole aux histoires méconnues de l’Afrique à travers son podcast Mind Your Own. Si cet espace est avant tout dédié à des récits « insolites » et « inattendus », elle y a inséré un épisode poignant où elle relate les épreuves vécues par son père et d’autres « pères de la liberté » qui se sont battus pour la démocratie au Kenya. Elle souligne l’importance de diversifier les récits africains et de ne pas limiter le continent à des clichés de violence ou de pauvreté, tout en reconnaissant que certains combats, comme ceux pour la justice et les droits humains, restent incontournables.
Nyong’o rappelle que la répression contre les manifestants actuels n’est pas qu’une affaire de gouvernance, mais qu’elle touche au cœur même de l’identité et de la mémoire du Kenya. « Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes », déclare-t-elle, marquant ainsi le paradoxe d’une nation en quête de changement, mais rattrapée par ses vieux démons. Alors que le gouvernement promet des réformes et regrette les pertes humaines, les actions brutales contre les manifestants révèlent une fracture profonde entre les promesses politiques et la réalité vécue sur le terrain.
La voix de Lupita Nyong’o, associée à ses expériences familiales, résonne ainsi comme un puissant plaidoyer pour la justice et la dignité, et une invitation à se souvenir des leçons du passé pour mieux construire l’avenir.
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