Listeners:
Top listeners:
RADIO DROMAGE
Dans un Haïti dévasté par la violence des gangs et l’inaction des autorités, un drame particulièrement choquant s’est produit à Mirebalais. Deux religieuses, sœur Jeanne Voltaire et consœur Evanette Onezaire, ont été lâchement assassinées alors qu’elles tentaient de fuir un assaut armé. La famille de l’une des victimes, le professeur Ronald Chouloute, revient sur les circonstances tragiques de cet événement. Dans cet entretien, il nous livre son témoignage poignant et dénonce le silence assourdissant des institutions étatiques et religieuses. Un silence qui semble être la norme dans un pays où l’ordre social est devenu une illusion. À travers ses propos, l’entretien éclaire une dimension de la crise haïtienne trop souvent ignorée : celle de l’indifférence collective face à l’horreur.
L’Edito du Rezo qui suit interroge cette passivité et plaide pour une prise de conscience immédiate. Au-delà du constat d’échec des autorités, il invite à réfléchir sur l’avenir d’un pays où même la mort semble être abandonnée à son propre sort.
Rezo Nòdwès : Bonsoir Maître Chouloute. Merci d’avoir accepté cet entretien. Pourriez-vous nous dire exactement ce qui s’est passé à Mirebalais, notamment en ce qui concerne les deux religieuses?
Ronald Chouloute : Bonsoir Rezo Nòdwès. Je suis Maître Chouloute. C’est avec stupéfaction que nous avons appris la triste nouvelle concernant la ville de Mirebalais, envahie par des bandits venus de plusieurs régions du pays. Ils ont frappé Haïti dans son cœur, dans son âme, causant des dégâts incalculables tant sur le plan matériel qu’humain. Des personnes importantes ont été tuées, des maisons incendiées. Ce sont des pertes lourdes, et nous sommes en deuil.
Rezo Nòdwès : L’une des religieuses assassinées est votre parente. Pouvez-vous nous préciser laquelle?
R.C. : Oui, c’est sœur Jeanne -Voltaire. C’est ma tante, la petite sœur de ma mère.
Rezo Nòdwès : Nous vous présentons nos plus sincères condoléances. Avez-vous une idée de l’origine de ce drame? Quelles sont les informations qui circulent?
R.C. : Nous avons reçu plusieurs informations. Certaines paraissent plus crédibles que d’autres. D’après ce qui a été rapporté, il y aurait des réseaux de trafic d’organes impliqués, avec des connexions vers la République dominicaine. D’autres sources mentionnent que les gangs sont venus libérer des prisonniers à la prison civile de Mirebalais. En somme, l’assaut était coordonné, préparé.
Rezo Nòdwès : Que s’est-il passé au moment même de l’assaut? Avez-vous pu savoir comment les religieuses ont vécu leurs dernières heures?
R.C. : On m’a dit qu’elles étaient dans leur maison, accompagnées de ma petite cousine Anna Sylvès, en stage à l’hôpital de Mirebalais, d’une servante et d’un gardien. Lorsque les coups de feu ont commencé à retentir, ils ont tenté de fuir. Mais ils sont tombés sur les bandits. Les religieuses ont été abattues.
Rezo Nòdwès : Les corps ont-ils été retrouvés?
R.C. : Non. C’est la dimension la plus douloureuse de cette tragédie. Jusqu’à présent, les corps n’ont pas été récupérés. Ni l’Église ni l’État n’ont entrepris quoi que ce soit. La famille pleure. Et elle pleure encore.
Rezo Nòdwès : L’Église catholique a-t-elle réagi?
R.C. : Le Vatican a publié une note, tout comme la Conférence épiscopale d’Haïti. Mais au-delà de cela, rien. Aucune action concrète. Je me demande : si c’était un évêque qui avait été assassiné, est-ce que l’Église se serait contentée de ce silence?
Rezo Nòdwès : Le gouvernement haïtien a-t-il émis une réaction?
R.C. : Rien. Aucune note du Conseil présidentiel de transition (CPT), du Premier ministre, ni du ministre des Cultes. Le silence est total. Et je refuse de les citer, parce que cela me semble indécent.
Rezo Nòdwès : Vous êtes également professeur universitaire. Où enseignez-vous?
R.C. : Je suis professeur à l’Université d’État, à la Faculté de Droit des Gonaïves, dans le département des sciences juridiques. Actuellement, je dirige le département des études.
Rezo Nòdwès : Merci pour ce témoignage, Maître Chouloute. Rezo Nòdwès vous présente de nouveau ses condoléances les plus émues.
propos recueillis par cba
journaliste-avocat
Il y a des tragédies qui, à défaut de choquer un gouvernement endormi, devraient réveiller une nation. L’assassinat de deux religieuses à Mirebalais, au cœur d’un assaut armé par des gangs liés à l’organisation Viv Ansan, constitue l’un de ces drames qui marquent une fracture irréversible dans le tissu d’une société. Ce n’est pas seulement l’atrocité du crime qui heurte, mais bien l’indifférence glaciale qui l’a suivi.
Sœur Jean-Voltaire et sa consœur ont été exécutées alors qu’elles fuyaient, à pied, leur maison prise sous les tirs. Avec elles, des civils sans armes, une étudiante en stage, un gardien, une domestique, tous réduits à l’état de cibles. Mais le fait le plus bouleversant est peut-être ailleurs : plus d’une semaine après leur mort, leurs corps n’ont toujours pas été retrouvés. Ils ne reposent ni en paix, ni en sépulture, mais dans l’oubli — comme s’ils n’avaient jamais existé.
L’État haïtien n’a pas réagi. Le Conseil présidentiel de transition, muet. Le Premier ministre, absent. Le ministère des Cultes, silencieux. On pourrait parler de négligence, si ce n’était pas aussi une démission totale du devoir moral. Quand les représentants de l’État n’assument même plus la parole symbolique dans l’espace public, c’est qu’ils ont renoncé à gouverner.
L’Église catholique, elle non plus, n’est pas exempte de reproches. Malgré une note du Vatican et une déclaration de la Conférence épiscopale, aucune action visible n’a suivi. La hiérarchie religieuse se serait-elle tue s’il s’était agi d’un évêque? La question posée par le professeur Ronald Chouloute, neveu de l’une des victimes, résonne comme une gifle.
Ce drame nous interroge sur l’inversion des priorités dans un État effondré, où les gangs imposent leurs lois et où la vie humaine est réduite à une statistique. Ce n’est pas seulement une ville que les gangs ont envahie, c’est l’espace symbolique du sacré, de la foi, de la paix — un monastère, des femmes consacrées, la mémoire même d’un peuple.
Et au final, qu’est-ce qui reste? Des larmes privées. Une douleur partagée par quelques voix isolées. Et le silence coupable des institutions.
Ce silence, nous devons le rompre.
The post Assassinat des religieuses à Mirebalais : Les corps toujours disparus, les autorités muettes – Interview du professeur Ronald Chouloute, neveu de Sœur Voltaire (audio) first appeared on Rezo Nòdwès.
Tweet D’après certaines informations, un membre du Conseil présidentiel de transition (Cpt), Smith Augustin, connu pour son implication dans le scandale de la Banque nationale de crédit (BNC), serait à Montréal pour promouvoir la participation des Haïtiens et Haïtiennes aux prétendues élections en Haïti. La présence d’un tel individu à […]
For every Show page the timetable is auomatically generated from the schedule, and you can set automatic carousels of Podcasts, Articles and Charts by simply choosing a category. Curabitur id lacus felis. Sed justo mauris, auctor eget tellus nec, pellentesque varius mauris. Sed eu congue nulla, et tincidunt justo. Aliquam semper faucibus odio id varius. Suspendisse varius laoreet sodales.
close1
K-Dans
2
Djakout #1
3
Harmonik