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À Trinité-et-Tobago, la lutte contre le FOMO est bien réelle.

today2024-07-11 2

À Trinité-et-Tobago, la lutte contre le FOMO est bien réelle.
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YOLO (on a qu’une vie), après tout

Publié à l’origine sur Global Voices en Français

Image d’illustration via Canva Pro.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des
pages web en anglais]

La première fois que j’ai entendu le terme FOMO, qui pour ceux qui ont du mal avec les acronymes veut dire «Fear of Missing out» (peur de rater quelque chose), je rentrais sur le continent après avoir passé un week-end sur les îles, un groupe de petites îles au large de la côte nord-ouest de Trinité et tobago connu pour être un havre de paix pour se reposer et se relaxer. Il était tard, et avec nous sur le bateau, il y avait un bébé exténué, mais déterminé qui esquivait le sommeil avec une telle dextérité, elle aurait pu apprendre à Muhammad Ali une chose ou deux sur les techniques de défense. Ses parents, qui savaient clairement quand jeter l’éponge, avaient mis sa résistance sur le compte du FOMO.

Chez les petits enfants, je comprends. Ils sont naturellement curieux, tout est nouveau et excitant, et leurs cerveaux se développent à une vitesse fulgurante, établissant toutes sortes de connexions neurologiques importantes qui les aident à comprendre comment fonctionne le monde et où ils s’intègrent. Chez les adultes, cependant, les experts de la santé pensent que le phénomène du FOMO est étroitement lié à la perception que les autres s’amusent plus que vous. Pour une raison profondément ancrée, ceci déclenche un tel sentiment d’anxiété que vous pouvez vous retrouver à faire des choses inattendues pour ne pas être mis de côté. YOLO (You only Live Once) (on a qu’une vie), après tout, regardez tous les LYBLs (Live Your Best Lifers) (vis ta meilleure vie) sur Instagram.

Le lundi 9 janvier, dans son empressement pour assister aux funérailles nationales de l’ancien premier ministre Basdeo Panday, Karen Nunez-Tesheira, une ancienne ministre des finances à enjambé une balustrade à la SAPA ( Académie du Sud pour les arts du spectacles), même lorsqu’elle justifie pourquoi elle devait «sauter par-dessus» aux membres des médias, qui soutenait cet acte: «Le ministre, qui était mon collègue, a choisi d’ignorer ma présence. […] Vous m’avez ignoré, maintenant vous m’avez tous vu. Et maintenant ils doivent aider l’ancien président du Sénat à faire la même chose, car il n’a pas d’invitation.» L’extrait montre ensuite Timothy Hamel-Smith suivant l’exemple de Nunez-Tesheira en balançant la barrière.

Honnêtement, j’ai dû relire la vidéo plusieurs fois dans le but de comprendre pourquoi, même s’ils étaient enclins à enfreindre les règles comme beaucoup à Trinité-et-Tobago le font régulièrement — alors qu’en tant que dirigeants, ils devraient donner l’exemple — ils le feraient effrontément à la vue des caméras vidéo, avec des justifications prononcées alors même qu’ils se promenaient par-dessus la clôture. Ni l’un ni l’autre ne semblaient particulièrement affligés, bien que le chagrin, comme LE FOMO, je suppose, puisse se manifester de nombreuses façons.

Étant donné qu’en décembre 2022, Nunez-Tesheira a contesté sans succès l’actuel Premier ministre Keith Rowley pour la direction du PNM (le Mouvement national populaire) lors d’une élection interne, a démissionné du parti en août 2023 en affirmant que la démocratie du pays était « menacée » et a rejoint le parti politique naissant de Hamel-Smith, il n’est pas déraisonnable de supposer que ses collègues du gouvernement peuvent encore nourrir un certain ressentiment. Cependant, comme un de mes amis Facebook l’a dit en plaisantant : « Nous sommes en 2024…sommes-nous toujours en train de prendre d’assaut les mariages et les funérailles ? »

Apparemment, la réponse est oui. Les Trinidadiens ne supportent pas l’idée de manquer quoi que ce soit — des douches aux réveils, du début à la fin, nous aimons voir et être vus — et si nous devons secouer la cage proverbiale afin de contourner les grandes émotions que le FOMO suscite en nous, qu’il en soit ainsi. S’il y avait eu deux Joes ordinaires prenant d’assaut la tribune nord à Panorama, cependant, vous pouvez parier que le récit serait immédiatement allé dans un endroit sombre et désobligeant — mais plus vous montez dans la société, plus le FOMO semble être toléré ; attendu, même.

C’est absurde pour moi — mais alors, je ne souffre pas de FOMO. Je suis aussi TTTB (Trini to the Bone) (Trinidadien jusqu’à l’os) que n’importe qui, mais tous ceux qui me connaissent attesteront que je peux généralement être trouvé très loin de la foule déchainée. Au contraire, je suis l’enfant vedette de JOMO (The Joy of Missing Out)(plaisir de manquer quelque chose). Cela peut avoir quelque chose à voir avec une fête d’anniversaire à laquelle j’aurais été invité au cours de mes années à l’école primaire. Je devais avoir environ sept ou huit ans parce que ce qui s’est passé montre que j’avais déjà atteint l’âge de raison.

C’était l’heure du ramassage, et un camarade de classe — dont je ne me souviens honnêtement pas du nom ou du visage, bien que je me souvienne qu’il avait un grand sens des droits et très peu d’amis — a sprinté vers moi pour me remettre une invitation, accompagnée d’une phrase désinvolte sur le fait que la fête avait besoin de plus de filles. Inutile de dire que j’ai tchipé[fr], j’ai mis la chose dans mon sac, que je suis rentré chez moi et que je l’ai rapidement oubliée. Ma mère a trouvé l’invitation plus tard et m’a demandé pourquoi je n’avais rien dit. – Parce que je n’y vais pas. Quand elle m’a demandé pourquoi, j’ai raconté l’échange, et elle a tout à fait convenu qu’aucun de ses enfants n’était envoyé nulle part pour inventer des chiffres. (Je soupçonne même qu’elle a été un peu impressionnée.)

Cette attitude m’est restée jusqu’à ce jour. J’aime ma propre compagnie ; si vous ne ressentez pas la même chose, cela me va, mais ne vous attendez pas à ce que je me faufile dans votre club, concert, fête, mariage ou enterrement. Je ne le prendrai pas personnellement non plus — je comprends parfaitement que vous ayez peut-être manqué de billets pour votre fête, préféré un rassemblement plus intime pour vos noces ou surréservé votre salle à manger.

Dans le cas de la dyade d’escalade, l’oubli peut avoir été intentionnel ou simplement la pagaie. Quoi qu’il en soit, si vous n’êtes pas en possession d’une invitation à un événement d’État solennel — pour lequel la liste des invités a probablement été discutée et/ou approuvée par la famille du défunt — devriez-vous vous présenter ? Et pour quoi faire ? Pour prouver un point politique ? Faire paraître les organisateurs mesquins au mieux et, au pire, inepte ? Ou peut-être, pour pouvoir dire que tu étais là. Au moins, nous avons eu une pléthore de mèmes divertissants de tout ce fiasco.

Dans un pays où nous sommes encore irrités par le statut et la hiérarchie, où les « all-inclusives » sont conçues pour exclure, où pratiquement chaque événement a non seulement une section VIP mais une section VVIP (personne très très importante) — apparemment, il y a toujours moins d’air à avoir dans l’univers FOMO — les gens oublient qu’ils ont des options et IMHO (In My Humble Opinion) (À mon humble avis), le duo dynamique aurait pu en profiter. Le choix le plus simple et le plus digne aurait pu être de partir et d’envoyer une carte de sympathie. Pour être juste, cependant, c’est un secret que nous, les personnes souffrant de JOMO, gardons près de notre poitrine : l’absence rend le cœur plus affectueux.

Écrit par: Viewcom04

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