À Croix-des-Bouquets, la terreur s’installe : les gangs imposent un contrôle total sur les téléphones des habitants

Après l’opération policière du 14 novembre, les groupes armés de « Viv Ansanm » multiplient les exécutions, la surveillance et les interdictions, plongeant la population dans une angoisse quotidienne.

Dans la commune de la Croix-des-Bouquets et dans ses environs, la vie quotidienne a basculé dans une nouvelle forme de terreur. Depuis les opérations menées par la police le 14 novembre 2025 dans le fief du gang 400 Mawozo dirigé par Lanmò San Jou, les habitants vivent sous un régime de surveillance implacable. Les téléphones portables, devenus la première cible des groupes armés, sont désormais systématiquement fouillés, et toute information jugée suspecte peut valoir la mort.

Selon deux citoyens contactés par la rédaction de Juno7, sous couvert d’anonymat, les gangs ont instauré une chasse impitoyable aux échanges numériques, persuadés que les habitants fournissent des informations à la police. « Si, par malheur, vous avez un contact policier, des images de gangsters tués par la police, ils peuvent vous tuer », a confié un résident de la Plaine du Cul-de-Sac, la voix tremblante. Depuis le 14 novembre, des personnes auraient été exécutées pour avoir enfreint ces règles arbitraires, a indiqué ce citoyen.

Pour tenter d’éviter la vindicte des groupes armés, certains habitants ont adopté des stratégies de survie. L’un d’eux explique avoir demandé à ses contacts de ne plus publier de vidéos d’affrontements ou de contenus sensibles dans leurs statuts WhatsApp. « J’ai même demandé à ce qu’on ne me pose plus de questions sur la situation de ma zone », raconte-t-il. Une mesure radicale, mais nécessaire pour ne pas être suspecté par les gangs qui n’hésitent plus à fouiller les téléphones au hasard.

Un citoyen qui habitait autrefois dans la commune de la Croix-des-Bouquets suggère que le moyen le plus sûr pour échapper à ces contrôles serait d’abandonner complètement les smartphones, privilégiant les téléphones à boutons, communément appelés « ede m peze ». Ces appareils basiques, dépourvus de réseaux sociaux ou de galeries d’images, auraient moins de chances d’attirer les soupçons ou d’être perçus comme une menace.

Les restrictions ne s’arrêtent pas aux communications personnelles. Certaines informations laissent entendre que même des émissions radiophoniques seraient interdites dans les zones sous domination des gangs, preuve que ces derniers cherchent à contrôler non seulement ce que les habitants disent, mais aussi ce qu’ils écoutent.

Cette escalade de violence et de paranoïa serait une réaction à la grande opération policière ayant coûté la vie à une dizaine de membres de gangs, dont le numéro deux du 400 Mawozo. Les autorités avaient alors saisi plusieurs armes, déclenchant la colère des chefs de « Viv Ansanm », qui accusent désormais la population de collaboration avec les forces de l’ordre.

Dans cette atmosphère de peur, même les soldats des gangs ne sont pas épargnés. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent certains d’entre eux battus avec une brutalité extrême pour avoir osé se reposer ou se mettre à l’abri lors d’interventions policières. Signe supplémentaire de la panique qui gagne les chefs, devenus de plus en plus imprévisibles et violents.

Dans la commune de la Croix-des-Bouquets, la population vit désormais au rythme des fouilles, des menaces et des interdictions. Dans un pays déjà meurtri par l’insécurité, ce nouveau cycle de répression interne impose un silence forcé, où chaque appel, chaque message, chaque image peut mettre une vie en danger.

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