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La première femme noire élue à l’Académie brésilienne des lettres en 128 ans

today2025-11-12

La première femme noire élue à l'Académie brésilienne des lettres en 128 ans
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L’écrivaine Ana Maria Gonçalves est celle qui a su repousser toutes les limites pour devenir « immortelle ».

Initialement publié le Global Voices en Français

L'écrivaine brésilienne Ana Maria Gonçalves, qui est devenue la première femme noire à être élue à l'Académie brésilienne des lettres

L’écrivaine Ana Maria Gonçalves est la première femme noire à entrer à l’Académie brésilienne des lettres. Photo de Tânia Rêgo/Agência Brasil, utilisée avec autorisation.

Le 10 juillet 2025, l’Académie brésilienne des lettres [fr] a annoncé avoir élu pour la première fois une femme noire [pt, sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoyant vers des pages en portugais] parmi ses membres, une première en 128 ans d’histoire de l’institution. Il s’agit d’Ana Maria Gonçalves [fr], une écrivaine de 55 ans, née dans l’État du Minas Gerais, plus connue pour son best-seller et roman historique Um defeito de cor (Un défaut de couleur). Elle a franchi cette barrière en devenant « immortelle », comme se limitant aux membres de l’institution, élus à vie. 

L’Académie, créée en 1897, peu de temps après la transformation du Brésil en république [fr], se décrit comme une organisation à but non lucratif dévouée à l’«enrichissement de la langue et de la culture nationale», selon son site Internet. Elle compte actuellement 40 membres et 20 associés.

Bien que le Brésil soit un pays multiethnique, composé d’une population à majorité féminine et descendante pour la plupart d’Afro-Américains (personnes d’ethnie noire et métisse selon les données utilisées par le recensement national), les membres de l’institution n’ont pas toujours reflété la véritable composition du peuple brésilien.

L’Académie compte seulement 13 femmes parmi ses membres depuis sa création. La première d’entre elles est l’écrivaine Rachel de Queiroz [fr], élue en 1977, un an après l’abolition de l’interdiction pour les femmes de devenir membres. Ana Maria Gonçalves est la dernière à avoir rejoint les cinq autres femmes déjà présentes. Elle a pris la relève de la philologue et grammairienne Evanildo Bechara, décédée en mai 2025.

En 2018, une autre écrivaine du Minas Gerais, Conceição Evaristo, s’est présentée [fr] à l’élection de l’Académie et a presque réussi à devenir la première femme noire à y être élue. C’est le réalisateur Carlos Diegues [fr] qui a finalement remporté le siège .

Merval Pereira, le président de l’Académie, a pris la parole pour souligner l’importance de l’élection d’Ana Maria Gonçalves. Il a affirmé que cette élection a permis de démontrer que l’ABL a l’intention «  d’augmenter la représentation de tous les genres, de toutes les ethnies ou de toutes les personnalités qui illustrent la culture brésilienne ».

Nous devons être reconnus comme une institution culturelle qui représente le Brésil, la diversité brésilienne. Elle augmente notre volonté d’être toujours en mesure de présenter nos mouvements sociaux pertinents.

Ana Maria Gonçalves a affirmé que la littérature, telle une loupe, lui a fait découvrir le monde et la possibilité de cultures différentes, et a souligné :

Que nous ne sommes pas une seule femme noire. Mais la représentation du moment présent est importante pour la production de présence. C’est ainsi que je vais devoir le faire aussi dans l’ABL. Estou chegando, conhecendo et tentando me entender com os colegas e como a Academia funciona. J’encanta beaucoup de possibilités de travail institutionnellement dans le livre, num país onde nous leitores.

J’espère ne pas être la seule femme noire ici. Au-delà de la représentation, essentielle en ce moment, il est important d’affirmer sa présence. C’est ce que j’envisage de faire à l’Académie. Je viens d’arriver, je cherche à comprendre mes collègues et son fonctionnement. Je suis très enthousiaste à l’idée de travailler pour les livres à un niveau institutionnel, dans un pays où nous avons perdu les lecteurs.

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L’œuvre de l’écrivain

Anna Maria Gonçalves est une romancière, scénariste et dramaturge qui enseigne également l’écriture créative.

Son œuvre la plus célèbre, le roman historique Um defeito de cor ( Un défaut de couleur ), figure parmi les meilleurs livres brésiliens du XXIe siècle, selon un jury invité du journal Folha de S. Paulo en mai 2025. Publié en 2006, le roman s’est vendu à 150 000 exemplaires et a connu 41 rééditions. En 2024, il a inspiré le défilé de Portela, une école de samba, au Carnaval de Rio.

En 951 pages qui ont nécessité cinq ans de recherches et d’écriture , Ana Maria Gonçalves raconte l’histoire de Kehinde, une femme africaine née dans le royaume du Dahomey [fr] (l’actuel Bénin [fr] depuis 1975), enlevée à l’âge de 8 ans et amenée au Brésil pour devenir une esclave. Le livre retrace sa vie, sa désillusion, sa souffrance, ses histoires d’amour, sa recherche de son fils, sa croyance religieuse et l’évolution de sa foi, jusqu’à la liberté.

Kehinde est inspirée d’une personne vraie, Luísa Mahin , dont on possède peu de témoignages historiques, d’après DW Brasil . On estime que Mahin a pu prendre part aux insurrections et des révoltes historiques d’esclaves durant la période coloniale brésilienne du XIX e siècle. C’est le cas de la révolte des Malês , où de nombreux esclaves africains, y compris des musulmans, ont combattu pour l’abolition de l’esclavage dans l’État de Bahia en 1835. On pense que Mahin pourrait être la mère de Luís Gama , qui serait ensuite devenue un abolitionniste important dans son pays.

Ana Maria Gonçalves a elle-même défini son livre « un roman tiré d’une histoire vraie » , comme le rapporte l’Outlet news G1 :

”Un déficit de Cor” est l’histoire de la grande histoire du Brésil incorporée à une femme qui enfreint les plus grands défis imaginaires pour continuer à vivre et préserver vos heranças et Razes.

Un défaut de couleur raconte l’histoire de la lutte des noirs au Brésil, incarnée par une femme qui a affronté des épreuves inimaginables pour rester en vie, garder ses racines et son héritage culturel.

Écrit par: Viewcom04

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