Les élites d’Haïti : prisonnières de l’esprit colonial

Les élites actuelles d’Haïti ne vivent plus pour Haïti. Elles ont livré le pays, pieds et poings liés, à ceux qui prétendent être nos « sauveurs », alors qu’ils ne sont que les héritiers d’un système colonial. Prisonnières d’une pensée façonnée par les colons, elles perpétuent l’idée toxique que les Haïtiens n’ont pas le sens de l’innovation ni de la vision.

Selon cette logique, nous serions incapables de diriger, d’imaginer, de créer. Pire, lorsque l’on nous ôte la capacité de penser, on nous retire notre humanité : nous devenons, dans cette perception, des êtres voués à rester dans un état de dépendance, presque « sauvage ». On nous répète : il n’y a que le blanc qui pense, que le blanc qui développe, que le blanc qui sécurise. Voilà la prison mentale dans laquelle on nous enferme depuis plus d’un siècle.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’absurdité actuelle : malgré plus d’un siècle d’échecs répétés des forces étrangères en Haïti – de l’occupation américaine à la MINUSTAH – on parle encore, aujourd’hui, d’une nouvelle force onusienne qui viendrait « sauver » le pays.

On nous a aveuglés pour nous empêcher de planter les fondations d’une société juste et prospère. Et dans chacun de nos malheurs, les mêmes acteurs se présentent comme des dieux protecteurs, alors qu’ils ne font que prolonger notre dépendance.

Aucune solution durable en matière de sécurité ne peut ignorer le renforcement des Forces Armées d’Haïti et d’une Police Nationale forte, intègre et indépendante. Toute intervention étrangère qui ne s’accompagne pas d’un véritable transfert de souveraineté est vaine.

Il est temps que la jeunesse haïtienne se lève et dise : Non. Non à cette aide qui ne fait que consolider le mal. Non à ce cycle d’occupation permanente. Non à cette dépendance organisée.
Car un peuple qui ne croit plus en sa propre capacité de se gouverner est un peuple condamné à disparaître

Alceus Dilson : Communicologue, Juriste 

Alceusdominique@gmail.com

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