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L’évolution de l’enseignement de l’histoire d’Haïti et du civisme au-delà des titres : un enjeu de fond

today2025-08-10

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Résumé

Cet article, porte sur la réforme des titres de cours traditionnels comme : « Histoire d’Haïti » et « le civisme » pour les remplacer par des appellations plus simples, telles que : «Histoire de mon pays, j’aime Haïti, et Education à la citoyenneté », mérite une réflexion en profondeur. Le but n’envisage pas une critique négative sur ces changements, mais de questionner de préférence les nouveaux contenus afin de s’assurer que les bases et les fondements d’autrefois demeurent. L’article veut démontrer aussi que, dans le passé, les cours d’histoire d’Haïti et du civisme, ont formé des citoyens aimant, respectant, et qui ont protégé leur patrie. Aujourd’hui, face aux problèmes structurels qui gangrènent le pays, l’existence de ces valeurs restent encore à questionner, voire à reconsidérer dans leur entièreté.

  1. La réforme des cours d’histoire et de civisme en Haïti

Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), a réorganisé le contenu de certains cours, et a rebaptisé le cours de civisme (version traditionnelle) dans la perspective de pouvoir améliorer la qualité de l’éducation des écoliers.ères Haitien. Dorénavant, le civisme est nommé de manière plus simpliste: «  éducation à la citoyenneté ». De même, les manuelles d’histoires, ont diverses appellations sur le marché ; surtout pour les deux premiers cycles de l’école fondamentale. Ces différentes désignations, dressent donc une question foncière, à savoir : s’agit-il d’un simple changement de nom ou d’une modification en profondeur des programmes ? Un tel changement, pourrait-il menacer aussi les valeurs patriotiques et la citoyenneté responsable ? Un enseignement affaibli dans ces domaines, ne risque-t-il pas de contribuer à des problèmes, comme: le manque de patriotisme et la délinquance juvénile qui pourrait, dans ce cas, alimenter  la crise socio-sécuritaire actuelle du pays ? Est-ce qu’il n’y a pas lieu de considérer le civisme  en tant que principe fondamental indispensable au savoir-vivre entre les citoyens, à la bonne gestion de l’environnement et de la nation en général ? Les points de réflexion ici-bas, vont permettre de faire jaillir de la lumière nécessaire.

  1. Les risques d’un patriotisme superficiel et l’affaiblissement de l’identité nationale

Il est à faire remarquer que l’éducation civique et historique, est essentielle pour bâtir un patriotisme loyal et une identité nationale solide. De plus, le civisme enseigne aux citoyens leurs droits et leurs devoirs, tandis que l’histoire transmet les luttes, les victoires et les valeurs cédées par les ancêtres. Nonobstant, les nouveaux titres, « Histoire de mon pays » et « J’aime Haïti », tant que leurs contenus, risquent de diminuer le sens de l’histoire haïtienne. Parce qu’un amour obligé, ne peut remplacer, en aucun cas, une compréhension critique et nuancée.

Ceci pour dire que, un jeune qui ignore son histoire et ses institutions, ne peut aimer son pays de manière instruite, ni s’y sentir pleinement amarré. Ce qui peut conduire même à un détachement progressif de leurs devoirs citoyens. A vrai dire, une reforme curriculaire est en cours avec notamment l’appui de l’UNESCO et de la Banque Interaméricaine de Developpement (BID). Fort de cet élan, le MENFP devrait non seulement surveiller et garantir que certaines valeurs du pays ne disparaissent pas, mais surtout d’éviter des aspects liés à l’acculturation même si à quelque échelon. Il est donc préférable de consolider davantage la culture du pays, en tant que marque identitaire, avec particulièrement une porte ouverte à une modernisation acceptable et appropriée.

3. L’éducation comme rempart contre la délinquance et fondement de la citoyenneté

Plus d’un le sait, l’éducation constitue le socle de toute société, car, elle forme la conscience des citoyens et les incite à agir pour leur propre bien et celui de leur pays. Ce qui sous-entend qu’un manque de connaissances en civisme et en histoire de base du pays, pourrait contribuer à une augmentation de la délinquance, du banditisme et de la criminalité. En effet, le civisme est le fondement du respect des lois, des institutions et de la communauté, tandis que l’histoire enseigne les conséquences des actions passées. Dans ce cadre figure, il est à en déduire que si les jeunes ne comprennent pas les principes de la citoyenneté, ils sont donc plus susceptibles de se sentir déconnectés et de ne pas adhérer aux normes sociales de leur pays. Pour ce faire, une réforme éducative qui ne fournirait pas les bases intellectuelles et morales fondamentales à une intégration sociale réussie, ne ferait qu’aggraver les problèmes de civisme et de délinquance juvénile, voire à des tranches d’’âges plus avancées.

4. Accélération de l’émigration et perte du capital humain

Dans ce regard, il est à noter que le sentiment d’appartenance et la compréhension de son histoire nationale, sont des facteurs essentiels pour retenir les jeunes dans leur pays, et les inciter à y construire positivement leur avenir. 

Alors,  si l’école ne parvient plus à enseigner un amour réel et une compréhension critique d’Haïti, les jeunes seront en conséquence moins disposés à faire face aux difficultés, et à rester dans leur pays. Par ailleurs, cette crise d’identité, se traduit par une envie d’émigrer. Ce qui veut dire que cette déperdition de valeurs et du devoir citoyens, risque donc de redoubler la fuite des cerveaux du pays en dépossédant Haïti de ses forces vives et de ses talents essentiels à son plein développement.

5. La nécessité d’une histoire critique et non simplifiée

À ce point, il est prépondérant de noter que l’histoire n’est pas seulement un recueil de faits célèbres, mais aussi un miroir des erreurs, des défis et des complexités. Cela dit, apprendre l’histoire, développé dans les années 1860 par les missions religieuses, c’est développer l’esprit critique et la capacité à analyser le présent dans la clairvoyance de construire un avenir meilleur. De manière plus claire, il est à dire qu’un cours axé uniquement sur « J’aime Haïti » peine à  masquer les réalités historiques et les problèmes structurels (inégalités socio-économiques, instabilité politique et faiblesse des institutions). C’est pour dire qu’un système éducatif qui se contente de glorifier la patrie sans aborder ses faiblesses, ne prépare pas les jeunes à devenir des acteurs de changement avertis. Par conséquent, il pourrait produire une génération de citoyens qui aiment leur pays, mais sont incapables de le réparer ou de le reconstruire. Bien que l’intention derrière « J’aime Haïti » soit de susciter un sentiment positif, il est à comprendre que l’amour d’une nation ne s’ordonne pas. Il se construit de préférence sur : la connaissance, la compréhension et l’engagement. Disons en effet, qu’un amour frivole, dépourvu de substance historique et civique, est fragile et inefficace face à réalités compliquées et difficiles d’Haïti.

6. Appel à l’action pour une révision des programmes éducatifs

Face aux changements apportés aux cours d’histoire d’Haïti (les différentes versions) et de civisme, il est nécessaire que les autorités éducatives, le gouvernement, les parents, les éducateurs et les membres de la société civile, réfléchissent à l’efficacité des anciens cours et aux valeurs qu’ils prônaient. À cet égard, il serait pertinent de revisiter les programmes actuels, comme déjà en cours,  afin de pouvoir renforcer l’enseignement de l’histoire et du civisme dans leur forme la plus complète et la plus critique que possible. En outre, il serait utile de procéder à une consultation nationale relativement au contenu des programmes et de reconsidérer la montée du drapeau dans toutes les institutions, publiques ou privées. Ce, dans le but de préserver le respect de la patrie et l’harmonie sociale. 

Pour cette raison, il faudra un investissement important pour un système éducatif de qualité qui respecte les valeurs, les normes sociales et légales du pays tout en formant des citoyens conscients et engagés.

7. Conclusion 

La transformation des cours d’histoire d’Haïti et du civisme, s’inscrit dans une démarche d’amélioration et de la modernisation du système éducatif haïtien. Néanmoins, un enseignement axé sur « l’amour du pays », ne garantit pas tout à fait que toutes les notions de base soient transmises. Ce qui pourrait donc entraîner un déficit de connaissances sérieux pour les jeunes. Si cette réforme est maintenue, il est possible de faire face à des conséquences irréversibles pour la construction future du pays. En fait, la non-prise en compte de ces principes, peut mener à un manquement au devoir citoyen et surtout à une augmentation de la délinquance juvénile. Un fruit amer de la situation actuelle à laquelle se trouve le pays. Enfin, il faut retenir que l’avenir d’Haïti , ne doit pas se construire sur des slogans vides, mais sur la connaissance, la conscience et l’amour véritable d’une patrie dont l’histoire et le civisme sont les piliers inévitables.

Auteur : 

Noël AGELUS, Ph.D.

Docteur en Science Politique

Magistrat de Profession

Site Web : noelagelus.com

Co-Auteur :

Markens LOUISSAINT

Master en Histoire et Géographie

Magistrat de Profession

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