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RADIO DROMAGE
Plus de 90% du commerce africain passe par voie maritime.
Initialement publié le Global Voices en Français
Capture d’écran du film documentaire ” La fierté bleue de l’Afrique : L’essor de l’Océan Indien“
La valorisation des activités économiques liées aux ressources des océans, des mers et des lacs en Afrique peut contribuer au développement du continent et augmenter les opportunités d’emploi.
Disposant de 38 États côtiers et insulaires et un littoral de plus de 47 000 km, l’Afrique possède un fort potentiel en économie bleue, une véritable bouée de sauvetage qui reste peu exploitée. Cyrus Rustomjee, expert en économie bleue et chargé de recherche au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, cité dans un article d’Africa News en 2023, indique :
(…)plus de 12 millions de personnes sont employées dans le seul secteur de la pêche, le plus important des secteurs de l’économie bleue africaine, assurant la sécurité alimentaire et la nutrition de plus de 200 millions d’Africains et générant une valeur ajoutée estimée à plus de 24 milliards de dollars, soit 1,26 % du PIB de l’ensemble des pays africains.
C’est cette thématique que met en exergue le film documentaire intitulé ” La Fierté Bleue de l’Afrique : L’essor de l’Océan Indien” de David Casimir, journaliste environnementaliste mauricien, et reporter d’Images à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC). Dans une interview, via e-mail, il explique à Global Voices les raisons qui motivent ce projet réalisé dans le cadre de la Bourse Média de l’Union Africaine dont il a été bénéficiaire en 2023. Dans son documentaire réalisé en très grande partie sur portable, il expose les opportunités qu’offre l’économie bleue à l’Ile Maurice et à Madagascar.
Je voudrais signaler que ce documentaire a été réalisé à plus de 70 pourcents en mode « Mobile Journalism ». Toutes les interviews ont été réalisées sur des téléphones mobiles ainsi qu’une grande partie des images.
Jean Sovon (JS): Quelles sont les raisons qui sous-tendent la réalisation de ce film sur l’économie bleue en Afrique ?
David Casimir (DC): Ce projet est né d’une urgence : celle de raconter une autre histoire de l’Afrique, une histoire maritime mais surtout une version bien africaine de cette histoire. Trop souvent, l’océan est absent dans les récits dominants sur le développement du continent. Or, il est au cœur de la vie de millions d’Africains. L’économie bleue représente une réponse concrète à des enjeux cruciaux comme la sécurité alimentaire, le changement climatique, la jeunesse et la souveraineté économique. On a parfois tendance à oublier qu’environ 90% du commerce Africain se passe par voie maritime. D’ailleurs l’Union Africaine à travers son « Africa’s Integrated Maritime Strategy 2050 (Stratégie maritime intégrée de l’Afrique 2050)» parle clairement de « l’impératif urgent de développer une initiative ‘Économie Bleue’ durable qui serait une version marine de l’économie verte, une initiative qui améliore le bien-être des citoyens Africains tout en réduisant de façon significative les risques environnementaux marins de même que les déficiences écologiques et à la biodiversité. »
J’ai voulu donner la parole aux communautés côtières, aux scientifiques, aux décideurs, aux jeunes. Ce documentaire est un plaidoyer visuel, une passerelle entre les réalités du terrain et les ambitions continentales. C’est une invitation à regarder l’Afrique depuis la mer, avec espoir et lucidité.
A travers ce documentaire j’ai voulu également mettre en évidence l’existence même des îles de l’Océan Indien et leur appartenance profonde au continent Africain. J’ai réalisé que beaucoup d’Africains ignorent que les petits états insulaires de l’Océan Indien font partie de l’Afrique, et surtout qu’ils contribuent également au développement du continent. Lors des discussions avec un haut responsable de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), il a été dit que les îles peuvent aider l’Afrique à être autosuffisante en termes de fruits de mer .
JS: L’économie bleue contribue-t-elle au développement économique de l’Afrique ? Est-elle créatrice d’emplois ?
DC: Oui, clairement. L’économie bleue est un moteur de développement pour l’Afrique. Elle représente un potentiel économique estimé à plus de 300 milliards de dollars par an, et pourrait créer jusqu’à 57 millions d’emplois d’ici 2030 si elle est pleinement exploitée. Aujourd’hui, des millions de personnes travaillent déjà dans des secteurs liés à l’économie bleue : la pêche artisanale, l’aquaculture, le transport maritime, le tourisme côtier, la biotechnologie marine ou encore les énergies renouvelables marines.
A l’île Maurice environ 7 000 personnes travaillent dans le secteur de l’économie bleue, représentant environ 10% du PIB de l’île. Il y a notamment des secteurs comme la pêche, l’aquaculture, le tourisme ou encore le transport maritime. L’île dispose d’ailleurs, entre autres institutions, de son institut océanographique qui a développé et patenté une installation pour la production d’électricité en mer.
A Madagascar, rien que dans le secteur qu’ils appellent la petite pêche, environ 250 000 personnes sont engagées et répertoriés au niveau des autorités. De son côté, la petite île autonome de Rodrigues est un exemple en matière d’écotourisme et de développement durable. Ils ont mis en place des aires marines protégées ainsi que des périodes de fermeture de la pêche au poulpe et de certaines techniques de pêche comme la pêche à la senne qui sont très communes dans l’île.
Ce secteur crée donc de l’emploi et des richesses vitales pour ces îles. C’est un vivier d’emplois pour les jeunes, notamment dans les zones insulaires et côtières où les autres formes d’activités économiques sont souvent limitées. Ce secteur permet non seulement de créer des revenus, mais aussi de redonner aux communautés un rôle actif dans la gestion durable de leurs ressources.
Mais lors d’une journée en mer avec des pêcheurs à Ifaty, un petit village de pêcheurs situé au sud de Madagascar, j’ai pu aussi constater toute la difficulté de ces derniers à survivre grâce à leurs activités surtout avec une diminution considérable des ressources.
Voir ici le film documentaire:
JS: Ces activités menées autour de cette économie sont-elles soumises au respect des politiques environnementales, de la préservation des espèces océaniques et du développement durable ?
DC: En théorie, oui. Dans la pratique, cela dépend des pays et du niveau d’engagement politique. Beaucoup d’États africains ont intégré des cadres législatifs pour protéger les écosystèmes marins et encadrer les activités économiques. Des aires marines protégées, des règlements sur la pêche, et des protocoles environnementaux sont en place dans de nombreuses zones. Mais il reste encore des défis importants : la pêche illégale, la pollution, la dégradation des récifs, ou encore la faiblesse des mécanismes de contrôle et de suivi.
Cela dit, la tendance est clairement positive. Des initiatives comme le label Smilo (preuve de l’engagement durable) dans les petites îles, les programmes d’observation scientifique, ou encore les formations communautaires montrent que les choses avancent. Le défi est de rendre cette gouvernance environnementale réellement inclusive, locale, et fondée sur des données scientifiques solides. Les îles de l’Océan Indien essaient avec peu de moyens de baser leur développement sur les pratiques durables.
JS: Quelle est la valeur ajoutée de l’économie bleue à la politique d’intégration régionale de l’Union africaine ?
DC: L’économie bleue dépasse les frontières terrestres et oblige les pays africains à coopérer. Elle renforce les dynamiques régionales autour de défis communs : la sécurité maritime, la lutte contre la pêche illégale, la conservation des écosystèmes, le commerce maritime ou encore la recherche scientifique.
L’île Maurice et les Seychelles ont accepté de cogérer une zone maritime d’environ 400 mille kilomètres carrés. Ceci représente une avancée considérable en matière de gestion car deux États souverains s’accordent pour gérer un espace maritime.
L’Union africaine, à travers son Agenda 2063 et sa Stratégie africaine de l’économie bleue, place cette coopération au cœur de ses priorités. L’économie bleue agit donc comme un levier d’intégration, en harmonisant les politiques, en partageant les ressources et en construisant une vision continentale. Pour ce faire, la région Océan indien bénéficie du soutien de plusieurs partenaires, dont l’Union Européenne à travers des projets comme Ecofish (ECOFISH), une aide aux renforcements des capacités des acteurs comme les pêcheurs artisanaux.
Écrit par: Viewcom04
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