Un an après, la MSS revendique ses succès à la Pyrrhus sans répondre aux critiques

La MSS revient dans le discours public, après six semaines de silence, par un communiqué daté du 5 août 2025. Ce document, le premier depuis l’anniversaire de la mission le 26 juin, tente de présenter un bilan positif de ses opérations conjointes avec la Police nationale haïtienne (PNH), notamment lors des examens de fin d’études secondaires. Il met en avant la stabilité retrouvée autour de Port-au-Prince et la réouverture de certains axes majeurs.

Le texte insiste sur la protection d’infrastructures critiques – aéroport, port, routes – et sur la réponse rapide face aux attaques armées. En évoquant la « neutralisation » de menaces, le communiqué adopte un langage militaire sans fournir de données précises. Il évoque des succès dans des zones ciblées (Telesco, Savien, Pétion-Ville), mais sans dresser un état des lieux global du contrôle territorial ni faire mention des violences encore présentes dans plusieurs quartiers.

L’annonce de la création de bases avancées (FOBs) à Pont Sondé, au centre-ville de Port-au-Prince et à l’Académie de police illustre une stratégie de quadrillage urbain. Ces implantations sécuritaires traduisent une logique de stabilisation localisée, mais témoignent aussi, implicitement, de l’ampleur du territoire encore non maîtrisé. Aucune indication n’est donnée sur une feuille de route vers un désengagement progressif.

L’appel à la solidarité nationale et internationale, adressé aux autorités haïtiennes et au corps diplomatique, s’inscrit dans une rhétorique de légitimation externe. Le texte demeure toutefois muet sur les critiques récurrentes : bavures signalées, manque de redevabilité, absence de consultation des communautés locales. La récurrence des discours de gratitude masque une fragilité politique et opérationnelle persistante.

Ce communiqué cherche ainsi à réaffirmer la présence de la MSS comme facteur de sécurité, tout en esquivant les débats essentiels sur l’avenir de cette mission. Un an après son lancement, la MSS projette une image de maîtrise, mais son silence prolongé et son cadrage exclusivement sécuritaire soulignent les limites d’une intervention qui peine à répondre aux urgences sociales et politiques haïtiennes.

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