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Oloffson en cendres, Haïti en deuil de mémoire et moi, dans la révolte!

today2025-07-07

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A Samy Janvier, Roberson Alphonse, Jen Aelle Yenna, 

Aux Docteurs Sabine Lamour, Michele Oriol,  Sauveur Pierre Etienne, Thomas Lalime et Roromme Chantal ! 

 Lunise dit Chouloute, 

                          Tiake, 

                         Herve St Preux, 

                              Jacques Yvon, 

                                 Daniel, 

                                     Ceph, 

                              Jean Yves, 

                               Geraldy, 

                                 Tanounouch, 

                                          Fito, 

                                            Fòfòy, 

Ti Carme, grande soeur de Rolls Lainé, décédé la semaine dernière! 

À Yvelino Cantave au nom de ces années de debut d’adulte, 

À toi aussi, malgré moi! 

A Ricardo Germain, Mayelle Montilus, espoirs de demain ! 

Oloffson! 

Dire ce que représentait l’Hôtel Oloffson en Haïti, c’est tenter de traduire l’âme d’un pays en architecture, en musique, en soupirs. C’était bien plus qu’un hôtel. C’était un pan de notre conscience collective, une mémoire debout, un espace sacré de survivance culturelle. C’était, à la fois, notre Tour Eiffel tropicale, notre Waldorf Astoria aux saveurs de gingembre et de rhum, mais surtout, notre sentinelle, notre agora, notre temple de création et de contestation.

Quand j’ai appelé Daniel, il n’a pas pris de détour : Yves, tande,  « On a brûlé l’hôtel Oloffson. »

J’ai d’abord cru à une image, une métaphore peut-être, comme on en fait dans les cauchemars. Mais non. Merde. On l’a vraiment brûlé. Et ce n’est pas seulement un bâtiment qui s’est effondré, mais un pan entier de notre mémoire, une artère de notre imaginaire, une cicatrice de notre histoire.

Ce lieu, ce cœur battant de Port-au-Prince, était niché aux croisements de sept rues : Saint Gérard, Christophe, Chili, Capois, Cadet Jérémie, Titus, et cette autre encore, modeste, effacée, près du Collège Tertulien Leclerc. Ce quadrilatère de mémoire condensait tout ce que nous avions de mieux : l’intelligence rebelle, l’art libre, l’esprit bohème, la tendresse en lutte.

L’Oloffson, c’était un carrefour de cultures, un lieu de passage pour les âmes lucides et indociles. Graham Greene y avait trouvé l’inspiration du Comedians, et Dany Laferrière y traînait parfois sa nonchalance nerveuse. Mais c’était aussi un sanctuaire de résistance musicale. C’est là que RAM, le groupe mythique, jouait ses morceaux envoûtants , Ibo Lele, Mayanman , cette musique rituelle, électrique, enracinée, qu’on entend même dans un film de Denzel Washington, The Manchurian Candidate. C’est dire l’écho universel d’un lieu que certains auraient voulu réduire à une simple carte postale délabrée.

Mais ce que peu de gens savent Ou feignent d’oublier c’est que Bill Clinton lui-même y a passé sa lune de miel. Oui, ce même Clinton qui, des années plus tard, prônera une politique économique en Haïti qui contribuera à tuer notre riz local au profit de l’importation de riz subventionné. Ironie du sort ou préméditation d’un projet colonial revisité ? Peut-être que c’est là, dans le moelleux d’un drap haïtien, que l’idée a germé d’écraser notre souveraineté alimentaire, de faire plier nos paysans, de nous transformer en clients passifs.

Alors que reste-t-il ?

Un tas de cendres.

Des cendres qui collent à la gorge. Des cendres qu’on voudrait nous faire avaler comme on avale l’oubli.

Je m’insurge.

Je suis en révolte.

Je suis en feu.

Parce qu’on ne nous brûle pas impunément. Parce que l’Oloffson, même consumé, survit dans chaque pas que l’on fait dans la ville blessée. Il est dans le chant des vendeuses, dans la plainte du tambour, dans les regards fatigués mais fiers des vieux poètes errants. Il est dans notre refus d’oublier.

Et je dis ceci :

Ils ont brûlé Oloffson comme on brûle un symbole, comme on sabote une source, comme on assassine une mémoire gênante. Ils veulent qu’il ne reste rien de ce que nous avons été, ni rêves, ni chants, ni désirs d’un ailleurs possible.

Mais nous ne laisserons pas faire.

Debout, mes amis.

Debout, mes sœurs et mes frères.

Il nous faut reconstruire non pas l’hôtel, mais ce qu’il incarnait :

La beauté insoumise.

La parole libre.

La musique vivante.

La pensée lucide.

Le refus de disparaître.

Qu’ils brûlent nos murs, nos archives, nos livres, nos hôtels… Qu’il assassine nos Presidents, qu’ils sachent que nos âmes sont inflammables d’espoir.

Alors que l’Oloffson fume encore, que ses cendres retombent sur nos épaules, relevons la tête et marchons.

Ceci est un appel à la résistance.

À la mémoire qui refuse l’exil.

Au pays qui se relèvera par la culture, par la lutte, par l’amour.

Oloffson est mort. Vive Haïti rebelle.

Yves Lafortune

6/7/25

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