L’ambassadeur Roudy Stanley Penn émet de vives réserves sur la proposition contenue dans l’avant-projet de Constitution de 2025 visant à fixer tous les mandats électifs à cinq ans
Dans une réflexion nourrie par l’histoire constitutionnelle haïtienne et des comparaisons internationales, l’ambassadeur Roudy Stanley Penn s’oppose fermement à la proposition contenue dans l’avant-projet de Constitution de 2025, qui recommande l’uniformisation de la durée des mandats électifs à cinq ans. Une réforme qui, selon lui, pourrait davantage déstabiliser le pays au lieu d’y instaurer l’ordre recherché.
À première vue, cette proposition pourrait séduire par sa logique de simplification : une seule élection tous les cinq ans, des économies financières et un calendrier électoral plus lisible. Mais en l’absence de justification publique du texte, Penn dénonce une réforme obscure, non argumentée, qui ne tient ni compte des spécificités haïtiennes ni de l’histoire politique tumultueuse du pays.
L’ambassadeur s’appuie notamment sur les nombreuses crises ayant jalonné les mandats présidentiels depuis la chute de Duvalier. Selon lui, une période de cinq ans sans consultation électorale risque de devenir un terrain propice aux frustrations politiques, aux mobilisations extraconstitutionnelles et aux ruptures institutionnelles. Il rappelle que ni Michel Martelly ni Jovenel Moïse n’ont connu de gouvernance paisible, les contestations ayant éclaté bien avant le milieu de leurs mandats.
Plaidant pour une stabilité fondée sur un équilibre entre majorité et opposition, Penn défend un modèle où les perdants de l’élection peuvent garder un espace d’expression. Il propose ainsi des mandats différenciés : quatre ans pour le président et les députés, six ans pour les sénateurs et la tenue d’élections locales ou régionales à mi-parcours. Pour lui, cette configuration permettrait non seulement d’évaluer l’action du gouvernement en place, mais aussi de maintenir une dynamique démocratique continue.
Plus encore, il soulève une question cruciale : celle de la révocabilité des élus. Sans tomber dans le piège du mandat impératif, l’ambassadeur évoque la nécessité de doter la population d’un mécanisme démocratique pour destituer un élu qui trahit sa mission. Une revendication qui fait écho aux nombreuses dérives observées ces dernières décennies dans l’exercice du pouvoir parlementaire.
En définitive, Penn avertit que l’uniformisation des mandats électifs à cinq ans pourrait représenter un risque majeur pour la démocratie haïtienne. En imposant un modèle unique, déconnecté des besoins de stabilité, de participation et de respiration démocratique, cette réforme pourrait bien conduire à une nouvelle impasse institutionnelle.
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