Un calvaire sans fin: Haïti, nation en croix, attendant son salut

Haïti, terre de souffrance : La Pâques qui n’arrive pas

Le dimanche de Pâques, dans la tradition chrétienne, symbolise un moment de transition, où l’agonie du Christ sur la croix cède la place à la victoire de la résurrection. Cette dualité, entre souffrance et espérance, entre mort et renaissance, constitue le fondement d’une spiritualité qui trouve son écho dans les luttes sociales et politiques actuelles. En Haïti, la situation des populations fait écho à ce calvaire vécu par le Christ, mais, loin de la résurrection promise, le pays est enfermé dans un cycle de souffrances sans fin, sans possibilité de renouveau.

L’agonie des Haïtiens, comme celle du Christ, est marquée par une interminable série de violences, d’injustices et de souffrances. La situation sociale et économique, exacerbée par l’insécurité généralisée, la pauvreté omniprésente et les échecs répétés des institutions, plonge le peuple haïtien dans une nuit noire de désespoir. La longue période de crise, marquée par trois gouvernements successifs de 2021 à 2025, a vu se multiplier les promesses sans effets tangibles. Des discours politiques, répétés à l’envi, n’ont pas permis de juguler la misère croissante, de restaurer l’ordre dans les rues ni de rétablir une paix sociale durable.

Le contraste entre l’immobilisme des autorités et la souffrance inexorable du peuple haïtien apparaît dans toute sa brutalité. En dépit de la mort violente de milliers de citoyens, dont plus de 6 000 avant le Vendredi Saint, les gouvernements successifs n’ont montré aucune réelle volonté de protéger la vie. Les promesses, pourtant abondantes, de réformes, de sécurité et de prospérité n’ont jamais été concrétisées. L’inefficacité persistante des institutions étatiques et l’absence de volonté politique, malgré l’urgence humanitaire et l’exigence pressante d’une refonte totale, ajoutent une souffrance supplémentaire aux Haïtiens, confinés dans un calvaire sans issue.

À l’image de la croix, où le Christ a fait face à l’abandon, à la trahison et à la souffrance, les Haïtiens, eux aussi, se trouvent dans une situation d’abandon. Les institutions qui étaient censées les protéger sont devenues complices d’un système où l’impunité règne, où les gangs se sont installés comme une force incontrôlable, et où la vie humaine a perdu sa valeur. La confiance, pierre angulaire de toute société démocratique, s’est lentement érodée, car chaque jour qui s’écoule atteste de l’incapacité de l’État à honorer sa mission fondamentale : assurer la sécurité et la dignité de ses citoyens.

Cependant, la résurrection de Pâques, loin d’être simplement un événement historique ou théologique, constitue un symbole d’espérance profonde et d’une possible rédemption. En Haïti, cette résurrection reste une promesse non encore réalisée. L’immense calvaire du peuple haïtien, qui parait aujourd’hui sans fin, doit ouvrir la voie à un renouveau, à une prise de conscience collective et à un engagement concret des autorités. Si l’espoir de la résurrection ne s’enracine pas dans des actions réelles et significatives, il ne restera qu’une illusion, comme l’ont été les promesses des gouvernements successifs de doublure.

Le défi pour Haïti, à l’aube de ce dimanche de Pâques, est de transformer ce calvaire en une opportunité de renouveau, à travers la justice, la réconciliation et la restauration de la dignité humaine.

Mais pour que cette résurrection devienne réalité, le pouvoir doit impérativement reconnaître la profondeur de la crise et s’engager dans un véritable processus de transformation sociale, politique et économique. Les souffrances du peuple haïtien doivent être perçues non plus comme une fatalité, mais comme un appel à l’action, un cri pour la vie, pour une société où les promesses de résurrection peuvent enfin devenir réalité.

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