Ayiti | « Référendum PHTK-CPT » : Le rendez-vous du 11 mai 2025, annoncé par Leslie Voltaire, n’a « jamais été retenu par le CEP », déclare Patrick St-Hilaire à Rezo Nòdwès (audio)
Le CEP prend ses distances face à l’annonce d’un référendum constitutionnel fixé au 11 mai 2025, une proclamation lancée par l’illustre ingénieur-architecte de l’aéroport international des Cayes, qui, dans un élan d’optimisme presque céleste, semblait compter sur l’intercession bienveillante de Notre-Dame du Perpétuel Secours pour pacifier les gangs d’ici là.
Alors qu’Haïti, après environ une décennie, s’apprêterait à entrer dans une nouvelle phase électorale dans un climat d’incertitude marqué par une recrudescence de la violence orchestrée par les gangs « en mission de destabilisation du pays » et une tension politique persistante, le Conseil Electoral Provisoire (CEP), sous la présidence de M. Patrick St-Hilaire, cherche à clarifier sa position sur l’organisation d’un référendum constitutionnel et d’élections générales.
Dans une interview exclusive accordée au journal citoyen et indépendant Rezo Nòdwès, le président St-Hilaire a tenu à dissocier son institution de l’annonce faite en France par M. Leslie Voltaire sur l’organisation du referendum PHTK-CPT, le 11 mai 2025, précisant que « cette date n’engage en rien le CEP« . Il a néanmoins confirmé qu’un projet de référendum, un calendrier électoral et un budget avaient été soumis au Conseil Présidentiel de Transition (CPT) ce mercredi, en vue d’une conceptualisation.
« Aujourd’hui même, j’ai soumis au Conseil présidentiel de transition (CPT) un projet de référendum, un calendrier électoral ainsi qu’un budget. Mais à aucun moment nous n’avons arrêté une date précise pour le référendum ni pour les élections », a-t-il insisté.
Au-delà des échéances immédiates, une date demeure inaltérable, selon le représentant de l’Église catholique au sein du CEP : le 7 février 2026, jour où un nouveau président devra prendre ses fonctions. Mais face à un référendum constitutionnel contesté et des élections encore incertaines, Haïti parviendra-t-elle à relever ce double défi en 2025 ?
Un double défi électoral en 2025 : entre faisabilité et responsabilité
Interrogé sur la possibilité d’organiser à la fois le référendum constitutionnel (interdit par la Constitution de 1987) et les élections générales au cours de l’année 2025, alors que le premier trimestre touche déjà à sa fin, M. St-Hilaire a nuancé son propos en s’appuyant sur le cadre légal du CEP.
« Notre mission est définie par le décret qui a constitué ce Conseil électoral provisoire. Ce n’est pas à nous de déterminer si ces échéances pourront se tenir en 2025, mais au pouvoir exécutif. Nous nous attelons à préparer le processus électoral, à mettre en marche la machine électorale. L’exécutif, quant à lui, a la responsabilité de mettre en place les structures nécessaires », a-t-il précisé.
Le président du CEP a également insisté sur le fait que la tenue des élections repose sur une synergie entre différentes instances : « Une élection, c’est une activité qui dépend de plusieurs facteurs : la capacité logistique, le respect des principes démocratiques et, bien sûr, l’engagement politique des parties prenantes. »
Le référendum et la Constitution de 1987 : une contradiction juridique non résolue
Un point particulièrement sensible abordé par cba lors de l’entretien concerne la base légale d’un éventuel référendum en Haïti. La Constitution de 1987, en son article 284.3, interdit formellement toute modification constitutionnelle par voie référendaire.
Face à cette contradiction apparente, M. St-Hilaire a adopté une réponse prudente : « Ce n’est pas le CEP qui parle de référendum. C’est une initiative du gouvernement, qui s’appuie sur un consensus politique. »
L’ambiguïté de cette déclaration n’a pas dissipé les interrogations sur la légalité d’un tel processus. Un opposant à cette démarche, interrrogé la semaine dernière par Rezo Nòdwès, a rappelé que l’idée d’un référendum en Haïti remonte à 2012, sans qu’elle n’ait jamais été pleinement mise en œuvre.
Alors que la controverse autour du référendum ne cesse d’enfler, le président du Conseil électoral provisoire (CEP), M. Patrick St-Hilaire, un diplomate de carrière, a apporté une précision de taille : le texte sur lequel repose ce projet ne date pas d’aujourd’hui, mais bien de 2021.
« On parle d’un nouveau projet à cause d’une nouvelle réalité, mais le travail a été amorcé en 2021 », a-t-il déclaré.
Interrogé sur la façon dont la population haïtienne pourrait accepter un référendum qu’elle considère inconstitutionnel à première vue – la Constitution de 1987 ayant déjà prévu ses propres mécanismes d’amendement –, M. St-Hilaire a invoqué la situation politique actuelle pour justifier la démarche.
« Nous sommes dans une situation exceptionnelle. Il n’y a pas un seul élu en place. C’est plus que normal qu’un référendum soit envisagé comme une solution pour revenir à la normalité institutionnelle », a-t-il expliqué, tout en insistant sur le fait que cette initiative s’inscrit dans un cadre légal.
Un budget électoral encore flou
Le journal Rezo Nòdwès a également interrogé M. St-Hilaire sur les fonds nécessaires alloués à l’organisation du référendum et des élections. En 2021, un montant de plus de 40 millions de dollars avait été engagé sous la gestion de M. Mathias Pierre, sans que des élections ne voient le jour et aucun rapport n’a, à ce jour, été présenté.
Lorsqu’il a été questionné sur cette somme et sur l’utilisation des ressources allouées au processus électoral, M. St-Hilaire n’a pas souhaité commenter directement la gestion passée. Il a toutefois précisé que le budget pour les élections et le référendum a été soumis au Conseil présidentiel de transition (CPT) mercredi après-midi.
« Nous voulons des élections saines, des élections correctes », a-t-il affirmé, évitant de s’étendre sur la question du financement et des ingérences.
Élections en Haïti : une couverture complète ou partielle ?
Des déclarations de M. Leslie Voltaire indiquent que les élections pourraient être organisées dans seulement huit des dix départements du pays, notamment en raison des défis sécuritaires.
M. St-Hilaire a tenu à clarifier cette information :
« Je n’ai pas été officiellement informé d’une telle restriction. Notre plan concerne les dix départements géographiques du pays. »
Cependant, il a rappelé que le CPT détient la responsabilité finale pour garantir une couverture électorale nationale.
Concernant l’Artibonite, une région en proie à de fortes tensions, il a assuré que les préparatifs allaient bon train, y compris dans Petite-Rivière-de-l’Artibonite, où il affirme qu’aucun problème sécuritaire ne se pose désormais.
Une déclaration qui surprend, alors que la région est connue pour ses conflits armés et l’abandon de certains commissariats par la police.
Une Constitution toujours dans l’ombre
Une autre interrogation majeure concerne la transparence du projet constitutionnel.
Alors que le référendum doit permettre d’adopter une nouvelle Constitution, aucune communication claire n’a été faite sur le texte en question.
L’ébauche constitutionnelle actuelle, héritée du projet de 2012 de Michel Martelly et de Jovenel Moïse, a traversé plusieurs gouvernements, jusqu’à être reprise sous l’ère d’Ariel Henry et le CPT.
Mais en combien de temps la population pourra-t-elle en prendre connaissance ?
« Nous avons soumis des documents au CPT, mais nous ne savons pas encore s’ils en ont pris connaissance », a répondu M. St-Hilaire, sans donner de précision sur la date à laquelle les citoyens pourront consulter le texte.
Cette absence de transparence alimente les doutes sur la nature même du projet constitutionnel, alors que l’article 284.3 de la Constitution interdit toute modification par référendum et réserve cette prérogative au Parlement.
Alors que le CEP affirme travailler pour le peuple et avec les partis politiques, une opposition massive s’organise contre le projet référendaire.
Plus de 500 partis politiques, mouvements et associations, ainsi que l’Accord de Montana, se sont formellement prononcés contre ce référendum.
Interrogé sur cette désapprobation quasi unanime, M. St-Hilaire a répondu qu’il n’avait pas encore reçu officiellement ce document et que les partis politiques auront l’opportunité d’exprimer leur position dans les jours à venir.
« Une rencontre entre le CEP et les partis politiques est prévue cette semaine. Nous allons les écouter et entendre leur point de vue. »
Cette réponse démontre catégoriquement une absence de consensus autour du processus électoral, ce qui pose un sérieux doute sur la viabilité d’un référendum en 2025.
Un processus électoral toujours incertain
L’entretien avec M. St-Hilaire met en évidence les contradictions et les incertitudes qui entourent l’organisation des élections et du référendum en Haïti.
D’un côté, le CEP affirme sa volonté d’organiser un scrutin national, de l’autre, les réalités sécuritaires et logistiques viennent relativiser cette ambition. De plus, la légalité du référendum demeure une question ouverte, entre un texte remontant à 2021 et une Constitution qui l’interdit formellement.
Enfin, le flou autour du budget électoral, la présence de matériels inutilisés depuis trois ans, et les doutes sur la capacité de sécurisation du territoire viennent ajouter de l’incertitude. À moins d’un revirement majeur dans les mois à venir, il est encore difficile d’affirmer si Haïti pourra véritablement organiser des élections crédibles et inclusives en 2025.
Pour écouter l’intégralité de cet entretien exclusif avec M. Patrick St-Hilaire, cliquez sur l’audio ci-dessous. Découvrez ses réponses sans filtre sur le référendum, les élections et les enjeux politiques en Haïti.
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