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Mgr Mésidor. Haïti – violence aveugle et impunité : « Sans une paix durable, les élections et autres événements seront vains (vidéo)

today2025-02-25 1

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Sécurité, paix et démocratie : le triptyque de l’Église pour un avenir haïtien

Le week-end dernier, lors de l’ordination de neuf séminaristes à l’acolytat, Mgr Marc-Leroy Mesidor, archevêque de Port-au-Prince, a profité de son homélie pour délivrer un message fort à la nation haïtienne. Face à la montée inexorable de la violence et à l’effondrement des institutions, l’archevêque a dénoncé l’état alarmant du pays, tout en insistant sur la nécessité de rétablir la paix et la sécurité avant toute tentative d’organisation d’élections et autres.

1. Une Église solidaire d’un peuple meurtri

Dès les premières lignes de son homélie, Mgr Mesidor a exprimé la douleur de l’Église face aux souffrances du peuple haïtien. Il a rappelé que l’Église, enracinée dans la société, partage les épreuves de la population. L’archevêque a déploré la fermeture ou la paralysie d’une vingtaine de paroisses dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, conséquence directe de la violence omniprésente. Des quartiers entiers sont désertés, les fidèles contraints à fuir, laissant des églises vides et des prêtres isolés.

Il a souligné que la violence qui ravage le pays n’épargne personne : « L’Église souffre avec le peuple. Quand les gens vident une section communale, l’Église paroissiale ferme ses portes. Il n’y a plus de fidèles, plus de vie communautaire. » Ce constat amer reflète l’ampleur de la crise qui touche l’ensemble du tissu social haïtien.

2. Une dénonciation virulente de la déshumanisation et de la violence aveugle

Mgr Mesidor s’est indigné face à la banalisation de la violence et à la perte de la valeur de la vie humaine. Il a rappelé les atrocités récentes : l’assassinat d’un bébé et l’exécution de vieillards, autant de drames qui illustrent le degré de déshumanisation de la société haïtienne. Il a interrogé, avec une insistance douloureuse : « Pourquoi ces violences ? Pourquoi ces massacres ? Juste pour le pouvoir politique ? Pour de l’argent ? Pour l’honneur ? »

Dans ses mots résonne la dénonciation d’une société où la quête de pouvoir et de richesse prime sur la dignité humaine. Il rappelle que le pouvoir est éphémère, que l’argent ne saurait acheter la paix intérieure et que l’honneur fondé sur la violence est illusoire. « Le pouvoir est comme la paille, l’argent comme les cendres, et l’honneur s’éteindra. »

3. L’État absent et la faillite des élites

L’archevêque a sévèrement critiqué l’effondrement des institutions étatiques et l’irresponsabilité des élites politiques. Il a pointé du doigt l’absence de l’État et la priorité donnée à la lutte pour le pouvoir plutôt qu’au bien-être du peuple. « L’État n’existe pas. L’autorité est absente. Le peuple périt tandis que les élites s’affrontent pour les postes de pouvoir », a-t-il dénoncé.

Il a également fustigé les pratiques de népotisme et de clientélisme qui gangrènent les institutions, où les postes clés sont distribués entre familles et amis au lieu de répondre aux véritables besoins de la population.

4. Sécurité avant élections : un impératif moral et démocratique

Alors que des perspectives d’élections se dessinent, Mgr Mesidor a averti du danger de précipiter un processus électoral sans avoir préalablement restauré la sécurité et la stabilité du pays. « Les élections arrivent bientôt, mais la priorité reste la sécurité », a-t-il affirmé, soulignant l’incohérence d’organiser des scrutins libres et transparents dans un climat de terreur généralisée.

Pour l’archevêque, l’organisation d’élections dans les conditions actuelles ne ferait qu’aggraver les tensions et approfondir la crise. Il insiste sur le fait que la paix et la sécurité sont les fondements indispensables à toute démocratie véritable. « Sans paix, les élections sont vaines. Il faut d’abord garantir la sécurité pour que le peuple puisse choisir librement ses représentants », a-t-il plaidé.

5. La menace d’une dérive autoritaire

Mgr Mesidor a également mis en garde contre le risque que la violence soit instrumentalisée pour asseoir un pouvoir autoritaire. « Si la sécurité n’est pas rétablie par des voies justes et inclusives, c’est la force qui tiendra le système », a-t-il averti. Cette dérive renforcerait l’instabilité et la méfiance du peuple envers ses institutions, accentuant encore la fracture entre gouvernants et gouvernés.

6. Vers une planification post-crise : les priorités pour Haïti

L’archevêque ne s’est pas contenté de critiquer. Il a aussi esquissé les grandes lignes d’une voie de sortie de crise. Selon lui, la priorité immédiate est d’instaurer un climat de sécurité pour permettre une participation citoyenne effective aux prochaines échéances électorales. Il prône ensuite une planification centrée sur :

  • La réhabilitation des institutions étatiques pour restaurer la confiance et garantir l’État de droit.
  • La relance économique pour répondre aux besoins urgents des populations sinistrées.
  • La réconciliation nationale pour panser les blessures sociales et favoriser un dialogue inclusif.

Pour Mgr Mesidor, ce n’est qu’après avoir rétabli la paix et la sécurité qu’Haïti pourra envisager des élections légitimes et amorcer une reconstruction durable.

En plaçant la sécurité et la dignité humaine au cœur du débat, l’archevêque propose une voie vers la reconstruction d’Haïti. Il appelle les élites politiques à renoncer aux intérêts personnels au profit du bien commun et exhorte la communauté internationale à soutenir des initiatives centrées sur la paix durable plutôt que sur des échéances électorales précipitées.

« Haïti n’a pas besoin d’élections précipitées, mais d’une paix durable pour bâtir son avenir », conclut-il, offrant ainsi une vision claire des priorités essentielles pour sortir le pays du chaos.

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