Le 12 janvier 2025 marque le quinzième anniversaire du séisme dévastateur qui a frappé Haïti en 2010. Avec une magnitude de 7,0, suivi de 52 répliques en moins de deux semaines, cette catastrophe naturelle a causé la mort de plus de 200 000 personnes, blessé plus de 300 000 autres et laissé 1,3 million d’Haïtiens sans abri. Privés d’assistance minimale, de nombreux survivants ont dû s’extraire eux-mêmes des décombres. Aujourd’hui encore, des centaines de milliers de personnes subissent les conséquences de l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire des Amériques.
Catastrophe naturelle et désastre social
Ce séisme n’a fait qu’exacerber un désastre social préexistant, façonné par l’impérialisme américain qui, depuis des décennies, a transformé Haïti en une nation sous tutelle. L’un des tournants majeurs de cette domination est survenu six ans avant le séisme, lorsque la CIA a orchestré le renversement du président élu Jean-Bertrand Aristide. Ce dernier a été arrêté, puis exilé secrètement en Afrique, tandis qu’un régime pro-américain prenait le pouvoir sous occupation militaire des Marines américains.
Aujourd’hui, le pays est dirigé par le Core Group, une coalition non élue composée des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de la Caricom et de l’Organisation des États Américains (OEA). Dans les faits, le Core Group est dominé par Washington et par les intérêts financiers mondiaux.
Le discours officiel sur Haïti met l’accent sur la violence des gangs qui contrôlent les quartiers urbains. Cependant, cette version occulte l’implication des États-Unis dans l’armement et le soutien de ces groupes. En réalité, ces gangs fonctionnent comme des escadrons de la mort, instrumentalisés pour terroriser la classe ouvrière, tout en collaborant avec les élites corrompues et les multinationales.
Une stratégie répétée en Amérique Latine
L’usage des escadrons de la mort comme outil de répression et de contrôle par l’impérialisme américain n’est pas propre à Haïti. Des dispositifs similaires ont été utilisés au Salvador, au Honduras, au Guatemala, au Nicaragua et en Colombie, ainsi que dans les pays du Cône Sud lors des dictatures militaires. En Haïti, ces groupes armés trouvent leur origine dans les tristement célèbres Tontons Macoutes, créés par la dictature des Duvalier en 1959 sous le nom de Milice de Volontaires de la Sécurité Nationale (MVSN).
Aujourd’hui, on estime que près de 200 gangs issus de cette mouvance opèrent en Haïti, dont la moitié dans la capitale Port-au-Prince. Ces groupes sont structurés en deux principales coalitions : G9 et G-Pep. Selon une étude du Council on Hemispheric Affairs datant de 2010, ces escadrons constituent « le système nerveux central de la terreur en Haïti ».
En janvier 2024, des troupes étrangères, notamment venues du Kenya, ont été envoyées en Haïti pour des opérations de maintien de l’ordre, coexistant avec les escadrons de la mort. Ces interventions sont, elles aussi, financées par les États-Unis.
La résistance du peuple haïtien
Malgré la répression constante, les Haïtiens ont à plusieurs reprises opposé une résistance farouche aux régimes dictatoriaux et à la domination impérialiste. En 2018, une vague massive de protestations populaires a secoué le pays, révélant l’ampleur du rejet de l’ordre établi.
L’instabilité s’est encore aggravée en août 2021, lorsqu’un nouveau séisme de magnitude 7,2 a frappé la péninsule sud, causant 2 000 décès et plongeant 500 000 personnes dans une situation d’urgence humanitaire.
Aujourd’hui, les conséquences cumulées des catastrophes naturelles et de la crise politique sont dramatiques :
5,4 millions d’Haïtiens souffrent de malnutrition et vivent avec moins d’un repas par jour.
Plus d’un million de personnes sont toujours sans abri.
6 000 Haïtiens sont en situation de famine.
Blocus et déportations : une politique d’asphyxie
Haïti est également confronté à une politique de blocus maritime menée par plusieurs nations. La marine bahaméenne, la garde côtière américaine, la patrouille frontalière cubaine et des navires de guerre britanniques empêchent toute tentative de fuite des Haïtiens vers des territoires plus sûrs.
Paradoxalement, ce blocus ne s’applique pas aux armes. Selon une enquête de CNN publiée en mai dernier, 80 % des armes utilisées en Haïti proviennent des États-Unis, en particulier de Floride.
Simultanément, une vague de déportations massives frappe les travailleurs haïtiens. En République dominicaine, le président Luis Abinader a ordonné l’expulsion de 10 000 Haïtiens par semaine, visant à expulser 1,5 million d’immigrés. Parmi les déportés figurent des travailleurs présents depuis plusieurs décennies, des femmes enceintes et des enfants nés sur le sol dominicain.
Le 4 février 2025, un premier vol de déportés haïtiens en provenance des États-Unis a atterri à Cap-Haïtien, marquant une nouvelle étape dans la politique anti-immigration des puissances régionales.
Un pays livré au capitalisme prédateur
Au-delà des crises humanitaires et sécuritaires, Haïti demeure une source de profit pour les multinationales et les élites locales. Son secteur agricole et textile est exploité à des salaires de misère, sous la protection des milices armées. Le pays recèle aussi d’importantes réserves de pétrole et de minerais, attisant la convoitise des entreprises occidentales.
Les transferts d’argent de la diaspora haïtienne, qui constituent l’un des principaux apports de devises du pays, risquent de chuter drastiquement avec l’intensification des expulsions.
Vers un génocide silencieux
Quinze ans après le séisme de 2010, Haïti s’apparente de plus en plus à un gigantesque camp de concentration à ciel ouvert. Les Haïtiens sont pris au piège d’un système de répression et de pauvreté orchestré par les puissances impérialistes et leurs alliés locaux. Entre la faim, les maladies et la violence des escadrons de la mort, la population fait face à une forme de génocide silencieux, maintenue sous domination pour préserver les intérêts du capitalisme mondial.
Alors que la communauté internationale prétend s’inquiéter du sort d’Haïti, aucune initiative sérieuse de reconstruction n’a été entreprise depuis le séisme de 2010. L’avenir du pays repose désormais entre les mains de son peuple, dont l’histoire est marquée par une résistance inébranlable face aux oppressions.
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