Haïti s’enfonce inexorablement dans une crise qui semble sans fin. Malgré les multiples accords entre partis politiques, malgré la mise en place de gouvernements mosaïques censés représenter toutes les tendances, malgré les compromis sur la constitution de l’Exécutif, le pays ne fait qu’aller de mal en pis. Pourquoi ?
Une guerre politique sans fin
En Haïti, la politique est une guerre permanente. Non pas une guerre d’idées ou de projets, mais une guerre d’intérêts personnels. Les partis politiques ne sont pas des structures idéologiques solides œuvrant pour le bien-être collectif, mais des véhicules de conquête du pouvoir. L’absence d’une vision commune transforme la scène politique en un champ de bataille où les alliances sont éphémères, où les trahisons sont monnaie courante, et où chaque poste de l’État est disputé avec une férocité destructrice.
Le phénomène du « chire pit », cette lutte acharnée entre membres d’un même parti politique pour accéder aux postes d’État, illustre bien cette réalité. On se bat pour des fonctions officielles, non pas pour servir la nation, mais pour asseoir une influence personnelle, pour accéder aux ressources de l’État et en tirer des bénéfices individuels.
L’absence du rôle structurant des universités
Dans les pays avancés, l’université joue un rôle central dans la gestion des crises nationales. Elle est un foyer de réflexion, un laboratoire d’idées où les intellectuels proposent des pistes de solutions aux défis de la nation.
Mais en Haïti, nos universités sont marginalisées, appauvries et déconnectées des cercles de décision. Nos élites académiques sont souvent réduites au silence, et celles qui osent proposer des réformes sont ignorées ou combattues. Le savoir et la compétence ne sont pas valorisés dans notre gouvernance, laissant place à l’improvisation et à la corruption.
Un pays divisé : Générations contre générations, jeunes contre jeune;s
L’un des drames de la société haïtienne est cette guerre fratricide entre jeunes. Des générations entières se déchirent pour des miettes laissées par une élite politique qui les manipule à des fins électorales.
Là où la jeunesse devrait être un moteur de progrès, elle est instrumentalisée par des acteurs politiques qui alimentent la violence, la division et la haine. La guerre entre générations renforce ce clivage : les jeunes accusent les plus vieux d’avoir échoué, tandis que ces derniers méprisent la nouvelle génération, la jugeant incapable d’assumer ses responsabilités.
Qu’est-ce qui motive les politiciens haïtiens?
Le pouvoir, rien que le pouvoir. En Haïti, la politique n’est pas un service à la nation, mais un business lucratif. Ceux qui arrivent au sommet de l’État ne cherchent pas à bâtir, mais à profiter. Tant que cette mentalité prédomine, aucune réforme ne pourra sauver le pays.
La soif de gouvernance des politiciens haïtiens semble insatiable. Ils veulent régner, dominer, accumuler des richesses, mais jamais bâtir une structure stable et prospère pour le peuple. Les institutions sont détruites, les infrastructures abandonnées, et les services publics dysfonctionnels.
Une main cachée dans nos malheurs?
Il serait naïf de penser que nos crises sont totalement endogènes. Haïti est aussi victime d’ingérences étrangères, de jeux d’influence qui servent des intérêts externes. Mais ces facteurs ne doivent pas masquer notre propre responsabilité. L’État haïtien est miné de l’intérieur par des élites corrompues, complices de cette descente aux enfers.
Peuple haïtien, reprenons notre destin en main!
Il est temps de bousculer la table qui entretient nos malheurs. Il est temps d’exiger un État responsable, où l’éducation, la justice et la sécurité sont garanties pour tous. Il est temps que la richesse du pays profite à l’ensemble de la population et non à une minorité.
Le réveil national est impératif. Le statu quo ne peut plus durer. Haïti ou rien !
Beken Petit-Homme
29 Janvier 2025
Secrétaire Général
Société Civile Organisée des Gonaïves
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