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Bertrand Monnet : « Les cartels ne sont pas des organisations terroristes… »

today2025-01-30 1

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Après le décret de Donald Trump, qui vient de placer les narcotrafiquants mexicains sur la liste des organisations terroristes étrangères, analyse de Bertrand Monnet, professeur à l’Edhec et spécialiste de l’économie du crime.

Interrogé par Clotilde Dumay, Bertrand Monnet estime que, bien que ce décret puisse être appliqué, il présente des limites concrètes. Selon lui, les cartels ne sont pas des groupes terroristes au sens traditionnel, mais des organisations mafieuses motivées par l’argent. « Ce sont des extrémistes de l’argent qui ne travaillent que pour l’argent, pas pour une idéologie », souligne-t-il, peu convaincu par l’impact potentiel d’une action militaire américaine, notamment à cause de l’ancrage local des cartels et de la résistance du Mexique à toute intervention étrangère. « L’action militaire, même avec des forces telles que celles déployées par l’État mexicain, ne fonctionne pas car les cartels contrôlent des territoires immenses et l’armée ne peut pas les atteindre. »

Bertrand Monnet fait valoir que le véritable défi réside dans la lutte économique et financière contre les cartels, en particulier à travers la lutte anti-blanchiment. D’autant plus depuis que les cartels ne se contentent plus de blanchir leur argent aux États-Unis, mais utilisent des paradis fiscaux pour dissimuler leurs gains. Les États-Unis, affirme-t-il, ont la capacité de mettre plus de pression sur ces zones opaques, car « si vous touchez à l’argent blanchi, cela leur fait beaucoup plus mal qu’un drone ».

À la question de savoir si le décret signé par Donald Trump pourrait avoir un effet paradoxalement négatif aux États-Unis, Bertrand Monnet répond qu’il pourrait exacerber les liens entre les cartels et l’économie légale, puisque les narcotrafiquants ont investi massivement dans les tissus économiques américains et mexicains. Mais qu’il est nécessaire de lutter contre cette infiltration, même si cela pourrait ralentir une certaine forme de croissance économique.

 

TPS aux États-Unis, les Vénézuéliens dans l’œil du cyclone

C’est l’un des premiers actes du Département de la sécurité intérieure sous l’ère Trump 2.0, révélé par le New York Times : revenir sur l’extension du Temporary Protected Status (TPS) offerte aux Vénézuéliens. Ce dispositif à visée humanitaire, qui date des années 1990, offre des papiers à certains ressortissants étrangers déjà présents sur le sol américain et dans l’incapacité de rentrer chez eux en raison de la situation sécuritaire dans leur pays d’origine. Il leur ouvre le droit de résider et de travailler aux États-Unis pour une durée de 18 mois renouvelables et les met à l’abri des opérations de la police aux frontières.

Le TPS s’appliquait jusqu’ici aux citoyens d’une quinzaine de pays, dont l’Afghanistan, Haïti, le Cameroun, le Liban, la Syrie ou l’Ukraine, et dans le cas du Venezuela, bénéficiait à plus de 600 000 personnes à la date du 10 janvier 2025. Joe Biden avait pris soin, à la toute fin de son mandat, de prolonger ce système jusqu’en octobre 2026, mais son geste n’aura pas tenu longtemps. La nouvelle ministre américaine de l’Intérieur, Kristi Noem, vient de révoquer cette extension, ce qui laisse potentiellement sur le carreau ces centaines de milliers de Vénézuéliens, désormais susceptibles d’être arrêtés à tout moment et reconduits dans leur pays dans le cadre de l’opération anti-migrants décrétée par Donald Trump le 20 janvier 2025..

 

 

Robert Kennedy Jr. devant le Sénat pour son audience de confirmation

C’est le neveu de l’ancien président JFK, John Fitzgerald Kennedy, c’est aussi un avocat et militant antivax, qui a propagé de fausses rumeurs sur les questions sanitaires, et Donald Trump veut en faire son ministre de la Santé. Robert Kennedy Jr., qui passe sur le grill du Sénat aujourd’hui afin de faire valider sa nomination, vient de se faire taper sur la tête par sa cousine, Caroline Kennedy, la propre fille de JFK, liée au Parti démocrate : « Avant même qu’il ne soit nommé à ce poste, son dénigrement constant de notre système de santé et les demi-vérités conspirationnistes qu’il a dites au sujet des vaccins, notamment en rapport avec l’épidémie mortelle de rougeole de 2019 à Samoa, ont coûté des vies. Superviser l’ensemble de la chaîne sanitaire et les agences chargées de protéger les plus vulnérables d’entre nous, tout cela est une énorme responsabilité. Et Bobby n’est pas qualifié pour l’assumer ».

D’autres membres de la famille, y compris sa sœur et son frère, se sont prononcés contre sa désignation après certaines de ses déclarations jugées « déplorables et mensongères ». Car devant le Sénat, Robert Kennedy Jr. va devoir répondre à des questions pimentées. Prenons le calcul du Washington Post qui a compulsé plus de 400 entretiens et discours donnés en public par Robert Kennedy depuis 2020. « À plus de 35 reprises, note le Post, il a établi un lien entre les vaccins et l’autisme, contredisant toute la littérature scientifique ». Il n’a cessé de critiquer le principe même de la vaccination, qui a, selon lui, « empoisonné une génération entière d’enfants américains ». Et même créé un lobby antivax pour appuyer son propos, Children’s Health Defense, le Comité de défense de la santé des enfants. Mais, nomination oblige, Robert Kennedy Jr. se défend depuis quelques semaines de toute opinion définitive sur la question, assurant que s’il est nommé, il « fournira en toute transparence aux Américains un accès total aux données scientifiques, afin qu’ils puissent faire des choix éclairés pour eux et leurs familles ».

 

Haïti frappée par l’arrêt des financements anti-sida américains

Catastrophe en Haïti après la suspension du programme PEPFAR, le plan d’urgence américain contre le sida, déployé dans plus d’une cinquantaine de pays. Reportage à lire dans le Nouvelliste, le grand quotidien de Port-au-Prince, auprès des patients et des praticiens de plusieurs hôpitaux de la capitale haïtienne. On y lit que « si la décision est maintenue au-delà de 90 jours, dès le mois de septembre 2025 au moment de valider le budget, le ministère haïtien de la Santé publique sera en très grande difficulté compte tenu du poids que représente l’aide externe dans la lutte contre le VIH/Sida en Haïti », et que des opérations de dépistage ont déjà été mis à l’arrêt, y compris à la frontière entre Haïti et la République dominicaine.

La Fondation SEROvie, présente dans les dix départements d’Haïti, se voit elle aussi forcée d’arrêter son activité alors qu’elle accompagne 9 000 patients sous traitement. Le secrétaire général de l’Association médicale haïtienne rappelle que l’aide américaine représentait jusqu’ici 90% de l’aide externe en matière de santé et qu’en l’absence de réaction immédiate des autorités haïtiennes, une catastrophe sanitaire est toute proche.

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

Il n’y a pas eu de miracle : les corps des quatre occupants du petit avion qui s’est écrasé en Dominique ont été localisés hier (28 janvier 2025), non loin de l’épave de l’appareil.

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