Accepter la diffusion du segment d’analyse de l’actualité Boukante lapawol sur les ondes de Radio Unir FM, dans le même format que celui utilisé sur Radio Méga, malgré sa suspension par le Conseil national des télécommunications (CONATEL), soulève des interrogations quant à l’autorité et la pertinence des décisions de cet organe régulateur, commentent plusieurs observateurs.
Le volet d’analyse de l’actualité de Boukante Lapawol continue d’être diffusée sur Radio Unir FM, bien qu’elle ait été interdite sur Radio Méga. Depuis plusieurs jours, les auditeurs peuvent la suivre sur le 102.7 FM, dans le même format : débats sur l’actualité sociopolitique, avec une attention particulière portée à l’insécurité et à la violence des gangs. Si les animateurs affirment ne pas inviter directement les chefs de gangs pour promouvoir leurs activités criminelles, cette possibilité n’a jamais été complètement écartée, selon certains critiques.
L’absence de dispositions légales claires interdisant ce type de diffusion en Haïti contraste avec les pratiques de certains journalistes étrangers qui, eux, parcourent les fiefs des gangs pour réaliser des reportages ou des interviews. Les animateurs de Boukante lapawol, émission très populaire, dénoncent régulièrement cette hypocrisie, tout en revendiquant le droit à la parole comme justification des interventions controversées de figures telles que « Barbecue » ou « Jeff Gwo-Lwa », notoires caïds de Canaran.
En acceptant de diffuser Boukante lapawol, la direction de Radio Unir FM défie-t-elle ouvertement le CONATEL ? Selon une correspondance adressée à Radio Méga, l’organe régulateur estime que ce programme enfreint les lois haïtiennes. Pourtant, aucune disposition légale n’est évoquée pour expliquer comment Radio Unir peut légalement contourner cette interdiction. Jocelyn Perez, directeur général de Radio Unir FM, et Guerrier Henry, animateur principal de l’émission, semblent prêts à aller à l’encontre des injonctions du CONATEL. Mais à quel prix ?
La question se pose : quels risques encourt Radio Unir FM en refusant d’obtempérer ? Certains dénoncent l’incapacité de l’État à appliquer les sanctions prévues par la loi de manière équitable. Une mesure prise contre un média devrait s’appliquer à l’ensemble des autres acteurs du secteur.
Plusieurs voix, dont celle de Joseph Guyler C. Delva, secrétaire général de SOS Journaliste, se sont élevées pour exiger du CONATEL qu’il revienne sur sa décision, jugée disproportionnée et attentatoire à la liberté de la presse. Cette mesure, selon les observateurs, reflète une dérive autoritaire de l’organe régulateur et soulève des inquiétudes quant à l’avenir du pluralisme médiatique en Haïti.
Joseph Guyler C. Delva, ancien cadre de l’administration Tèt Kale, accusée par certains de tolérance, voire de connivence avec des groupes armés, a qualifié cette décision de grave atteinte au droit fondamental à la liberté d’expression. Pour lui, une telle sanction crée un précédent dangereux pour les médias indépendants, en envoyant un signal clair de contrôle excessif de l’information. Les défenseurs des droits des journalistes pointent une contradiction manifeste entre cette mesure et les principes démocratiques, appelant à une réflexion sur l’équilibre entre régulation et préservation d’un espace médiatique libre et inclusif.
Rappelons que le 22 novembre dernier, le CONATEL avait officiellement ordonné à Radio Méga de suspendre la diffusion de l’émission, en s’appuyant sur les articles 130 et 135 du décret du 12 octobre 1977.
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