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Garry Conille s’est rendu au Kenya pour trouver 600 policiers et a fini lundi par les dénicher en Haïti auprès des VIPs et des courtisans du régime

today2024-10-22 2

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Insécurité : rappel des policiers et soldats affectés à la protection de VIPs

Le Premier ministre de facto, Dr Garry Conille, semblerait effectivement préparer le terrain pour pallier un éventuel échec de l’arrivée des 600 soldats kenyans, annoncés pour novembre, dans le cadre de l’assistance militaire internationale destinée à combattre les gangs en Haïti. L’annonce lundi de la réaffectation des policiers et soldats d’élite du pays suscite un certain nombre de questions quant à la viabilité et à l’efficacité de la stratégie de sécurité adoptée jusqu’à présent.

Analyse des mesures prises : Réajustement stratégique ou simple démagogie ?

Il convient d’analyser cette réaffectation sous deux perspectives. D’une part, cette mesure pourrait être perçue comme un effort légitime de rationalisation des ressources nationales face à la crise sécuritaire qui n’a trop que durer. En réaffectant des policiers et soldats d’élite, actuellement affectés à la protection de personnalités (VIP),, des courtisans du régime Tèt Kale-PHTK des « abolochos« , et à des tâches non prioritaires, vers les zones de conflit, le Premier ministre cherche à réorienter les forces vers les foyers d’insécurité, notamment à Port-au-Prince et dans l’Artibonite. Cela pourrait effectivement renforcer les capacités de lutte contre les gangs fédérés par PHTK.

Cependant, d’autre part, cette décision, prise tardivement et dans un contexte de pressions croissantes, pourrait également être interprétée comme un geste purement démagogique. Le gouvernement se retrouve en effet face à un choix stratégique difficile : compenser une aide internationale hypothétique en maximisant l’utilisation des forces locales, tout en tentant de rassurer la population et la communauté internationale sur son engagement à rétablir l’ordre. Si cette réaffectation vise à faire illusion de contrôle et d’efficacité, elle risque de saper la crédibilité de l’exécutif à long terme.

Une inaction prolongée : Symptôme d’une gestion défaillante ?

Le véritable nœud du problème réside dans le retard apparent à reconnaître et à corriger une répartition inefficace des ressources policières. La question se pose : pourquoi avoir attendu autant de temps pour se rendre compte que les policiers étaient en majorité assignés à la protection des élites plutôt qu’à la sécurité publique dans les zones les plus sensibles ? Cette distribution inégale des effectifs entre la protection des VIP et les commissariats locaux est une problématique connue, mais négligée. La Primature, par exemple, dispose de plus de policiers que plusieurs grands commissariats combinés. Cette situation reflète l’inadéquation des priorités du gouvernement qui, jusqu’à présent, semble avoir privilégié la sécurité de l’élite par rapport à celle de la population en général, en particulier dans les quartiers où la violence des gangs est la plus répandue.

Cette réaffectation massive, si elle est sérieusement mise en œuvre, représente un changement de cap, mais elle constitue aussi l’aveu implicite de l’échec des politiques de sécurité précédentes. Pendant des mois, malgré l’aggravation de la situation, aucune réforme structurelle n’a été entreprise pour redéployer les forces de manière plus efficace.

La stratégie actuelle : un filet de sécurité face à l’incertitude internationale ?

Avec l’incertitude planant sur l’arrivée des forces kényanes, Garry Conille semblerait vouloir anticiper en renforçant les forces locales. Si les 600 soldats ne se déploient pas comme prévu, ce réajustement pourrait être perçu comme une tentative de construire une solution « locale » à un problème profondément enraciné dans le manque de capacités internes de la police et de l’armée embryonnaire haïtiennes. Cependant, cette stratégie est insuffisante sans une réelle réorganisation structurelle de l’ensemble des forces de sécurité. Redistribuer des policiers des unités d’élite vers les zones de combat est certes une action nécessaire, mais elle ne s’attaque pas aux causes profondes de l’inefficacité de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qui souffre de sous-effectifs, d’un manque de formation adaptée, et d’une logistique déficiente.

Comme le souligne un expert en matière de sécurité, « la sécurité ne peut pas se construire sur des solutions temporaires ou des actes de façade. Elle exige une restructuration profonde des forces de sécurité et une révision des priorités gouvernementales ». Si cette réorganisation permet de répondre temporairement à la crise, elle ne pourra garantir une sécurité durable sans une transformation structurelle et une vision à long terme de la gouvernance sécuritaire.

Aujourd’hui, j’ai convoqué en urgence une réunion de haut niveau avec les forces de sécurité nationale et les membres de mon gouvernement afin d’évaluer la situation préoccupante qui prévaut, en particulier à Port-au-Prince et dans la région de l’Artibonite.

J’ai réaffirmé avec fermeté notre position : nous ne céderons aucunement des quartiers stratégiques comme Solino et d’autres zones récemment libérées. La sécurité de nos concitoyens est non négociable.

Par ailleurs, je rencontrerai nos partenaires de la communauté internationale pour souligner l’urgence de renforcer la coopération afin d’appuyer les efforts du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) et des Forces Armées d’Haïti (FADH). C’est ensemble, avec l’appui de nos alliés, que nous réussirons à restaurer l’ordre et à garantir la sécurité pour chaque Haïtien.

Je reste convaincu que notre victoire contre l’insécurité est imminente. Nous ne reculerons
pas.

Fin

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