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Pavel Durov, la chute d’un milliardaire un peu trop libertaire

today2024-08-30 2

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Après l’inculpation du patron de Telegram par la justice française, qui l’estime complice des crimes et délits commis sur sa plateforme, la presse américaine s’interroge sur sa conception maximaliste de la liberté d’expression.

Retour avec WIRED, le grand titre de la tech américaine, sur la saga Telegram et sur ce Pavel Durov allergique à toute forme de contrôle, un laisser-faire qui a fini par énerver un peu partout dans le monde. Trop de contenus douteux, sensibles, criminels, mais partagés sans aucune modération. Bien sûr, il y a l’idéal libertaire : tout est permis, et beaucoup d’opposants, de dissidents, se sont emparés de Telegram pour passer sous les radars de régimes autoritaires, tant et si bien qu’en Iran et en Thaïlande, l’application a fini par être interdite pour des raisons politiques. Mais il y a aussi les polémiques. Pendant le Covid par exemple, lorsque des groupuscules antivax radicaux qui communiquaient sur Telegram ont voulu s’en prendre à des élus allemands. À Berlin, l’attentisme de la plateforme a rendu le ministre de l’Intérieur furieux et provoqué des appels à sa suspension.

Zéro collaboration avec les autorités judiciaires

Le schéma est toujours le même, et c’est aussi ce que les magistrats français reprochent à Pavel Durov : quand la justice lui réclame des infos sur un suspect, veut mettre en place des écoutes téléphoniques ou obtenir les copies de certains messages instantanés, Telegram ne collabore pas. On sait depuis hier soir que Durov va devoir en répondre au pénal.

C’est une décision lourde des juges français, et personne ne sait de quelle manière cette procédure peut aboutir. Mais elle n’est pas si surprenante au regard d’un historique compliqué. Prenez le Brésil, en 2022 : l’application Telegram sera temporairement suspendue pour n’avoir pas répondu à une réquisition judiciaire. Ou l’Espagne, au mois de mars dernier, lorsqu’un juge espagnol accuse Telegram de diffuser certaines images sous copyright sans autorisation, en violation flagrante du droit à la propriété intellectuelle. Le magistrat s’adresse au siège de l’entreprise, situé dans les Iles vierges britanniques, demande des données, mais n’obtient pas de réponse. Le juge finira par taper du poing sur la table en bloquant l’accès à Telegram pendant 24 heures.

La société de Pavel Durov maintient que ses services écartent les contenus illégaux et que l’application respecte les lois européennes, mais le Wall Street Journal démonte ces éléments de langage, rappelant qu’à l’inverse d’autres géants de la tech comme Facebook ou Google, qui emploient des batteries d’avocats et de petites mains pour répondre aux injonctions de la justice, Telegram se contente du service minimum. Et que les réquisitions judiciaires s’accumulent dans la boîte de réception d’une adresse mail, que jamais personne, ou presque, ne consulte au siège de la messagerie instantanée. 

Un mois après le scrutin du 28 juillet, le Venezuela face à la fièvre de la polarisation

Les Vénézuéliens ont vécu leur quatrième chapitre de manifestations pro-démocratie, marqué par la présence à Caracas de la cheffe de file de l’opposition, Maria Corina Machado, sortie de la semi-clandestinité pour participer au rassemblement. La guerre des mots sévit encore et toujours entre deux camps que tout oppose, et parmi les éditoriaux anti-chavistes, lire celui de Juan Manuel Trak dans Tal Cual. Au Venezuela, écrit-il, « la démocratie ? Déformée par un processus systématique de cooptation et de manipulation autoritaire des institutions qui devraient être indépendantes, par une stratégie délibérée visant à concentrer le pouvoir entre les mains de l’exécutif, d’où l’érosion totale de l’autonomie des pouvoirs publics et l’obstruction à la volonté populaire. »

Illustration sous la plume d’El Nacional, qui raconte l’histoire de ces témoins de l’élection : des électeurs, pas forcément proches de l’opposition, qui ont assisté à des bizarreries, c’est le moins que l’on puisse dire, dans leurs bureaux de vote, comme celui-là, ouvert après 18h00 alors qu’il aurait dû fermer, ou cette machine incapable d’imprimer les procès-verbaux de dépouillement. Chronique d’un désastre au terme duquel, un mois plus tard, le Conseil électoral n’a toujours pas publié les résultats bureau par bureau.

En Haïti, l’impasse du Conseil électoral permanent

Avec Frantz Duval, notre confrère du quotidien haïtien Le Nouvelliste, retour sur une « catastrophe annoncée », l’installation du CEP, le Conseil électoral permanent. Le Conseil présidentiel n’est toujours pas en mesure de fixer une date pour la mise en place de cette institution électorale, et plus les jours passent, plus la possibilité d’organiser les élections avant le 7 février 2026 s’éloigne. « Affligeant spectacle offert par les corporations haïtiennes dans leur lutte intestine afin de désigner leur représentant au prochain CEP », fustige dans les pages du Nouvelliste Ricardo Seitenfus, l’ancien représentant spécial de l’OEA en Haïti. « Il serait indispensable que le CEP dispose de capacité technique, de personnel, d’indépendance politique et d’autonomie financière. Rien de cela. »

Le dossier Amériques de Lucile Gimberg : au Panama, la menace environnementale du concentré de cuivre

En octobre et novembre dernier, des milliers de citoyens panaméens avaient manifesté et bloqué le pays pendant plusieurs semaines pour protester contre l’impact environnemental d’une mine à ciel ouvert, la plus grande d’Amérique centrale, située en pleine forêt tropicale.

Ils dénonçaient aussi le caractère abusif, selon eux, du contrat de concession négocié par le gouvernement avec l’entreprise canadienne First Quantum Minerals pour les 20 ans à venir.

La Cour suprême du Panama avait fini par invalider cette concession et le gouvernement d’alors avait décrété la fermeture du site. Mais neuf mois plus tard, 120 000 tonnes de concentré de cuivre, du minerai partiellement traité et préparé pour l’exportation, s’y trouvent encore.

D’après Zorel Morales, le directeur exécutif de la Chambre des mines du Panama, joint par RFI, « généralement, le concentré de cuivre se stocke, dans des cuves fermées comme celles-là, pour un maximum trois semaines. Parce que cette matière peut s’enflammer toute seule et peut libérer des gaz comme le sulfure d’hydrogène et le dioxyde de soufre. »

Pour lui, il y a donc des risques pour l’environnement et la santé. Mais ce concentré de cuivre est bloqué au port parce que l’État panaméen et l’entreprise se disputent la propriété de ces 120 000 tonnes qui valent une petite fortune, 300 millions de dollars, selon Zorel Morales.

Un processus de fermeture au point mort

Le gouvernement de l’époque avait promis une fermeture « progressive et ordonnée » de la mine. Depuis la décision, la filiale panaméenne de First Quantum Minerals assure que les opérations d’exploration, d’extraction et de traitement du cuivre se sont arrêtées. 4 000 travailleurs ont, de ce fait, été licenciés.

Aujourd’hui, le personnel qui reste sur place s’attache à maintenir le site et les infrastructures en l’état.

Mais le processus de fermeture, qui, pour des mines de cette ampleur peut prendre plusieurs années (il faut reboucher l’énorme trou qui a été creusé, stabiliser les sols, contenir les pollutions chimiques, reboiser…) ne semble pas avoir véritablement démarré.

L’entreprise canadienne a entamé des procédures internationales d’arbitrage commercial, qui pourraient obliger le Panama à lui payer des millions de dollars de dédommagement. Elle organise des visites de la mine et des opérations de communication pour tenter de regagner la confiance des citoyens. Et elle affirme vouloir dialoguer avec le nouveau gouvernement, car entre temps un nouveau président, José Raúl Mulino, a été élu au Panama.

Le nouvel exécutif affirme qu’il ne se penchera sur le sujet qu’au début de l’année 2025, car il a d’autres urgences, mais laisse entendre qu’une solution consisterait à rouvrir la mine pour générer l’argent nécessaire afin de payer une fermeture dans de bonnes conditions.

Les militants écologistes, comme Raisa Benfield de l’ONG Panama Durable, dénoncent l’opacité qui entoure l’ensemble de ce processus.

« Je n’ai aujourd’hui aucun document que le gouvernement aurait rendu public pour expliquer comment le plan de fermeture va être exécuté par l’entreprise et évalué par le gouvernement. Ils ne font que se plier aux demandes de l’entreprise, dénonce Raisa Benfield. Ce qui s’apparente à un manque total de respect de notre Constitution, des lois et du peuple du Panama qui a manifesté massivement dans les rues, y compris pour certains au prix de leur vie. »

L’entreprise First Quantum Minerals a vraiment l’intention de fermer sa mine au Panama ? On peut en douter. Sa filiale panaméenne n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’interview. Mais le directeur exécutif de la Chambre des mines du Panama, Zorel Morales – qui semble s’être fait leur porte-parole – est lui très clair : « La mine doit pouvoir rouvrir et opérer jusqu’à ce que les ressources en minerai soient épuisées. » Zorel Morales rappelle le poids économique qu’elle représentait pour le pays, près de 5% du PIB et 75% de ses exportations.

Les opposants à l’exploitation rétorquent que le Panama doit au contraire cesser de détruire et de polluer ses forêts riches en biodiversité et construire sa prospérité sur un développement qui fait un usage durable des ressources naturelles. Avec notamment l’agroforesterie ou le tourisme écologique, sur le modèle du Costa Rica.

Le Journal d’Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

Lever de rideau des Jeux paralympiques avec un gros plan sur Cédric Nankin, un Antillais membre de l’équipe de France de rugby fauteuil.

Écrit par: Viewcom04

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