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Nouvelle-Calédonie : la colère du peuple, « tout est négociable, sauf l’indépendance »

today2024-06-28 5

Nouvelle-Calédonie : la colère du peuple, « tout est négociable, sauf l'indépendance »
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Malgré la suspension provisoire de la loi, les tensions s’aggravent

Publié à l’origine sur Global Voices en Français

Habitants du Vanuatu manifestant leur soutien au peuple Kanak. Capture d’écran prise de la page Facebook Vanuatu Solidarity for Kanaky. Utilisation sous respect de l’article L.122-5 du Code de propriété intellectuelle.

Un mois après l’adoption par l’Assemblée nationale française d’une loi visant à réduire le pouvoir de vote de la population kanak, les tensions sur le territoire Kanaky ne font que s’accroître.

Au moins neuf personnes décédées, 212 policiers et gendarmes blessés, plus de 1000 civils arrêtés, 2700 touristes rapatriés et un total des dégâts estimés à près de 200 millions d’euros. Voilà le résultat des émeutes, des pillages et des incendies engendrés par les manifestations. Selon les estimations plus de 7000 personnes auraient perdu leur emploi.

Dans le but de réduire les tensions dans le pays, Emmanuel Macron s’était rendu sur le territoire le 23 mai 2024. Visite qui n’a pas tenu la promesse des fleurs. En effet, alors que la majorité de la population souhaitait discuter d’une possible décolonisation, mais le Président n’a fait que suspendre provisoirement l’adoption de la loi, en plus d’avoir déployé 3000 soldats supplémentaires dans le but de faire régner l’ordre. Une décision qui contribua un peu plus à la colère des Kanaks.

À LIRE :  Unrest in New Caledonia: ‘The Kanak people’s destiny should not be decided in Europe’ (Troubles en Nouvelle-Calédonie : « Le destin du peuple kanak ne se décide pas en Europe »)

Différents groupes pacifistes ont fortement critiqué la décision du gouvernement d’envoyer encore plus de troupes en Kanaky :

These measures can only perpetuate the cycle of repression that continues to impede the territory’s decolonisation process and are to be condemned in the strongest terms!

The pace and pathway for an amicable resolution of Kanaky-New Caledonia’s decolonisation challenges cannot, and must not continue to be dictated in Paris.

Ces décisions ne font que renforcer un cycle de répression qui empêche le bon déroulé de la décolonisation du territoire. Et il faut les sanctionner dès maintenant !
Le processus convenu à l’amiable d’une décolonisation de la Kanaky Nouvelle-Calédonie ne peut plus, et ne doit plus se décider à Paris.

Ils ont également dénoncé l’hypocrisie du gouvernement et des loyalistes français de blâmer l’entièreté des émeutes sur les mouvements pro-indépendance :

Whilst local customary, political, and church leaders have deplored all violence and taken responsibility in addressing growing youth frustrations at the lack of progress on the political front, loyalist voices and French government representatives have continued to fuel narratives that serve to blame independence supporters for hostilities.

Alors que les forces locales, telles que les politiques ou les clergés, déplorent la violence et assument pleinement la frustration que la jeunesse éprouve face au vide politique, les loyalistes et le gouvernement français ne font qu’alimenter des idées dangereuses, servant uniquement à critiquer et accuser les mouvements d’indépendance d’être responsables de ces violences.

Joey Tau, membre du Pacific Network on Globalisation souhaite rappeler que l’approche violente du gouvernement français avait également résulté en de diverses émeutes dans les années 80, poussant à la création d’un accord de paix :

The ongoing military buildup needs to be also carefully looked at as it continues to instigate tension on the ground, limiting people, limiting the indigenous people’s movements. And it just brings you back to, you know, the similar riots that had in before New Caledonia came to an accord, as per the Noumea Accord. It’s history replaying itself.

Alors que les mouvements de la population indigène sont de plus en plus restreints, il faut étudier cette militarisation grandissante en détail. Ce genre de décision rappelle justement les émeutes que la Nouvelle-Calédonie a connues avant la création de l’Accord de Nouméa. L’histoire ne fait que se répéter.

Les problèmes rencontrés dans le pays ont été abordés lors d’une conférence du Comité spécial de la décolonisation à l’ONU. Le révérend James Shri Bhagwan, secrétaire général du Pacific Conference of Churches, s’est adressé à l’Assemblée, accusant la France d’ignorer les demandes de ses territoires d’outre-mer :

France has turned a deaf ear to untiring and peaceful calls of the indigenous people of Kanaky-New Caledonia and other pro-independence supporters for a new political process, founded on justice, peaceful dialogue and consensus and has demonstrated a continued inability and unwillingness to remain a neutral and trustworthy party under the Noumea Accord.

La France ignore délibérément les paroles des peuples indigènes de Kanaky, mais aussi celles de tous les défenseurs de l’indépendance, aussi pacifistes soient-elles. Nous avons beau demander la création d’un nouveau système plus juste, ou l’ouverture d’un dialogue de paix, il nous est impossible d’atteindre un consensus. Tant que l’Accord de Nouméa sera en place, le peuple ne pourra jamais faire confiance à un gouvernement soi-disant neutre.

Philippe Dunoyer, l’un des deux députés de Nouvelle-Calédonie à l’Assemblée Nationale, s’est non seulement exprimé sur la situation suite à la dissolution du Parlement et les prochaines élections annoncées par Macron, il a également mentionné les jeux-olympiques de Paris. D’après lui, ces événements pourraient étouffer un peu plus la situation en Kanaky Nouvelle-Calédonie :

Cette période ne permettra probablement pas l’adoption des mesures qui sont très urgentes, très importantes, notamment en termes de redressement économique, de soutien aux acteurs du monde économique, de soutien à notre système de protection sociale et de financement de la Nouvelle-Calédonie

Mélanie Atapo, présidente de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE), s’est également exprimée sur le point de vue des militants pro-indépendance face aux autorités françaises, déclarant qu’« on ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe » et que « tout est négociable, sauf l’indépendance » :

Il est hors de question de cautionner à nouveau un remake de ces accords rétrogrades qui n’ont fait que perpétuer le système colonial et dont on mesure les funestes résultats aujourd’hui à travers la révolte de la jeunesse kanak.

Le Forum des îles du Pacifique a de nouveau exprimé le souhait de ses membres d’œuvrer à la création d’un « espace d’entente dans lequel chaque pays pourrait se rassembler dans l’esprit du Pacifique, et ce, afin de trouver un accord commun qui nous permettra d’avancer ».

Écrit par: Viewcom04

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