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7 février, journée de tous les dangers en Haïti

today2025-02-08 1

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La rumeur enfle depuis plusieurs jours : les groupes armés de la coalition Vivre Ensemble se prépareraient à fondre sur Pétion-Ville, banlieue cossue de Port-au-Prince qui abrite le siège du gouvernement, les ambassades et les organisations internationales.

C’est un jour-clé, parce qu’en Haïti, cette date du 7 février renvoie à la chute de la dictature des Duvalier en 1986, poussés dehors par une insurrection populaire. Les gangs chercheraient à surfer sur ce symbole de l’histoire haïtienne et le Conseil présidentiel de transition à placer la capitale en état d’alerte maximale pour les trois prochains jours.

Les Haïtiens entrevoient malgré tout une lueur d’espoir, car l’administration Trump a levé les doutes et affirmé qu’elle soutiendrait bel et bien la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Au terme d’une importante visite hier (6 février 2025) en République dominicaine, le nouveau patron de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a promis que les États-Unis ne quitteraient pas le navire : « La solution pour Haïti est aux mains d’Haïti, de son peuple, de ses élites. Mais nous allons les aider. Nous allons participer parce que nous ne pouvons pas ignorer les problèmes actuels. Le futur du pays doit être aux mains des Haïtiens. Malheureusement, aujourd’hui une grande partie du territoire est contrôlée par des gangs armés. Il faut faire face à ce danger. Le premier objectif est donc de pacifier cette situation. Et la seule option, c’est la mission qui existe. Nous allons continuer à la soutenir. Mais le cadre de cette mission doit être élargi pour pouvoir éliminer ces gangs. »

En substance, c’est aussi le discours de Luis Abinader à la sortie de son tête-à-tête à Saint-Domingue avec Marco Rubio. On connaît la rhétorique au vitriol du président dominicain au sujet d’Haïti et les tensions politiques et migratoires entre les deux pays. Abinader estime depuis toujours que la crise sécuritaire haïtienne menace les Dominicains, et il s’est plaint hier que trop de gouvernements étrangers restent spectateurs du carnage : « Il n’y a pas de temps à perdre. La situation d’Haïti est une menace pour la sécurité de toute la région, et pour les États-Unis. Chaque jour, le pays est confronté à la barbarie. Haïti se noie. Et pendant ce temps-là, une partie de la communauté internationale observe la gravité de la situation depuis le rivage. Nous savons tous les deux que nos pays ne peuvent pas fuir la responsabilité de faire face à cette situation avec une grande détermination. Dans le cas d’Haïti, la participation des États-Unis est essentielle et irremplaçable ».

Coïncidence : pendant qu’Abinader et Rubio échangeaient à Saint-Domingue, la MMAS accueillait à Port-au-Prince un nouveau contingent de policiers kenyans. 144 agents sont arrivés hier, dont 24 femmes, les premières policières kenyanes à être déployées en Haïti. La MMAS compte désormais environ un millier de membres. Elle récupère aussi trois hélicoptères militaires en provenance du Salvador, qui ont été livrés hier et qui vont servir à l’évacuation des blessés.

 

Le Fort Saint-Joseph, incarnation d’un patrimoine haïtien en déshérence

Notre consœur du média d’investigation en ligne Ayibopost, Lucnise Duquereste, signe un article consacré au Fort Saint-Joseph, qui surplombe la baie du Cap Haïtien, un symbole de la lutte et de la résistance face aux colons français. L’édifice, construit par la France entre 1748 et 1774, « a été repris par les esclaves pendant la période révolutionnaire […] avant de tomber définitivement sous le contrôle de l’armée indigène en 1803, après la bataille de Vertières », rappelle-t-elle.

Ce bâtiment, pourtant classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 20 ans, se dégrade faute d’entretien et les travaux de restauration entamés en 2022 ont été interrompus par manque de moyens. L’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) ne peut intervenir, déplore son directeur général, Patrick Durandisse, qui souligne les contraintes financières et les obstacles logistiques liés à l’insécurité croissante. « Nous comptons aujourd’hui 176 sites et fortifications historiques en danger, voire en péril », alerte le responsable.

Si aucune mesure n’est prise pour assurer la sauvegarde de parc national historique, comprenant la Citadelle Laferrière, le Palais Sans-Souci et le Palais des Ramiers, il risque le déclassement de la liste des patrimoines de l’humanité de l’UNESCO.

 

Le canal de Panama mis en péril par la sécheresse et le changement climatique

Le canal, qui permet de relier les océans Atlantique et Pacifique sans avoir à contourner le continent par le Sud, représente la première source de revenus du Panama. Il repose sur un système de grandes écluses qui nécessitent d’énormes quantités d’eau douce. Chaque transit consomme environ 200 millions de litres d’eau, en grande partie rejetés dans la mer. Pour l’alimenter, deux réservoirs artificiels : le lac Gatún et le lac Alajuela, qui se nourrissent des précipitations et assurent non seulement le fonctionnement des écluses, mais aussi l’approvisionnement en eau potable des riverains.

En 2023, le phénomène météorologique El Niño a provoqué une sécheresse historique et sévère des bassins versants, ces zones qui collectent les eaux pluviales de ruissellement et qui garantissent l’approvisionnement en eau du canal. Le niveau d’eau s’établissait à 1,80 mètre sous la normale, causant ainsi un ralentissement du commerce maritime international et des embouteillages de cargos.

Ces dérèglements se multiplient sous l’effet du réchauffement climatique. Résultat, l’Autorité du canal plafonne le nombre de navires autorisés à traverser, ce qui représente une grosse perte en matière de chiffre d’affaires et entraîne d’importantes conséquences environnementales.

Pour y remédier, le gouvernement panaméen envisage des solutions de court terme : obliger les compagnies à effectuer des réservations pour toute traversée, mettre en place une surveillance accrue des fuites d’eau, ou encore la technique du cross-filing, qui consiste à réutiliser l’eau d’une chambre à l’autre par un système de remplissage croisé, sauvant l’équivalent de la consommation de six transits journaliers (sur une trentaine en moyenne.

À long terme, on parle aussi du projet de barrage Rio Indio, estimé à près d’1,6 milliard de dollars, 840 mètres de long et 80,5 mètres de haut. Il s’agit d’endiguer la rivière Indio toute proche et de relier ce nouveau réservoir au lac Gatún qui alimente le canal en eau, grâce à un tunnel de 8 kilomètre à creuser dans la montagne.

Le président panaméen y semble favorable, mais la population locale rechigne et les experts sont dubitatifs, car ce projet implique des sacrifices. Les vallées fluviales d’El Zaino et de La Arenosa, riches en biodiversité et habitées par des communautés agricoles, seraient submergées. Près de 2 260 personnes devraient être relogées, et 2 000 autres seraient partiellement affectées. Le gouvernement a promis un budget de 400 millions de dollars pour indemniser les familles et les relocaliser, mais la méfiance est palpable.

Une chose est sûre, la dégradation environnementale des bassins versants du Canal du Panama entraîne un ralentissement de l’activité économique déjà fragile du pays – une tendance mondiale, qui rappelle la permanence de l’enjeu de l’eau.

Dossier signé Chloé Balta, à réécouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

 

Russell Vought, une nomination polémique validée par le Sénat américain

Il vient d’être confirmé à la tête d’une agence stratégique : le Bureau américain du budget. Les Démocrates ont tout fait pour saboter le processus, mais ils n’avaient pas les voix. Par 53 votes contre 47, cet idéologue conservateur revient dans le fauteuil qu’il occupait pendant le premier mandat Trump. Pourquoi tant de haine ? Parce que Russell Vought, c’est un partisan de terre brûlée, co-auteur du « Projet 2025 », un catalogue de mesures ultra-libérales et réactionnaires censé servir de référence au Parti républicain. Le New York Times rappelle l’un de ses discours à propos des fonctionnaires fédéraux, en 2023. « Nous voulons, disait-il, traumatiser les bureaucrates. Ce que nous voulons, lorsqu’ils se lèvent le matin, c’est qu’ils n’aient pas envie d’aller travailler parce qu’ils sentent qu’ils sont devenus des pestiférés ». Avec Russell Vought, on s’attend à un énorme plan d’économies, dont la revue Forbes liste les priorités : tailler dans les programmes d’éducation civique, réduire le périmètre du ministère du logement, dépouiller l’assurance-maladie pour les plus démunis et s’en prendre à l’Agence de protection de l’environnement. C’est aussi un défenseur acharné de la fonction présidentielle, qui doit, selon lui, pouvoir passer outre certaines lois votées par le Congrès américain.

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

Rodrigue Petitot, le leader du RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens) dénonce une nouvelle fois les accords signés en octobre 2024 et réclame un nouveau protocole contre la vie chère en Martinique.

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