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52 ans d’attente : le retour d’Haïti en Coupe du Monde, un miracle qui rassemble un peuple brisé

today2025-11-22

52 ans d’attente : le retour d’Haïti en Coupe du Monde, un miracle qui rassemble un peuple brisé
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Il y a des moments qui dépassent le sport. Des moments qui transforment un simple match en symbole national. Cinquante-deux ans après sa première et unique participation à la Coupe du Monde en 1974, Haïti renoue enfin avec l’histoire, au terme d’un parcours marqué par la souffrance, le courage et une foi inébranlable dans la possibilité du miracle.

En 1974, lorsque l’équipe haïtienne de Sanon, Barthélemy et Francillon affrontait l’Italie et l’Argentine en Allemagne, le pays vivait encore sous une dictature, mais le football avait offert une parenthèse d’unité. Le but d’Emmanuel Sanon contre Dino Zoff, sur une passe lumineuse de Philippe Vorbe, avait mis Haiti sur la carte du monde du foot-ball. Depuis, le pays attendait un nouveau chapitre. Une génération après l’autre, les supporters répétaient que « yon jou nou prale ankò ». Mais ce “jou” semblait s’éloigner à mesure que les crises s’enchaînaient.

Aujourd’hui, alors que le pays traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire, violence généralisée, instabilité politique, exode massif, pauvreté aggravée, le retour des Grenadiers sur la scène mondiale apparaît comme un souffle d’air, un rappel qu’il reste encore quelque chose à célébrer, quelque chose qui rassemble.

Pour un peuple qui a trop souvent été défini par la tragédie, ce retour est une victoire morale. Il ne résout pas l’insécurité, il ne reconstruit pas les écoles, il ne guérit pas les blessures… mais il redonne de l’espoir. Un espoir collectif, rare, précieux, presque fragile.

Dans les quartiers populaires de Port-au-Prince, dans les foyers de la diaspora à Montréal, New York, Boston, Paris ou Santiago, la qualification réveille un sentiment longtemps endormi : la fierté d’être Haïtien. La possibilité, l’espace d’un instant, de regarder le monde droit dans les yeux.

Cette équipe a construit son exploit dans un contexte où tout semblait perdu. Jouer loin du pays. S’entraîner sans infrastructures. Représenter un peuple dont plusieurs millions ne peuvent pas suivre les matchs faute d’électricité ou de stabilité. Et pourtant, match après match, ils ont porté ce drapeau bleu et rouge comme un étendard de résistance.

Leur qualification n’est pas seulement sportive : elle est symbolique. Elle dit que malgré la douleur, malgré l’exil, malgré le chaos, Haïti existe encore. Que la jeunesse haïtienne n’a pas dit son dernier mot. Que l’identité nationale peut encore se célébrer sans violence, sans discours qui divisent, sans amertume.

Les Grenadiers ne portent pas seulement les rêves d’un pays, ils portent sa mémoire. Celle des enfants qui jouent pieds nus dans les ruelles. Celle des anciens qui racontent encore 1974. Celle de la diaspora qui soutient depuis des décennies. Celle d’un peuple qui refuse de disparaître.

Le retour en Coupe du Monde n’efface pas 52 ans d’attente. Mais il ouvre un nouveau chapitre. Celui d’une équipe qui, envers et contre tout, rappelle à Haïti qu’elle peut encore sourire. Qu’elle peut encore se tenir debout. Qu’elle peut encore croire en quelque chose.

Dans ce monde qui ne retient souvent d’Haïti que ses blessures, les Grenadiers offrent une vérité plus grande : “Nou la toujou.”

Et cette phrase, à elle seule, vaut toutes les victoires.

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Écrit par: Viewcom04

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