Le Starship d’Elon Musk explose à nouveau : est-il prêt pour la Lune et Mars ?

Le mégafusée Starship de SpaceX a traversé les cieux du Texas avant de perdre le contrôle au moment d’atteindre l’espace, jeudi. Perdant le contact avec les contrôleurs au sol, elle est retombée et a explosé, entraînant la suspension temporaire des vols dans le sud de la Floride. Cet échec, qui fait suite à une précédente explosion en phase d’ascension, soulève des interrogations sur la viabilité du projet.

Chaque lancement de Starship est scruté par l’ensemble du secteur spatial, conscient des enjeux colossaux qu’implique cette technologie. Selon les experts, la course à l’exploitation de la Lune se rapproche et nécessite un Starship pleinement opérationnel. Leroy Chiao, ancien astronaute de la NASA et consultant pour SpaceX, qualifie cette fusée d’ »événement le plus enthousiasmant » depuis l’ère Apollo et la construction de la Station spatiale internationale. Eric Berger, auteur de plusieurs ouvrages sur SpaceX, souligne qu’il s’agit d’une avancée technologique majeure, une version plus imposante et entièrement réutilisable des fusées ayant permis l’alunissage humain.

Si Elon Musk ambitionne d’utiliser Starship pour atteindre Mars, la Lune représente une opportunité commerciale stratégique pour ce lanceur. Conçu pour transporter des charges massives, il pourrait faciliter les missions d’exploitation lunaire. Sa réutilisation intégrale permettrait une réduction drastique des coûts, ce qui favoriserait le développement du tourisme spatial et des activités minières. Plusieurs entreprises, dont Firefly Aerospace et Intuitive Machines, ont récemment démontré leur intérêt en posant des engins sur la surface lunaire afin de tester des technologies essentielles pour de futures opérations.

L’établissement durable de l’humanité sur la Lune nécessitera d’acheminer du matériel conséquent : foreuses, modules d’habitation, systèmes de survie. À cet égard, Starship est un atout majeur. Sa capacité de transport de 100 tonnes métriques sur la Lune surpasse largement celle des fusées Saturn V du programme Apollo. À titre de comparaison, la Station spatiale internationale nécessiterait seulement quatre lancements de Starship pour être intégralement transportée. Cette capacité de levage représente une révolution pour le secteur spatial.

Toutefois, la concurrence s’organise. Blue Origin développe sa fusée New Glenn, susceptible d’embarquer des charges similaires, bien qu’elle soit encore en phase de développement et ne propose qu’une réutilisation partielle. De son côté, la NASA mise sur le Space Launch System (SLS), bien que ce programme souffre de retards et de dépassements budgétaires, au point que son avenir soit remis en question. L’agence américaine a déjà confié à SpaceX la mission de poser les prochains astronautes sur la Lune, renouant avec les ambitions d’exploration humaine interrompues depuis 1972.

Malgré ces perspectives, Starship doit encore faire ses preuves. Si son premier étage Super Heavy a réussi à revenir intact sur Terre, la partie supérieure du vaisseau n’a, pour l’instant, réussi que des amerrissages. L’objectif ultime de SpaceX est d’atteindre une réutilisation rapide et complète du lanceur, ce qui constitue un défi technologique considérable. Le calendrier officiel prévoit un premier alunissage habité en 2027, et Musk envisage un vol habité vers Mars d’ici quatre ans. Toutefois, tant la NASA que SpaceX sont réputés pour leurs projections optimistes, et il est probable que ces échéances soient repoussées.

L’issue du programme Starship demeure incertaine. Il est possible que SpaceX ne parvienne jamais à atteindre la pleine réutilisabilité du lanceur, un facteur essentiel pour rendre les vols spatiaux plus accessibles. Cependant, même en l’état, aucun système de lancement n’a jamais conjugué une telle puissance et une réutilisation partielle. Cette avancée, quelle que soit son issue finale, pourrait profondément transformer le paysage de l’exploration spatiale.

source: Wall Street

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