Pour le prix d’un carnaval, Haïti aurait pu s’offrir quatre hélicoptères pour combattre les gangs : cherchez l’erreur !

L’Edito du Rezo

4 millions de dollars partis en fanfares au lieu d’équiper la police : cherchez l’erreur

Cherchez l’erreur.

Plus de 5 000 morts en 2024. Une hécatombe qui n’émeut plus les palais de la République et d ela Primature, une statistique qui s’ajoute aux bilans macabres de l’inertie d’État. Dans un pays où les gangs ont imposé leur loi, où des quartiers entiers se transforment en zones de guerre, où des familles fuient sous les rafales, le pouvoir continue à se plaindre du manque de moyens pour combattre l’insécurité.

Et pourtant…

Quatre millions de dollars. C’est la somme débloquée pour un carnaval en 2025. Quatre millions de dollars en pleine guerre urbaine, en plein règne des kidnappeurs, en plein effondrement de l’État. Pendant que les balles sifflent, que les cadavres s’empilent, que l’anarchie se normalise, l’argent public coule à flots pour la fête. Sak sanble rasanble.

Quatre millions de dollars, soit le prix d’au moins deux hélicoptères capables de surveiller les quartiers infestés par les gangs. Deux appareils pour quadriller les zones les plus meurtrières, traquer les ravisseurs, soutenir des forces de l’ordre en manque criant de moyens logistiques. Deux hélicoptères qui, en une nuit, auraient pu sauver des dizaines de vies.

Mais l’État haïtien, avec 3 braqueurs de banque en son sein, selon ULCC, préfère les paillettes à la protection.

Dans un pays où les policiers fuient, mal payés, mal équipés, lâchés dans l’enfer des cités et des ‘territoires perdus’ sans aucun soutien, l’argent public n’est pas dirigé vers des gilets pare-balles, des drones de surveillance, des patrouilles aériennes ou des unités d’élite dignes de ce nom. Non. Il est réservé aux festivités, aux flonflons et aux cortèges, comme si la tragédie nationale pouvait être maquillée sous des flots de musique et de déguisements bariolés.

Les chiffres sont pourtant limpides. Pour le prix d’un carnaval, Haïti aurait pu se doter d’au moins quatre Bell 505 Jet Ranger X, des hélicoptères capables de surveiller les déplacements des gangs, d’intervenir rapidement, de reprendre un semblant de contrôle. Au lieu de cela, les gangs circulent en toute impunité, organisent des massacres de masse, kidnappent des familles entières, pendant que l’État prétend être désarmé.

L’indécence est absolue.

L’argent existe. Il n’a jamais cessé d’exister. Mais il est dilapidé, engouffré dans des projets inutiles, absorbé par des fêtes hors-sol pendant que le peuple pleure ses morts. Haïti ne manque pas de moyens : elle manque de dirigeants responsables.

Alors que des milliers de femmes sont violées dans des quartiers sans loi, alors que des centaines d’enfants sont enrôlés de force dans des groupes armés, alors que des policiers tombent sous les balles faute d’équipement, l’État fait la fête.

Cherchez l’erreur.

Ou plutôt, arrêtez de la chercher. Elle est partout, criante, insultante, révoltante. Faut-il encore s’étonner qu’une équipe qui n’a jamais rien gagné continue à perdre ? Ou faut-il enfin admettre que le problème n’est pas le jeu, mais ceux qui tiennent le ballon ? Garder les mêmes acteurs en espérant un miracle relève de l’aveuglement. Changer pour éviter le naufrage est la seule issue.

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