The Fugees | Lauryn Hill et Wyclef Jean à Londres : Le talent brille à l’O2 Arena

Lauryn Hill et les Fugees : La voix reste envoûtante, trois décennies plus tard, mais ils ont été critiqués pour leur retard d’une heure à ce spectacle de lundi soir à Londres

La première surprise fut que Lauryn Hill ait daigné se présenter. La seconde, qu’au O2 Arena de Londres lundi soir, la rappeuse récompensée aux Grammy Awards et ancienne chanteuse des Fugees possède encore la voix soyeuse et le charisme imposant qui ont fait d’elle une star il y a trois décennies – des qualités malheureusement seulement appréciées par les fans assez dévoués pour rester après qu’elle soit arrivée avec 45 minutes de retard.

Hill, aujourd’hui âgée de 49 ans, a toujours été immensément talentueuse : une carrière prometteuse d’actrice adolescente au début des années 90 a cédé la place à un succès mondial avec les Fugees, aux côtés de Wyclef Jean et Pras Michél, avant que son album solo emblématique (et unique), The Miseducation of Lauryn Hill, ne soit publié en 1998. Cet album a fait d’elle la première rappeuse à remporter un Grammy pour l’Album de l’année ; récemment, Apple Music l’a nommé meilleur album de tous les temps. Cependant, elle s’est également fait une réputation de retardataire, et cette tournée, initialement annoncée comme une réunion des Fugees, a été éclipsée par un procès intenté par Michél contre Hill pour fraude et rupture de contrat après l’annulation de la tournée américaine l’année dernière. Le procès allègue également que les Fugees auraient reçu une offre de 3,8 millions de livres pour se produire à Coachella, que Hill aurait refusée sans en informer Michél. (Hill a qualifié cette poursuite de « sans fondement »).

Il n’est donc pas surprenant que les fans londoniens aient dû se passer de Michél. Divisé en deux parties, le spectacle de Hill a débuté par son segment solo avec Everything Is Everything, un appel puissant à l’engagement des jeunes urbains marginalisés ; Final Hour a offert l’occasion d’admirer les talents inégalés de Hill en tant que rappeuse – féroce, rapide, débitant des paroles plus proches de la poésie (« Je vais changer le focus des plus riches aux plus pauvres / J’ai écrit cette œuvre pour inverser l’hypnose ») avec la facilité d’un lauréat du Nobel.

Les morceaux de Miseducation demeurent intemporels : l’angoisse juvénile de Hill est palpable dans chaque vers mordant, sa fusion des genres – hip-hop, reggae, soul, inspirée par des figures musicales telles que Sam Cooke, Marvin Gaye et Nina Simone – reste d’une grande influence. Toutefois, Hill agace par son manque de professionnalisme en tant qu’artiste – une chanteuse armée de chansons cinq étoiles qui semble décidée à livrer un spectacle trois étoiles.

La voir bouder sur scène, tout en criant sur les ingénieurs pour ajuster divers micros et oreillettes (cela sonnait bien depuis le public), laissait un goût amer. À 45 minutes de la stricte limite de 23h imposée par le O2 – et sans que Jean ne soit encore apparu – elle a ensuite accueilli ses deux enfants, Zion et YG Marley (leur père étant Rohan Marley, fils de Bob), pour chanter également. Est-ce que quelqu’un dans le public, ayant déboursé en moyenne 120 £ pour un billet présenté comme une réunion des Fugees, s’y intéressait vraiment ?

À seulement 15 minutes de l’heure du couvre-feu, Jean est enfin entré en scène pour le segment des Fugees. Lui et Hill ont fait de leur mieux pour passer en revue autant de tubes de leur album The Score (1996) que possible : Ready or Not, Fu-Gee-La, leur reprise de Killing Me Softly de Lori Lieberman, agrémentée, de manière assez surprenante, d’une interprétation de Skengman, tube de 2021 du rappeur grime londonien Ghetts, invité spécial. En fin de compte, ce qui aurait dû être une célébration joyeuse de l’un des plus grands groupes de hip-hop – et solistes – de tous les temps s’est transformé en un mélange précipité ; une publicité pour les bienfaits de posséder une montre.

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