PRA | Ce que je pense : Éviter le ridicule

Par Pierre Robert Auguste

L’état d’urgence déclaré dans l’Ouest et l’Artibonite a suscité des attentes quant à des actions intelligentes, pertinentes et efficaces pour mettre en déroute les gangs armés. Bien que la situation soit douloureuse et révoltante, on ne peut s’empêcher de rire avec amertume chaque fois que la débandade et le déculottage des forces de l’ordre face aux attaques ou à la contre-offensive des bandits sont annoncés. Où sont donc les dispositifs de renseignement ? Où est la stratégie ?

Si, par excès d’optimisme, on peut imputer une orientation stratégique aux changements effectués dans les rangs de la PNH et dans l’état-major de l’armée, on ne peut s’empêcher de relever les lacunes dangereuses dont essaient de s’accommoder les dirigeants actuels, leur manque de réalisme et leur propension au faux semblant. Ces dirigeants, influencés par une conception sybaritique du pouvoir véhiculée par cette transition dévoyée de trente ans, basée sur la jouissance des privilèges et l’insouciance des résultats, doivent savoir que le ridicule tue, parfois tragiquement.

Les questions fondamentales aux dirigeants de l’ONU, du Core Group, et de la Caricom sont les suivantes : croient-ils possible de rétablir la sécurité en Haïti sans l’appui d’une force aérienne ? Le CPT et le gouvernement de Conille pensent-ils que les changements opérés, qui semblent purement cosmétiques, parviendront à motiver les troupes sans un système de traitement plus humanisant et sans reconnaître aux militaires leurs droits prépondérants dans la défense nationale ? Le nouveau commandant en chef de l’armée, le Général Derby Guerrier, s’est taillé une bonne réputation. Mais si cette armée n’est pas traitée comme un corps de défense moderne et digne, on ne fera que multiplier les séances de cinéma gratis ti chéri. On sautera du ridicule pour tomber dans le ridicule. Ce qu’il convient d’éviter à tout prix.

Et Conille doit veiller à ne pas devenir le con dans l’île.

Dans le département de l’Artibonite, qui est orphelin de l’État, la DGI ne dispose plus de récépissés aux Gonaïves pour servir les contribuables. Ainsi va péniblement la chronique de la transition à sept têtes + deux crocodiles.

Gonaïves, le 8 août 2024

Pierre Robert Auguste

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