Actualités

L’état d’avancement des progrès de développement d’Haïti à travers le prisme des Objectifs de Développement Durable (ODD) 

today2024-09-28 1

L’état d’avancement des progrès de développement d’Haïti à travers le prisme des Objectifs de Développement Durable (ODD) 
share close

L’état d’avancement des progrès de développement d’Haïti à travers le prisme des Objectifs de Développement Durable (ODD) 

À la recherche d’une meilleure qualité de vie pour tous, les dirigeants de 189 nations et plusieurs organisations internationales étaient réunis au siège de l’ONU en septembre 2000 pour signer la Déclaration du Millénaire qui s’était soldée par la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les OMD, déclinés en huit objectifs majeurs, avaient agité les débats dans les hémicycles académiques ainsi que le cercle des agences internationales en se focalisant sur un agenda multilatéral pour réinventer un monde plus équitable (Sachs, 2012). Les institutions multilatérales reconnaissent que la victoire de la lutte contre la pauvreté et les inégalités ne peut être conquise que si le développement s’attelle à préserver l’écosystème (Stiglitz et al., 2009). Ainsi, à l’échéance des OMD en 2015, le monde a exprimé l’urgence d’un saut qualitatif vers les ODD pour poursuivre les progrès en privilégiant une trame davantage écocentrique. Tout en intégrant les objectifs similaires d’inclusion économique et de promotion de justice sociale inclus dans les OMD, les cibles des ODD sont centrées sur la création d’un monde soutenable où l’accent est constamment mis sur la durabilité environnementale (Trends, 2017). Les ODD suggèrent que les réflexions sur le développement intègrent la préservation de l’environnement en tant qu’un facteur clé du bien-être sociétal (Coscieme et al., 2020 ; Ripple et al., 2017 ). Ainsi, une dizaine parmi les dix-sept objectifs des ODD couvrant la période 2015-2030 sont axés sur le développement durable. Neuf ans après la signature de l’accord sur le développement durable lors de l’Assemblée générale de l’ONU, quels progrès Haïti a-t-elle marqués ? Cet article souligne les méformes des principaux indicateurs économiques et sociaux à la lumière des Objectifs de Développement Durable (ODD). 

Une publication du Programme Alimentaire Mondial révèle que 58 % de la population haïtienne vivent en dessous du seuil de pauvreté (PAM, 2023). L’organisation humanitaire de lutte contre la faim renchérit que quatre enfants sur cinq résidant dans les zones urbaines et quasiment tous les enfants des zones rurales sont privés d’au moins un besoin essentiel. Alors que le PNUD vantait les Objectifs de développement durable (ODD) comme une rare opportunité pour Haïti d’emprunter les sentiers du développement durable, la qualité de vie de la population s’est fortement dégradée au cours de la dernière décennie. Les lentilles de l’Oxfam paraissaient davantage plus fiables en y prévoyant un cocktail explosif puisqu’en plus des défis du changement climatique Haïti fait face à une série de conflits armés (Oxfam, 2021). Ce qui enfonce les inégalités et accroît la vulnérabilité des couches les plus défavorisées. Classée 163e selon l’Indice de Développement Humain (IDH) et accusant un PIB per capita de seulement 1,746 $ en 2022, Haïti demeure la nation la plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes (Banque mondiale, 2023). 

Corruption, pauvreté et inégalités 

Le détournement et la dilapidation des fonds initialement destinés au développement pèsent lourd dans les inégalités sociales et l’asthénie économique du pays. D’une part, la création de richesse est un leurre en dehors de l’érection des infrastructures et des conditions de stabilité (Calderón & Servén, 2014). De l’autre, plusieurs coopérations ont failli à leurs objectifs liminaires en contribuant plutôt à enrichir des groupuscules de l’oligarchie locale et de la flibusterie internationale, exacerbant ainsi les inégalités. Les artisans de la violence économique sont souvent des dirigeants qui se comportent en « entrepreneurs politiques » qui bossent au profit des contrebandiers économiques (Jean, 2019). Tels que documentés dans les sanctions internationales décrétées par l’ONU, les principaux artisans de ce triste tableau criminel sont de puissants politiciens et hommes d’affaires corrompus.

Ce contexte d’une économie criminelle qui chasse les investissements et l’esprit d’entrepreneuriat a entravé la mise en œuvre de nombreux projets porteurs, initialement conçus pour le bénéfice de la collectivité. Le nombre de personnes percutées par la faim a triplé depuis 2016 selon le PAM qui alerte sur une vulnérabilité irréversible du pays. L’atteinte des trois premiers ODD – l’éradication de la pauvreté, l’élimination de la faim et la promotion de la santé et du bien-être – est amplement hypothéquée. L’insalubrité dans les villes et les bidonvilles s’expose dans une puanteur monstrueuse pour aussi démarquer la société de la réalisation de l’ODD6 qui vise à garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement. L’ingénieur Raymond Noël alerte sur un péril fécal de la capitale haïtienne (Nouvelliste #238868).

Dans les quartiers les plus vulnérables de la Capitale, principal foyer de la violence, les familles survivent suivant les caprices des gangs armés qui sèment la terreur sur une bonne partie du territoire (Prince, 2023). Sous prétexte de favoriser la justice sociale, certains bandits opèrent sous couvert d’agents communautaires qui redistribuent à la masse populaire en quête difficile du minimum vital nourriture et argent frauduleusement acquis. N’étant même pas en mesure de se positionner à la base de pyramide de Maslow, cette population vulnérable n’y perçoit pas nécessairement les risques pendant qu’elle sert de bouclier aux bandits. 

Les forces de l’ordre sont affaiblies (Grandmaison et al., 2024) ; les femmes et les filles sont devenues des proies faciles pour ces malfrats qui les violent et certaines fois les assassinent gratuitement. À tous les niveaux de l’éducation, des dommages substantiels ont été enregistrés, réduisant ainsi l’accès et la qualité de la formation académique. D’après l’Indice du Capital Humain proposé par Kraay (2018), un enfant né aujourd’hui en Haïti ne réalisera que 45% de son potentiel de productivité compte tenu de son accès limité à une éducation et des soins de santé de qualité.

Sous les menaces constantes des criminels, plusieurs établissements scolaires, du primaire à l’université, avaient fermé leurs portes avant de boucler convenablement l’année académique (Corgelas, 2023). Mais aussi, le staff professoral des écoles secondaires ainsi qu’au niveau universitaire s’affaiblit par l’exil forcé de la classe moyenne, source principale des cadres qualifiés de la société. Il en résulte des déficits énormes par rapport à l’atteinte des cibles de l’ODD4 qui plaide pour une amélioration de l’offre quantitative et qualitative de l’éducation.

Criminalité, injustice et fuite de cerveaux 

C’est depuis plus de cinq ans que le kidnapping suivi de lourdes rançons a atteint une ampleur démesurée pour appauvrir plusieurs familles victimes de cet épiphénomène charrié par l’insécurité généralisée. Grandmaison et al. (2024) souligne que ce climat de criminalité émane de l’appât du gain facile manifesté par de nombreux acteurs de l’élite économique et politique, compliquant ainsi la recherche de solution. La double mesure de sanctions internationales de l’ONU couplées de l’intervention d’une force internationale demeure utile sur certains plans. En revanche, elle ne produit pas encore les fruits escomptés. La société continue de vivre dans la peur et nager dans une extrême précarité. Le décor s’aggrave dans la mesure où les structures locales et internationales chargées de fournir des aides humanitaires n’ont pas un accès garanti pour se déployer dans les zones les plus vulnérables (Insecurity Insight, 2021). 

La chaîne de la criminalité est d’autant plus complexe que les cerveaux du crime se sont associés à des leaders politiques qui jouissent d’une certaine immunité qui leur confèrent une « éternelle impunité » en dépit de leurs graves forfaits. Depuis des lustres, les principales artères économiques du pays ont été bloquées. Des restrictions au transport, à l’accès aux produits de base, à l’eau et aux services de santé émanent de ce contexte invivable instauré par les gangs. Des goulets d’étranglement y vont avec puisque la garantie de la libre mobilité, qui constitue un facteur essentiel pour le fonctionnement régulier de l’économie haïtienne, en a été sapée. 

À titre d’illustration, les pratiques de prise de risques calculés des « Madan Sara » qui opèrent en des spéculations d’achat de produits alimentaires en province pour les revendre à la Capitale dépendent d’un minimum de sécurité. De surcroît, le négoce inter-pays qui s’approvisionnait dans la Caraïbe dépendait aussi du climat de sécurité en vue de faciliter une redistribution aux commerçants locaux, puis aux détaillants. Pourtant, depuis plusieurs années, la circulation à plusieurs endroits de la région métropolitaine ainsi que le passage d’un département à l’autre s’opèrent dans la césarienne, dans une peur bleue, cassant ainsi le rythme normal de la production agricole et du commerce au pays. 

Un nombre massif de familles et de professionnels incluant des artistes et des chefs d’entreprises ont été décapitalisés, surendettés et finalement contraints de se réfugier à l’étranger.  Cela entraîne une fuite massive de capitaux et de cerveaux car la classe moyenne, majoritairement détentrice du stock de capital humain, en pâtit avec plus de sévérité. Au cours de la dynamique migratoire contemporaine, notamment après le tragique séisme de 2010, le Chili et le Brésil avaient déjà ravi à Haïti une bonne partie de sa jeunesse vive (Amode & Vidal, 2017 ; Joseph, 2019). Le Chili comptait 179,338 immigrants Haïtiens en 2018 (Monsalve, 2020). Récemment, c’est le « Humanitarian Parole » qui vient enfoncer le dernier clou en privant Haïti de sa crème de ressources humaines. Les injustices sociales amplifiées des risques encourus en Haïti ont largement favorisé des fuites vers la république voisine en attendant une destination finale impromptue aux États-Unis.  

Les programmes de migration sélective, vidant le pays de plus en plus de son capital financier et surtout de ses ressources humaines les mieux qualifiées, empirent la situation. Depuis 2007, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement estime que plus de huit Haïtiens sur dix résident à l’étranger (UNCTAD, 2007). L’atteinte de l’ODD8 est gravement hypothéquée puisque la promotion du travail décent et de la croissance économique durable dépend de la stabilité politique et des conditions de création d’entreprises (Stiglitz, 1997). Sans des infrastructures économiques et sociales adaptées, il est difficile de parvenir à des conditions favorables pour atteindre cet objectif. 

Un retour à l’équilibre visant à positionner le pays à un seuil de capital financier tout en le dotant d’un stock de capital humain qualitatif nécessitera incontestablement une fuite inversée des cerveaux et des capitaux. La restitution des fonds du trésor public confisqués à l’étranger devra également participer à insuffler une nouvelle dynamique économique par le renforcement des infrastructures publiques. En son article 14, les provisions de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée sont claires à propos (ONU, 2000). En matière de crime financier transnational et de blanchiment des avoirs, les mécanismes de restitution doivent suivre les mesures de confiscation afin de réparer les victimes du pays d’origine. 

L’effondrement du système judiciaire et la violation du droit des citoyens à circuler librement s’opposent radicalement aux objectifs du seizième ODD, qui prône l’instauration de sociétés pacifiques soutenues par des institutions solides et efficaces. Au lieu de déployer quasiment en vain des soldats d’une force internationale, comme s’ils étaient des touristes, il serait préférable de mettre en place des projets de renforcement institutionnel. En particulier, il faudrait fournir aux forces de l’ordre locales – la Police nationale et l’Armée d’Haïti – les moyens, la formation et les équipements nécessaires afin de rétablir l’autorité de l’État de manière soutenable.

Indicateurs économiques en déclin

Au cours des dernières années – marquées par l’instabilité sociopolitique, l’insécurité et l’exode massif des cerveaux – la situation macroéconomique du pays a subi une dégradation significative. Pendant cinq années consécutives Haïti enregistre une croissance négative du PIB variant de -1.682, en 2022 à -3.306, en 2020 (IHSI, 2023). Les niveaux d’inflation en glissement annuel avoisinant 30 %, couplés des hausses du taux de change, ont significativement réduit le pouvoir d’achat du consommateur.  L’Indicateur Conjoncturel d’Activité Économique (ICAE), qui analyse les principales évolutions du Produit Intérieur Brut (PIB), révèle une récession annuelle de 4 % au premier trimestre de l’exercice 2023-2024 (IHSI, 2024). Cette contreperformance globale est due à la contraction des trois secteurs clés de l’économie. D’octobre 2023 à mars 2024, l’ICAE du secteur primaire – principalement constitué de la branche agricole et des industries extractives – a contracté de 6.6%. Celui du secteur secondaire a régressé de 5.8% et du secteur tertiaire de 2.9%.

Le secteur agricole, marquant une baisse plus importante de 6.7%, continue de subir les effets néfastes des saisons pluvieuses défavorables. Une contraction de 5,1 % a été observée pour le secteur agricole au cours des trois trimestres cumulés de l’année fiscale 2022-2023. La carence de l’irrigation des terres cultivables a certainement participé de la hausse vertigineuse de l’inflation pour le secteur de l’alimentation. Le Coin de l’IPC diffusé par l’IHSI en juillet 2024 illustre une hausse de l’inflation de 30% due particulièrement aux produits de première nécessité (IHSI, 2024, b). Le prix global du riz a en moyenne augmenté en glissement annuel de 55.9 %, celui du maïs de 48.7 % ; du millet de 50.1 %, du citron de 90.7 %, des viandes de 41.7% et de l’huile comestible de 44%. Parallèlement, la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) rapporte qu’en juin 2024, environ 5 millions d’Haïtiens se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë (CNSA, 2024). La CNSA attribue cette situation à plusieurs facteurs, notamment la hausse des prix des produits alimentaires, la faible production agricole, ainsi que le manque d’aide humanitaire dans les régions les plus affectées.

L’acuité des conditions de sécurité alimentaire au niveau national demeure une préoccupation majeure qui n’est toujours pas adressée avec efficacité, nous éloignant ainsi des cibles des objectifs de développement durables. Le pays est de plus en plus dépendant des importations pour assurer l’alimentation de ses habitants. La Plaine de l’Artibonite l’une des principales grainières du pays qui subit violemment la loi des gangs armés illustre les conséquences néfastes de l’insécurité sur l’agriculture. Le rapport du CNSA illustre que le ralentissement économique dû à l’instabilité, l’insécurité et aux effets liés au climat continue de générer des niveaux élevés de faim en Haïti. Dans ce contexte de production et de consommation non régulées, l’ODD 12, qui appelle à des pratiques durables en matière de consommation et de gestion des ressources et des déchets, est loin d’être atteint.

Un paysage écologique fragile

La qualité de l’environnement écologique, englobant l’air, l’eau, le sol et les écosystèmes, imprègne progressivement le paradigme du développement moderne (Dluhopolskyi et al., 2019). Étant donné son impact significatif sur la santé humaine et la qualité de vie globale, la qualité environnementale revêt une importance capitale pour le bien-être. Il s’avère que depuis l’aube de la décennie 1990, les objectifs de minimiser la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles ont été largement débattus. Mais, sans nécessairement marquer des résultats probants. En effet, de nombreux pays avaient pris des engagements pour préserver l’environnement, particulièrement à travers la réduction des émissions du CO2 (Zhang et al., 2017;  Chakravarty et al., 2009). Malheureusement, les engagements pris se sont révélés toujours inefficaces pour arrêter la machine de l’autodestruction de la planète. Les multiples accords signés envers la protection de l’environnement au cours des dernières années n’ont pas été respectés. Plausiblement, le caractère non contraignant de tels accords est à la base du non-respect des promesses de la préservation environnementale. 

Puisqu’un environnement sain est essentiel pour garantir le bien-être global et la durabilité de la société, les dirigeants de la planète ne doivent pas ménager leurs efforts pour atteindre le noble objectif de la sauvegarder. L’atteinte de niveaux élevés de qualité environnementale requiert un effort concerté des individus, des entreprises et des gouvernements afin d’accorder la priorité à la protection de l’environnement et à la durabilité. Pourtant, en dépit des signes déjà alarmants, la hausse des émissions de dioxyde de carbone, les prélèvements d’eau douce, la croissance de la population urbaine et la superficie couverte par les forêts figurent parmi les indicateurs qui inquiètent sur l’avenir de la planète. Des études jugent que l’éthique de l’environnement aurait pu jouer un rôle crucial comme pratique de survie de la planète (Kwiatkowska, 2007 ; Agius, 2007).

Pour ce qui concerne Haïti, de nombreuses catastrophes naturelles (ouragans, inondations, tremblements de terre) ont mis en péril le développement de la production agricole. L’indice mondial des risques climatiques classe Haïti en troisième position parmi les pays les plus affectés par les pertes extrêmes dues au climat au cours des deux premières décennies du millénaire (Eckstein et al., 2021). Haïti est confrontée depuis des lustres à une sévère dégradation environnementale caractérisée par l’occupation anarchique de certains espaces à risque. Parmi les signes d’un environnement anarchique, dénotons l’apparition spontanée de nouveaux quartiers ; le Canaan en constitue un exemple notoire. Il en résulte la prolifération des constructions en dehors de tout cadre légal ou institutionnel ainsi que des gestions inefficaces des déchets. 

Il est évident qu’Haïti s’écarte davantage de la réalisation des ODD13, ODD14 et ODD16 qui portent sur la protection et la préservation de l’environnement. Pourtant, il existe un ensemble d’instances et de lois établies dont le but consiste à protéger le cadre physique dans lequel évoluent les populations. Le pays est particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles ainsi qu’aux catastrophes d’origine humaine, lesquelles sont constamment aggravées par les impacts du changement climatique.

Conclusion

Les principes des Objectifs de Développement Durable (ODD) ont été conçus pour améliorer la cohérence des politiques nationales et sectorielles tout en favorisant la coordination entre les institutions gouvernementales et les acteurs du développement. Les ODD sont censés générer des opportunités grâce à la réalisation de projets importants destinés à soutenir les objectifs de développement. Ce nouveau paradigme du développement, axé sur l’éradication de la pauvreté de manière soutenable, fait la promotion de la durabilité environnementale en abordant des problématiques telles que la dégradation de l’environnement et le changement climatique. 

Dans la classe pays inscrits pour s’aligner aux directives des ODD, Haïti se comporte en très mauvais élève. Deux déficiences majeures amplifient l’écart entre les résultats escomptés et les cibles : i) l’insécurité causant une diminution des supports techniques et financiers au secteur agricole et ii) les aléas environnementaux. De surcroît, le contexte sociopolitique délétère qui prévaut en Haïti cause un vacuum de gouvernance légitime qui empêche de satisfaire les contraintes des ODD. En effet, la mise en place de la stratégie du Cadre Intégré National pour le Financement du Développement Durable d’Haïti (CINF-ODD) n’a pas produit des résultats tangibles. Le financement et la mise en œuvre de la feuille de route des Objectifs de Développement Durable (ODD) demeurent un défi de taille pour la République d’Haïti. 

Haïti traverse actuellement une grave crise humanitaire résultant d’une série de chocs sociopolitiques dont la première remonte à 2017. La population subit des exactions de la part de groupes armés et violents, notamment des enlèvements, des violences sexuelles, et d’autres formes de prédation. L’insécurité s’est exacerbée ; l’économie est paralysée ; les Haïtiens sont privés des services essentiels. D’une part, ces indicateurs fournissent une image de la méforme multifacette du pays, notamment dans des domaines comme l’éducation, la santé et la réduction de la pauvreté. De l’autre, ils mettent en évidence les actions nécessaires pour accélérer la croissance durable et améliorer les conditions de vie de la population haïtienne selon les vœux des ODD. 

Une piste de solution favorable aux sociétés pays moins avancées pour qu’ils convergent vers l’atteinte des ODD consisterait à assurer des suivis géopolitiques allant dans le sens de la justice transnationale et du codéveloppement. L’instauration d’un mécanisme célère de restitution des richesses des pays industrialisés vers les pays exploités devient essentielle. Cela permettrait de diminuer les inégalités tout en fournissant les ressources nécessaires pour renforcer les infrastructures et générer de la richesse, par le biais des approches économiques inclusives.

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

Personal Webpage

Référence

  1. Amode, N., & Vidal, D. (2017). Les migrants haïtiens au Chili face au marché du travail. Regards réflexifs d’acteurs à la marge.
  2. Agius, E. (2007). Vers une perspective intergénérationnelle. Ethiques de l’environnement et politique internationale, 99.
  3. Calderón, C., & Servén, L. (2014). Infrastructure, growth, and inequality: An overview. World Bank Policy Research Working Paper, (7034).
  4. CNSA (2024). Analyse IPC de l’insécurité alimentaire aiguë mars – juin 2024.
  5. Corgelas, A. (2023). Impacts de l’insécurité sur le fonctionnement des écoles dans les quartiers urbains «chauds» à Port-au-Prince entre 2018 et 2022. Études caribéennes, (56).
  6. Coscieme, L., Mortensen, L. F., & Donohue, I. (2021). Enhance environmental policy coherence to meet the Sustainable Development Goals. Journal of Cleaner Production, 296, 126502.
  7. Dluhopolskyi O., Koziuk V., Yuryi Ivashuk Y., Klapkiv Y. (2019). Environmental Welfare: Quality of Policy vs. Society’s Values. Problems of Sustainable Development vol. 14, no 1, 19-28.
  8. Eckstein, D., Künzel, V., & Schäfer, L. (2021). The global climate risk index 2021. Bonn: Germanwatch.
  9. Grandmaison Romain Le Cour, Oliveira Ana Paula, Herbert Matt (2024). Haiti’s Gang Crisis and International Responses. Global Initiative Against Transnational Organized Crime, Geneva, CH-1202 Switzerland.
  10. IHSI (2024. a). L’Indicateur Conjoncturel d’Activité Économique (ICAE). Deuxieme trimestre 2024.
  11. IHSI (2023). Comptes nationaux. Les comptes économiques en 2023. 
  12. IHSI (2024. b). Le coin de l’IPC « L’indice des prix à la consommation en juillet 2024 ».
  13. Insecurity Insight (2021). « Haïti : Rapport de situation de Vigil Insight au 30 septembre 2021 ». Suisse : Vigilance Insécurité.
  14. Joseph, H. (2019). Mobilité transfrontalière haïtienne au Brésil: kongo, vyewo et dyaspora. Recherches Haïtiano-Antillaises.
  15. Kraay, A. (2018). Methodology for a World Bank human capital index. World Bank Policy Research Working Paper, (8593).
  16. Kwiatkowska, T. (2007). Éthique de l’environnement: Une pratique pour la survie de la Planète. Éthiques de l’environnement et politique internationale. Paris, Éditions UNESCO, 179-207. 
  17. Monsalve, P. I. (2020). Us and them: the challenges of Haitian immigration in Chile. International Journal of Humanities and Social Sciences Invention, 9(12), 26-35.
  18. ONU (2000). Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et protocoles s’y rapportant. New York.
  19. ONU (2015). Objectifs du Millénaire pour le développement. Rapport annuel, New York.
  20. PAM (2023). Rapport succinct de l’évaluation du plan stratégique pour Haïti (2018–2022).
  21. Prince, N. (2023). L’insécurité dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et la déterritorialisation du quartier de Martissant (Haïti). Études caribéennes, (55).
  22. Ripple, W. J., Wolf, C., Newsome, T. M., Galetti, M., Alamgir, M., Crist, E., … & 15,364 Scientist Signatories from 184 Countries (2017). World scientists’ warning to humanity: a second notice. Bioscience, 67(12), 1026-1028.
  23. Sachs, J. D. (2012). From millennium development goals to sustainable development goals. The lancet, 379(9832), 2206-2211.
  24. Stiglitz, J. E., Sen, A., & Fitoussi, J. P. (2009). Report by the commission on the measurement of economic performance and social progress.
  25. Stiglitz, J. E. (1997, April). The role of government in economic development. In Annual World Bank Conference on Development Economics (Vol. 1996, pp. 11-23). Washington DC: World Bank.
  26. Trends, G. (2017). Challenges and opportunities in the implementation of the Sustainable Development Goals. United Nations Development Programme & United Nations Research Institute for Social Development.
  27. UNCTAD (2007). The Least Developed Countries Report. Knowledge, technological learning and innovation for development. Palais des Nations, Geneva.
  28. Zhang, X., Zhao, X., Jiang, Z., & Shao, S. (2017). How to achieve the 2030 CO2 emission-reduction targets for China’s industrial sector: retrospective decomposition and prospective trajectories. Global environmental change, 44, 83-97.

The post L’état d’avancement des progrès de développement d’Haïti à travers le prisme des Objectifs de Développement Durable (ODD)  first appeared on Rezo Nòdwès.

Écrit par:

Rate it

Articles similaires

Actualités

Mission en Haïti : Le Kenya en attente de remboursement après 2,1 milliards de Ksh ($15,8 millions) dépensés

Tweet Kenya défend les dépenses de 2,1 Milliards de Ksh pour la Mission en Haïti alors que l’ONU fait face à des défis financiers. Concernant le déploiement du contingent de 600 policiers kenyans supplémentaires, annoncé par l’ex-Premier ministre Garry Conille pour novembre, aucune information publique récente ne confirme leur arrivée […]

today2024-11-22 1


0%