Italie. Leslie Voltaire : Les projets de l’administration Trump seront « catastrophiques » pour Haïti

Quel plan est le plus catastrophique pour Haïti que d’accepter d’imposer une Constitution déjà rédigée pour éliminer celle que des millions ont ratifiée en 1987 ?

Le président du conseil présidentiel transitoire d’Haïti, Leslie Voltaire, a exprimé de vives inquiétudes quant aux récentes politiques de l’administration Trump à l’égard d’Haïti, qualifiant leurs conséquences de « catastrophiques ». Ces mesures, qui incluent le gel des programmes d’aide, l’expulsion des migrants et le blocage des réfugiés, risquent d’aggraver considérablement la situation déjà critique du pays.

Dans une interview accordée à l’Associated Press à Rome après une rencontre avec le pape François, Voltaire a souligné l’urgence de la situation. « Je frappe aux portes de ceux qui aiment Haïti. Le pape aime Haïti et il est prêt à aider », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de l’appui international pour faire face aux défis du pays.

Lors de cette rencontre, Voltaire et le pape François ont discuté de la crise humanitaire et des violences généralisées qui frappent Haïti. Les gangs contrôlent de vastes zones du pays, causant des pertes humaines et forçant plus d’un million de personnes à fuir leur domicile. La moitié des 11,4 millions d’habitants du pays souffre de la faim, et la suspension de l’aide humanitaire pourrait aggraver cette situation.

Voltaire a déploré l’absence d’empathie de l’administration Trump, rappelant les propos dénigrants tenus par l’ancien président à l’encontre d’Haïti en 2018. Il a également souligné les défis liés aux expulsions massives de la République dominicaine, qui épuisent les ressources limitées du pays.

Le dirigeant intérimaire a attiré l’attention sur la situation précaire des 1,5 million d’Haïtiens vivant aux États-Unis, dont 150 000 bénéficient du statut de protection temporaire. Il a averti que les expulsions de masse promises par Trump mettraient à genoux les infrastructures déjà fragiles d’Haïti.

Un rapport récent de l’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies révèle que les déplacements internes en Haïti ont triplé au cours de l’année écoulée, en grande partie à cause des violences perpétrées par les gangs. Cette crise du déplacement, combinée à l’insécurité alimentaire et à l’effondrement des services de santé, illustre l’urgence d’une intervention internationale.

Malgré ces défis, Voltaire reste optimiste quant à l’avenir du pays. Son gouvernement transitoire est chargé de conduire Haïti vers des élections générales d’ici novembre, un objectif qu’il juge réalisable avec le renforcement de la force de police multinationale opérant dans le pays.

Le Kenya a pris la tête des déploiements avec plus de 600 agents. D’autres renforts sont venus du Guatemala et du Salvador, mais les effectifs actuels, environ 750 agents, restent insuffisants par rapport à l’objectif de 2 500. Voltaire s’est dit confiant dans la promesse du Bénin d’envoyer 2 000 soldats supplémentaires, ce qui pourrait aider à restaurer la stabilité et à organiser les élections.

Haïti est à un tournant, son peuple subissant les conséquences de l’instabilité politique, de l’effondrement économique et de l’abandon humanitaire. L’appel de Leslie Voltaire au pape François et à la communauté internationale rappelle avec force que seule une solidarité globale peut atténuer cette crise qui, sans intervention, pourrait avoir des répercussions dévastatrices pour le pays et la région.

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